Le gouvernement Harper étudie la possibilité d'envoyer des avions de chasse en Irak

Un soldat canadien regarde un CF-18, à Trapani, en Italie (archives 2011).
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Selon des sources de Radio-Canada, la possibilité que le Canada contribue à la mission internationale en Irak par l'envoi d'avions de chasse CF-18 est sur la table. Cette éventualité sera discutée au Conseil des ministres la semaine prochaine.
Dans son discours à l'Assemblée générale des Nations unies jeudi, c'est du bout des lèvres que le premier ministre Stephen Harper a abordé la guerre contre le groupe armé État islamique (EI) en Irak. « Le Canada continuera de faire sa part dans la mesure de ses moyens », a-t-il dit, préférant pour le reste vanter son leadership pour la santé des mères et des enfants dans le monde.
Mercredi, Stephen Harper a révélé que les États-Unis ont demandé au Canada de jouer un rôle accru dans la lutte que mène la coalition internationale contre le groupe EI. M. Harper n'a pas voulu préciser de quelle nature seraient ces contributions supplémentaires. Le Pentagone a, pour sa part, précisé que le Canada avait demandé plus d'informations sur ce qu'il pouvait faire pour aider le gouvernement irakien. Par la suite, le département de la Défense des États-Unis a envoyé une lettre dans laquelle il indique les domaines dans lesquels le Canada pourrait faire une contribution utile.

Stephen Harper devant l'Assemblée générale des Nations unies.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Cette contribution canadienne a alimenté les débats à la Chambre des communes jeudi. « Combien de militaires additionnels le premier ministre entend-il envoyer? » a voulu savoir le chef du NPD, Thomas Mulcair. « Le gouvernement s'engage-t-il à consulter le Parlement s'il songe à élargir le rôle militaire contre l'État islamique? » a demandé le porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, Marc Garneau.
Les réponses sont demeurées vagues. Les conservateurs confirment seulement qu'il n'y aura pas d'envoi de troupes aux sols. Mais selon nos sources, le gouvernement envisagerait d'envoyer des avions de chasse en Irak.
Pour le moment, le pays a fourni 70 membres des forces spéciales pour aider les troupes de Bagdad à repousser les djihadistes, durant 30 jours reconductibles.
Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a concédé en Chambre jeudi que des frappes aériennes représenteraient une mission de combat et qu'elles exigeraient un vote aux Communes.
Opposition des libéraux et des néo-démocrates
Les libéraux, qui appuyaient jusqu'ici le déploiement de conseillers militaires, s'opposent toutefois à une intervention aérienne. « Nous, on souhaite un rôle militaire de non-combat », a dit le libéral Marc Garneau.
« On croit que c'est important que le Canada joue un rôle plus qu'humanitaire, parce que c'est quelque chose qui concerne la planète en entier, cette menace de l'État islamique. On voit même le fait que des jeunes Canadiens sont allés se joindre à cette force islamique. » Mais les frappes aériennes sont exclues, a-t-il précisé.

Le chef du NPD, Thomas Mulcair.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Pour sa part, le chef de l'opposition Thomas Mulcair remet en question les fondements mêmes de l'intervention militaire en Irak. « Chaque fois qu'un gouvernement tente de convaincre d'aller en guerre, on est capable de montrer des horreurs. Il y a eu des horreurs réelles dans le désert. Décapiter, c'est visible pour tout le monde. De là à savoir si c'est une raison d'amener le Canada en guerre, il y a un pas à franchir. »
Les ministres conservateurs soulignent que le gouvernement fait face à des choix difficiles. Le gouvernement devra déterminer s'il veut prendre le risque politique d'un tel engagement dans une mission potentiellement litigieuse en Irak. Mais aussi s'il a les moyens de déployer des CF-18 en Irak.
Ce n'est pas une décision facile. Ce n'est pas quelque chose que vous faites avec désinvolture. Nous devons tenir compte de la situation, de notre capacité à prévoir. Chaque fois qu'il y a des gens en danger, militairement ou non, vous devez considérer ces éléments. Il s'agit d'une menace pour le bien-être des Canadiens et si nous ne faisons rien maintenant, nous allons devoir faire quelque chose plus tard.
Sur la question des moyens, le professeur en sciences politiques à l'UQAM et spécialiste de la sécurité internationale, Justin Massie, souligne que le Canada « a des ressources limitées en termes d'avions de combat. Plusieurs sont déployés présentement en Europe de l'Est, explique-t-il. Il faudrait possiblement les redéployer au Moyen-Orient, ce qui diminuerait le soutien du Canada à l'Ukraine ».
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Avec les informations de La Presse canadienne