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Rien pour les patients dans la réforme Barrette, dénoncent les syndicats

Le ministre Gaétan Barrette présente sa réforme prévoyant l'abolition des agences de santé et leur remplacement par une autre structure. Le reportage de Davide Gentile.

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les syndicats du réseau de la santé accueillent avec beaucoup de scepticisme la réforme proposée par Gaétan Barrette. Ils doutent fortement que la centralisation de la structure aide à améliorer les soins aux patients et s'inquiètent de voir le ministre de la Santé s'arroger autant de pouvoir.

La CSN, la FTQ et la FIQ, qui représentent les infirmières, estiment qu'il ne s'agit que d'une mesure d'austérité de plus mise de l'avant par le gouvernement libéral de Philippe Couillard.

« Il n'y a pas de mesure dans ce projet de loi pour mieux s'occuper des patients, pour mieux soigner. On comprend que c'est un gouvernement d'austérité qui a fait une réforme de comptable et qui ne propose rien pour la qualité des soins. »

— Une citation de  Régine Laurent, présidente Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

« Avec la fusion des établissements régionaux, le ministre ne fera que créer des mammouths administratifs dont la mise sur pied va mobiliser pendant des années les gestionnaires du réseau qui seront davantage préoccupés à se trouver de nouveaux postes que d'améliorer les soins à la population », déplore pour sa part le président de la FTQ, Daniel Boyer.

Les syndicats rappellent que c'est par Philippe Couillard, alors ministre de la Santé, qui a créé les CSSS en 2003, avec la même promesse de régler les problèmes d'accessibilité. 

« Ce n'est pas par de la "structurite" qu'on va régler les problèmes d'accès au système », déplore Jean Lacharité, vice-président de la CSN et responsable des questions de santé.

M. Lacharité craint qu'avec cette nouvelle centralisation, les missions sociales du réseau - les services sociaux - « soient bouffées par les besoins hospitaliers ».

« On ne regroupe pas que les CSSS entre eux, on regroupe aussi autour d'un hôpital les centres jeunesse, les centres de réadaptations en déficience intellectuelle et tout ce qui existe en matière de mission sociale », explique-t-il.

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette  estime pouvoir économiser 220 millions de dollars par année, avec entre autres l'abolition de 1300 postes de gestionnaires. Encore là, les syndicats, comme d'autres experts, doutent que de telles économies soient possibles. 

Damien Contandriopoulos, chercheur à l'Institut de recherche en santé publique de l'Université de Montréal, affirme que le modèle a déjà été testé ailleurs, comme en Alberta, et que les résultats ne sont pas encourageants. « Les économies promises sont très peu probables de se réaliser (et) l'accès aux services n'est probablement pas meilleur après. Mais ça a donné des années de travail, en termes d'efforts, pour donner du sens à la structure », dit-il.

« Si on occupe tous les gestionnaires pendant des années à jouer à la chaise musicale de l'organigramme, (alors ) ces gestionnaires-là n'ont pas de temps pour régler des problèmes concrets d'accès aux services, de dysfonctionnement des services, pour développer les modalités d'accès ou gérer les listes d'attente. »

— Une citation de  Damien Contandriopoulos, chercheur à l'Institut de recherche en santé publique de l'Université de Montréal

À 24|60, Anne-Marie Dussault discute de la réforme en santé avec Damien Contandropoulos, David Levine et Diane Lamarre.

Le ministre prend le contrôle, dénonce le PQ

Le Parti québécois ne croit que cette réforme du réseau de la santé soit profitable aux patients. « On ne voit rien qui va améliorer l'accessibilité. Au contraire, on éloigne le processus de décision des patients et des citoyens », dénonce la porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins, Diane Lamarre.

Mme Lamarre s'inquiète du rôle accru que jouera maintenant le ministre de la Santé. « Le ministre prend littéralement le contrôle du système de santé. Il y a 107 fois le mot ministre dans ce projet de loi, alors que dans la loi précédente, on l'avait 22 fois. Le ministre s'approprie, se confie des pouvoirs multiples à tous les niveaux et enlève à la population la possibilité de traduire la réalité d'une région. »

« Tout va être décidé par le ministre », craint également Jean Lacharité, de la CSN. Il s'inquiète en particulier que le ministre se donne le pouvoir « d'intervenir auprès des établissements pour favoriser la conclusion d'ententes de services ». « Des ententes de services avec qui, des cliniques privées? questionne-t-il. Est-ce que Gaétan Barrette est en train d'ouvrir une porte plus grande vers la privatisation? »

Barrette aura été inspiré par la CAQ, se réjouit Caire

Le CAQ voit dans la réforme Barrette une réponse à ses demandes répétées de réduire la taille de la bureaucratie dans le réseau de la santé. « Le ministre de la Santé a finalement gardé des éléments positifs de son passage à la CAQ qui va bénéficier à l'ensemble des Québécois si l'exercice est mené jusqu'au bout », a estimé le porte-parole du deuxième parti d'opposition en matière de santé, Éric Caire.

Il veut toutefois s'assurer qu'il ne s'agit pas d'« un simple brassage de structure » comme l'avait fait Philippe Couillard, selon lui, en abolissant les régies régionales de santé pour créer les agences il y a dix ans. Il veut voir de réelles économies. 

Le projet de réforme du réseau de la santé en bref 

  • Abolition des 18 agences de santé et de services sociaux de la province;
  • Fusion des 182 centres de santé et de services sociaux (CSSS) qui ne seront plus que 28;
  • Création des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), qui chapeauteront tout le réseau, à raison d'un CISSS pour chacune des 16 régions sociosanitaires du Québec, exception faite de Montréal qui disposera de 5 CISSS.

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