Faillite à La courte échelle

Des livres publiés par La courte échelle
Photo : Facebook/La courte échelle
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les éditions La courte échelle, qui font partie du paysage littéraire québécois depuis plus de 35 ans, se sont placées sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.
L'avis de faillite de l'entreprise a été publié vendredi après-midi. Plus tôt cette semaine, Le Devoir avait fait état des difficultés de l'entreprise, dont les activités ont cessé depuis le 23 septembre et dont le personnel a été mis à pied.
La présidente de la maison d'édition, Hélène Derome, nous a expliqué plus tôt par téléphone cette semaine qu'elle cherchait des fonds pour sortir l'entreprise de cette mauvaise passe financière.

De gauche à droite : Geneviève Thibault, Marie Hélène Poitras et Hélène Derome, en pleine discussion sur l'édition au Salon du livre de Montréal en 2012.
Photo : Radio-Canada
Elle se disait peu optimiste quant à une aide du gouvernement, qui lui accorde déjà plusieurs crédits d'impôt, et cherchait plutôt un partenaire financier prêt à investir.
Quelques lecteurs fidèles se seraient manifestés sur les réseaux sociaux, se disant prêts à contribuer financièrement au sauvetage de l'entreprise, mais, selon Mme Derome, cela prendrait plus qu'une campagne de financement socioparticipatif pour sauver La courte échelle.
Les éditions La courte échelle possèdent un catalogue de près de 700 titres, aussi bien en littérature jeunesse, avec des auteurs phares comme Élise Gravel, Annie Groovie, Marianne Dubuc et Marie Hélène Poitras, qu'en littérature pour adultes (Chrystine Brouillet, Stanley Péan, André Marois).
Quelles conséquences pour les auteurs?
C'est une grande tristesse pour tous les amoureux de la littérature.
Du côté de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), on entend s'assurer que les auteurs pourront récupérer leur dû.
Une soirée d'information avec des conseillers juridiques sera d'ailleurs organisée à leur intention dans les jours qui viennent.
La littérature jeunesse : un milieu malgré tout dynamique
Mme Bergeron, adjointe à la direction générale de l'UNEQ, espère toutefois, comme Mme Derome, que La courte échelle trouvera un racheteur. Selon elle, le milieu de l'édition au Québec est dynamique, particulièrement dans le domaine de la littérature jeunesse.
Selon le bilan du marché du livre au Québec, publié par la société de gestion de la Banque de titres de langue française, le milieu se porte en effet plutôt bien, et la littérature jeunesse trône au sommet des ventes.
Le tirage moyen d'un livre jeunesse est d'ailleurs, selon l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), de 5000 exemplaires, plus du double de celui d'un roman (2000).
L'organisme Communications jeunesse, qui fait la promotion de la littérature jeunesse et de la lecture en français au Canada, confirme que la littérature jeunesse est un marché prolifique : chaque année, entre 650 et 750 ouvrages jeunesse lui sont envoyés par quelque 75 éditeurs.
Mais selon les chiffres de l'ANEL, un éditeur ne commence à faire du profit qu'à partir du deuxième tirage (donc, pour un livre jeunesse, après avoir vendu plus de 5000 exemplaires), et la part des ventes qui revient à l'éditeur est de 13 % en moyenne (contre 40 % pour le libraire, 17 % pour le distributeur, 20 % pour l'imprimeur et 10 % pour l'auteur).