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L'OMS fait son mea culpa dans la lutte contre l'Ebola

Dr Peter Piot, le scientifique qui a co-découvert le virus d'Ebola, a reconnu en entrevue avec l’Associated Press que l’OMS avait réagi trop tardivement dans la crise causée par la propagation du virus Ebola en Afrique.

Dr Peter Piot, le scientifique qui a co-découvert le virus d'Ebola, a reconnu en entrevue avec l’Associated Press que l’OMS avait réagi trop tardivement dans la crise causée par la propagation du virus Ebola en Afrique.

Photo : David Azia

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a reconnu vendredi avoir commis des erreurs dans sa lutte pour tenter de contenir le virus de l'Ebola en Afrique de l'Ouest. 

« Presque tous ceux impliqués dans la réponse à l'épidémie ont raté des choses évidentes », affirme une ébauche d'un document interne obtenue par l'Associated Press.

Le document estime que les experts auraient dû comprendre que les méthodes traditionnellement utilisées pour freiner une épidémie seraient futiles dans une région aux frontières poreuses, où les systèmes de santé sont fragiles.

L'agence onusienne admet que sa propre bureaucratie a été problématique et rappelle que ses directeurs nationaux en Afrique sont des « nominations politiques ». Le directeur de l'OMS en Afrique, le docteur Luis Sambo, ne relève ainsi pas de la patronne de l'agence, la docteure Margaret Chan.

Plus nuisible qu'utile

En juin, un haut dirigeant de l'OMS avait prévenu que plusieurs organisations étaient d'avis que l'OMS était plus nuisible qu'utile dans la lutte contre le virus.

De l'avis du scientifique qui a codécouvert le virus Ebola, le docteur Peter Piot, l'OMS a répondu beaucoup trop lentement, surtout à cause de son bureau africain. « Le bureau régional en Afrique se trouve en première ligne, a-t-il dit. Et ils n'ont rien fait. Ce bureau n'est vraiment pas compétent. »

M. Piot, le directeur de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, se demande aussi pourquoi l'OMS a eu besoin de cinq mois et 1000 morts pour déclarer que l'Ebola était une urgence sanitaire internationale.

Un bilan croissant

Vendredi, le bilan établi par l'OMS s'établissait à 4546 morts sur les 9191 cas recensés en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.

Vingt autre cas, dont huit mortels, ont été identifiés au Nigeria et un non-mortel l'a été au Sénégal. Dans le cas de ce pays, l'OMS estime qu'il est officiellement débarrassé de la fièvre Ebola mais qu'il demeure vulnérable.

D'où l'importance de l'aide internationale : vendredi, répondant à la demande du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le Canada a annoncé une enveloppe de 30 millions de dollars pour lutter contre Ebola. Ce montant vient s'ajouter aux 30 millions de dollars déjà annoncés par le gouvernement canadien voilà trois semaines.

« C'est correct et important mais il faut s'assurer que ce qui est annoncé arrive sur le terrain », met en garde le Dr Mandy Kader Kondé, pédiatre et spécialiste des fièvres hémorragiques en entrevue sur ICI RDI. Bien qu'il se félicite de cet apport du Canada, le médecin canadien qualifie cette intervention de « timide ».

« L'implication est importante en termes de volonté, mais comment traduire toute cette volonté sur le terrain, tel est le défi. Cette épidémie est quelque chose de nouveau, autant pour l'Afrique occidentale, autant pour les communautés. »

— Une citation de  Dr Mandy Kader Kondé, pédiatre et spécialiste des fièvres hémorragiques

Des différences majeures

Dans les années 1990, le Dr Kader Kondé avait travaillé au sein de l'OMS à combattre le fléau du virus Ebola en République démocratique du Congo. D'une épidémie à une autre, l'ennemi à vaincre est le même mais les conditions sont fort différentes, explique en substance le médecin : la RDC se trouve en Afrique centrale où les routes ne sont pas aussi développées qu'en Afrique de l'ouest.  

Le médecin explique : « De Kikquit à Kinshasa, route longue de 600 km, on mettait trois jours. Alors qu'en 24 heures vous passez de Bamako à Conakry, ou de Bamako à Ouagadougou. Le trafic est plus intense, les mouvements sont plus importants et les communications interpersonnelles. Ce sont des choses qui sont très importantes et qui donnent une nouvelle dimension [à la crise actuelle] ».

Sous-estimer la menace

Commentant le dur bilan établi vendredi par l'OMS sur le travail de ses troupes, le Dr Kader Kondé se garde de parler d'incompétence, préférant affirmer qu'on a peut-être sous-estimé l'ampleur des ravages que pouvait causer la fièvre hémorragique Ebola. 

« Vous êtes dans des conditions difficiles, comme la Guinée, parfois sans eau ni électricité, les éléments de base de l'hygiène manquent, le système est faible. Prenez les personnes les plus compétentes dans un système de santé faible et vous allez être faible aussi. Le contexte est important, il faut tenir compte de ça. »

— Une citation de  Dr Mandy Kader Kondé, pédiatre et spécialiste des fièvres hémorragiques

Selon ce médecin canadien il faut, en Afrique, mettre l'accent sur les médicaments et les vaccins de même que sur la surveillance des maladies. Il faut, dit-il, renforcer la capacité des systèmes de santé africains. « C'est bien qu'on vienne nous aider mais il faut nous apprendre à pêcher », affirme le Dr Mandy Kader Kondé.

Fièvre des prix alimentaires dans les pays touchés par Ebola

En Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, les trois pays les plus touchés par l'épidémie de fièvre Ebola, le Programme alimentaire mondial (PAM) dit avoir constaté une hausse moyenne de 24% des prix des denrées alimentaires. Conséquence : certaines familles se contentent d'un seul repas par jour.

À Monrovia, capitale du Liberia, les prix du manioc et du riz importé, les denrées de base, ont grimpé de 30%, selon la porte-parole du PAM, Elisabeth Byrs.

« Les semis et les récoltes sont perturbés avec pour conséquences des approvisionnements alimentaires encore plus difficiles. Le risque est élevé que les prix continuent à augmenter pendant la saison de la récolte », a expliqué Mme Byrs.

Avec les informations de Associated Press, et Reuters

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