Des souverainistes tirent des leçons du référendum écossais

Le ministre délégué des Affaires intergouvernementales canadiennes Alexandre Cloutier
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Des Québécois aux premières loges du référendum en Écosse ont réagi au résultat du vote qui a vu la nation demeurer au sein du Royaume-Uni. Ils tirent plusieurs leçons de cette journée historique et estiment que la balle est maintenant dans le camp de Londres.
Bon nombre de meneurs souverainistes québécois ont fait le voyage en Écosse, espérant assister à une victoire du oui et à la naissance d'un nouveau pays.
Malgré la défaite du mouvement souverainiste écossais, le député péquiste Alexandre Cloutier voit dans ce résultat l'émergence d'une Écosse plus forte.
« La journée du 18 septembre aura été la plus démocratique dans l'histoire du peuple écossais. Il faut saluer sa maturité, la qualité des débats et tous les efforts qui ont été faits. Il faut parler d'une grande avancée du mouvement souverainiste écossais », a soutenu celui qui était le délégué officiel du PQ en Écosse pour le référendum. Il était notamment accompagné des députés Martine Ouellet, Mathieu Traversy et Pierre Karl Péladeau, qui s'y rendaient à titre personnel.
« Les Écossais ont rejeté le statu quo. Le camp du non a fait des promesses au camp du oui. C'est la fin du premier chapitre, s'ouvre maintenant le deuxième, soit les négociations avec Londres », a tranché M. Cloutier.
Il est par ailleurs inspiré par le mouvement souverainiste, qui a su rallier bon nombre de citoyens et bâtir un élan en seulement quelques mois.
« Il faut se souvenir qu'ils partent d'un point nettement inférieur au nôtre. Ils étaient à 25 ou 35 % d'appuis, il y a quelques mois. Ils ont terminé à 45 % d'appuis, il faut saluer la clarté de la démarche et l'énergie de l'équipe de la grande coalition », a-t-il ajouté.
Londres doit répondre aux attentes
Daniel Turp, qui a été un important membre des forces indépendantistes lors de la campagne de 1995, croit que le référendum écossais fera école. Et il estime que Londres doit respecter ses engagements, au risque de faire face à un nouvel échéancier référendaire.
« Les Écossais attendent des propositions des Britanniques et si ces propositions ne viennent pas et ne respectent pas les engagements, alors que les Écossais recommencent. Les souverainistes n'ont maintenant plus que 300 000 personnes à convaincre. C'est l'écart avec le non », a-t-il indiqué.
Maxime Laporte, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB), a quant à lui décrit les événements des dernières heures comme un « extraordinaire processus d'autodétermination qui jette les bases d'une plus grande autonomie ».
Depuis Édimbourg, il conclut que malgré la défaite, les Écossais étaient maintenant plus forts.
« Ce n'est pas comme une partie de hockey où si on la perd, on perd tout. Ici, c'est la construction d'un État. Les Écossais n'ont pas eu peur de se poser la question nationale et c'est un processus très noble », a-t-il ajouté.
Maturité politique
Le politicologue de l'Université Concordia Guy Lachapelle a aussi assisté au dévoilement des résultats en sol écossais. Il estime que plusieurs apprentissages doivent être tirés du référendum par la classe politique canadienne.
« Les politiciens au Canada doivent regarder l'Écosse avec beaucoup plus d'admiration sur le plan processus et ne pas s'embarquer dans des débats inutiles, par exemple, sur le 50 plus un. Il faut avoir plus de maturité politique, parler des vrais enjeux, en plus de bien organiser le référendum et s'assurer qu'il y ait un processus transparent. »
Celui qui était en Écosse à titre d'observateur international croit qu'une campagne référendaire qui s'appuie sur de telles bases permet de donner une légitimité sans égale au résultat du vote, quel qu'il soit.
« Tout ça donne de la crédibilité au système politique et fait en sorte que les gens ont davantage confiance en la démocratie. »