Mission canadienne contre l'EI : les députés votent ce soir

Thomas Mulcair lors du débat sur la mission canadienne contre l'État islamique aux Communes.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La motion sur l'intervention de l'armée canadienne contre le groupe armé État islamique (EI) sera mise aux voix ce soir, à 20 h 30, à la Chambre des communes.
Le chef de l'opposition officielle, Thomas Mulcair, a déploré le flou entretenu dans la motion conservatrice quant à d'éventuelles frappes aériennes en Syrie. Il a d'ailleurs reproché au gouvernement de Stephen Harper de collaborer avec le président Bachar Al-Assad, qu'il a qualifié de « génocidaire maniaque ». Selon lui, le Canada cautionne un régime sanguinaire en sollicitant son consentement pour mener des raids sur son territoire.
Comme amendement à la motion déposée vendredi dernier par le premier ministre, Thomas Mulcair propose une mission d'une durée pouvant aller jusqu'à trois mois, au lieu de six mois, et qui se limiterait essentiellement à « un appui militaire en matière de transport des armes » et en un renforcement de l'aide humanitaire en prévision de la saison hivernale.
Il pense qu'une contribution de cette nature, excluant une intervention militaire, est possible. À preuve, les exemples de l'Italie, de l'Allemagne et de la Norvège.
En outre, l'opposition officielle réclame que le gouvernement obtienne l'appui de la Chambre des communes pour toute intervention en Syrie, et qu'il présente un rapport mensuel sur les coûts de la mission.
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Tout droit vers le Rubicon
Le porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, Marc Garneau, a prévenu les parlementaires que « le premier ministre nous mène vers le Rubicon » en préconisant une mission de combat.
« Une fois qu'un pays a pris cette décision, il n'y a pas de retour en arrière. [...] et nous savons tous que ce conflit est susceptible de durer longtemps », a lancé M. Garneau
Comme les néo-démocrates, les libéraux s'inquiètent du fait qu'il n'existe pas de moyen de limiter le rôle du Canada dans le conflit, une fois que celui-ci sera engagé.
Une aide canadienne de 10 millions $

Le ministère des Affaires étrangères, John Baird, a ouvert le débat sur la mission canadienne contre l'État islamique aux Communes.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Ouvrant la période des débats, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, s'est attardé sur la nécessité de lutter contre cette organisation extrémiste qui crée « les conditions propices au lancement d'attaques sophistiquées à l'étranger ».
Il a fait un plaidoyer en faveur de l'option interventionniste, qui serait doublée d'une aide humanitaire, a-t-il précisé.
Le ministre a d'ailleurs annoncé une aide canadienne de 5 millions de dollars pour les victimes de violences sexuelles en Irak ainsi qu'une autre enveloppe de 5 millions pour financer une enquête visant à poursuivre en justice les auteurs de crimes sexuels sur le territoire contrôlé par le groupe armé EI.
Le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires étrangères, Paul Dewar, a salué cette aide humanitaire, mais il a exprimé son inquiétude quant à la motion des conservateurs qui, selon lui, ouvre la porte à de possibles frappes aériennes en Syrie.
Hillary Clinton prône la neutralité
Les États-Unis accueilleront favorablement la décision canadienne de prendre part ou non à la guerre contre les terroristes de l'EI, a déclaré lundi l'ex-secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton.
De passage à Ottawa, elle a affirmé que le Canada a été un « allié indispensable » par le passé - en référence à la mission en Afghanistan - et elle a souligné que la lutte contre l'EI serait de longue haleine. Mme Clinton estime que cette bataille sera aussi celle de l'information, car le groupe armé est très actif sur les réseaux sociaux.

Un chasseur CF-18 de l'armée canadienne ravitaillé lors d'un exercice.
Un vote ce soir
Le vote sur la motion des conservateurs, initialement prévu pour lundi soir, aura finalement lieu mardi soir. Les libéraux et les néo-démocrates ont déjà fait savoir qu'ils n'appuieront pas l'initiative, mais comme les conservateurs sont majoritaires à la Chambre des communes, la motion devrait être adoptée.
Le gouvernement a annoncé qu'il considérerait ce vote comme un vote de confiance, qui, théoriquement, pourrait provoquer sa chute et le déclenchement d'élections s'il est perdu.
Le gouvernement conservateur souhaite déployer 6 avions de chasse et 600 militaires au Moyen-Orient, pour une durée maximale de 6 mois.
Une équipe des Forces canadiennes est déjà sur le terrain pour préparer l'arrivée des troupes. La base à partir de laquelle seront menées les opérations de ces militaires n'a pas été rendue publique.
La mission de combat, qui exclut toute attaque terrestre, sera coordonnée avec les alliés. Les frappes aériennes viseront pour l'instant les zones contrôlées par l'organisation extrémiste en Irak.
Le gouvernement n'a pas dévoilé le coût de ces frappes aériennes ni celui de l'envoi, en septembre, de conseillers militaires en Irak pendant un mois.
