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L'avenir du café en 3 questions

Du café

Photo : iStockphoto

Radio-Canada

Un article publié dans l'édition d'octobre du magazine Scientific American, intitulé Saving Coffee, dresse un portrait inquiétant de la situation du café dans le monde et affirme même que sa culture est en crise.

Un texte de Yanick Villedieu TwitterCourriel des Années lumière

1. Nous buvons beaucoup de café. Pourrons-nous en boire longtemps encore?

Peut-être que non. Le caféier est menacé dans pratiquement tous les pays où l'on cultive ou cueille ses fruits, les cerises de café. C'est d'autant plus inquiétant que le café est l'un des produits agricoles les plus importants au monde. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : des centaines de millions de consommateurs en boivent régulièrement, et de 20 à 25 millions de personnes, surtout des petits producteurs, en vivent dans une cinquantaine de pays d'Amérique latine et des Caraïbes, d'Afrique et d'Asie.

Avec une production de 7,4 millions de tonnes par an et des exportations d'une valeur globale de plus de 15 milliards de dollars, le café serait le deuxième bien d'exportation après le pétrole. Pour certains pays du Sud, il est une source de revenus essentielle. Par exemple, pour l'Éthiopie, d'où cet arbuste est originaire, croit-on, le café représente plus du quart de ses exportations.

Ses principaux ennemis sont : 

  • Les maladies et les insectes. Deux exemples : la rouille du café touche 50 % des superficies plantées en Amérique centrale, entraînant une diminution de la production de 20 %. Puis, la scolyte du grain de café, une maladie originaire d'Afrique qui est maintenant répandue partout dans le monde.
  • La déforestation. Elle cause sa perte d'habitat naturel (Éthiopie, Madagascar, etc.) et réduit les possibilités de cueillette du café sauvage, une plante de sous-bois.
  • Les changements climatiques. Le caféier (variété arabica notamment), est une plante très sensible au climat. Elle pousse à une température optimale de 18 à 21 degrés Celsius, voire un peu plus. Ainsi, si la température moyenne augmente de 2 degrés ou plus au cours des prochaines décennies, de nombreuses régions ne seront plus favorables à la culture du café.  L'arbuste est également sensible au régime des précipitations. Sa culture est affectée par les pluies fortes (Inde, Indonésie) et par la sécheresse (Brésil).

2. Pourquoi le café est-il si fragile?

Première explication : presque toute la production commerciale du café provient de deux espèces du genre Coffea : l'espèce C. arabica, la plus ancienne et la plus cultivée, et l'espèce C. canephora, qui donne le café robusta. Deux espèces, c'est peu. Surtout que la diversité génétique des caféiers cultivés est étonnamment faible. Pratiquement tous les cultivars de C. arabica proviennent d'une toute petite quantité de caféiers sauvages d'Éthiopie, sélectionnés il y a plusieurs siècles.

Autre explication : le manque de recherche sur le caféier et le café. Scientific American parle même d'une « plante orpheline » sur le plan scientifique. Le café est cultivé par des petits producteurs qui, souvent, grâce au commerce équitable, peuvent en vivre décemment. La production est donc en bonne partie artisanale, mais le revers de la médaille, c'est qu'il n'y a pas eu d'investissements à grande échelle en recherche.


3. La science peut-elle (encore) sauver le café?

Un petit nombre de scientifiques, par exemple ceux qui se sont réunis dans le World Coffee Research, s'intéressent au café et à sa culture. On peut y aller d'interventions simples. Par exemple, échanger des variétés d'un pays ou d'un continent à l'autre, pour trouver celles qui réussiraient le mieux ici ou là. Mais ce sera insuffisant pour « sauver le café », car les variétés commercialement cultivées ont très peu de diversité génétique.

D'où la nécessité d'aller plus loin, notamment en explorant le patrimoine génétique naturel des espèces sauvages de caféiers. On pourrait ainsi identifier des gènes de résistance aux maladies, à la température élevée, à l'humidité excessive ou à la sécheresse. Cela permettrait de créer des hybrides plus productifs et mieux adaptés aux nouvelles conditions de culture.

Mais c'est une course contre la montre : les variétés sauvages de caféiers sont elles-mêmes menacées, en Éthiopie ou ailleurs sur la planète.

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