La Suède va reconnaître l'État de Palestine

Photo : AFP / SAIF DAHLAH
La Suède va reconnaître l'existence d'un État de Palestine, a annoncé aujourd'hui le premier ministre suédois Stefan Lofven, à la tête d'un nouveau gouvernement de centre gauche.
« Une solution à deux États nécessite une reconnaissance mutuelle et la volonté de coexistence pacifique. Par conséquent, la Suède va reconnaître l'État de Palestine. »
« Le conflit entre Israël et la Palestine ne peut être résolu que par une solution à deux États, négociée en accord avec le droit international », a déclaré M. Lofven lors de son discours d'investiture au Parlement. Cela doit se faire dans le respect « des exigences légitimes à la fois des Palestiniens et des Israéliens quant à leur autodétermination et leur sécurité », a-t-il ajouté.
Le premier ministre n'a pas précisé si la reconnaissance par Stockholm de l'État palestinien serait soumise au vote du Parlement, où le gouvernement est minoritaire.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du gouvernement israélien s'est refusé à tout commentaire sur l'annonce. De son côté, un négociateur palestinien a déclaré qu'il s'agissait d'une décision « courageuse ».
La Suède « en bonne compagnie »
En entrevue, la nouvelle chef de la diplomatie suédoise, Margot Wallström, a souligné que la Suède était « en bonne compagnie », puisque, dit-elle, 130 pays dans le monde ont déjà reconnu l'État palestinien.
D'après l'autorité palestinienne, ils seraient 134 à l'avoir fait, dont sept membres de l'Union européenne : la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte et Chypre.
Par ailleurs, l'Assemblée générale des Nations unies a approuvé de fait la reconnaissance d'un État souverain de Palestine en 2012, en lui donnant un titre d'« État observateur non membre » de l'ONU. Mais l'Union européenne et la plupart des pays au sein de l'UE ne l'ont pas encore reconnu officiellement.
La reconnaissance de la Suède, pays réputé comme étant un intermédiaire fiable dans les affaires internationales, ne manquera pas de susciter l'attention des autres États membres de l'UE.
Le geste risque aussi d'attirer des critiques de la part d'Israël, ainsi que des États-Unis et de l'UE, qui affirment qu'un État palestinien indépendant ne peut émerger que dans le cadre d'un processus de paix négocié. La porte-parole du département d'État américain, Jennifer Psaki, a d'ailleurs déclaré aujourd'hui que toute reconnaissance internationale d'un État palestinien était « prématurée ».
Au sein de l'UE, quelques pays, comme la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie, ont reconnu l'existence d'un État palestinien, mais ils l'avaient fait avant d'adhérer à l'UE.
Si le gouvernement suédois concrétise son projet, la Suède sera le premier pays à reconnaître un État palestinien en étant membre de l'Union européenne.
La Suède avait voté en faveur du statut d'observateur de la Palestine à l'ONU en 2012, statut qui fut accordé à une imposante majorité malgré l'opposition des États-Unis et d'autres pays. L'année précédente, le pays nordique s'était, en vain, opposé à l'entrée de la Palestine à l'UNESCO.
Les Palestiniens veulent un État indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, qui aurait Jérusalem-Est pour capitale. Les frontières de Gaza sont clairement définies, mais le territoire précis de ce qui constituerait la Palestine en Cisjordanie et à Jérusalem-Est reste à négocier entre Israël et les Palestiniens. Or, ces négociations sont au point mort.