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Couillard minimise la portée de la déclaration de souveraineté atikamekw

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Radio-Canada

Le premier ministre Philippe Couillard a tenu mardi à minimiser l'importance de la déclaration de souveraineté des Atikamekw sur un vaste territoire en plein coeur du Québec, faite la veille. 

« Si vous regardez le texte de la déclaration, ils demandent beaucoup la cogestion, la collaboration, la consultation, ce qu'on veut faire de toute façon », a déclaré Philippe Couillard. Il a rappelé que jusqu'à nouvel ordre, ce sont les lois du Québec qui s'appliquent sur tout le territoire.

Ces commentaires du premier ministre ont été mal reçus par le Grand Chef atikamekw, Constant Awashish. À l'issue d'une rencontre avec les chefs de Premières Nations avec le premier ministre, il s'est aussi dit déçu des discussions.

« Ça fait 35 ans qu'on négocie, et ça fait 35 ans que ça ne mène nulle part », dit-il d'emblée. Selon lui, le gouvernement doit écouter leurs revendications. « Sinon, on va passer à des actions plus concrètes. On peut aller judiciairement, mais faire aussi des actions concrètes sur le terrain, comme des blocus », dit-il. « On a des manques de financement en éducation, des problèmes de logement. Il y a des besoins [dans les communautés] », ajoute-t-il.

Les Atikamekw estiment que le jugement rendu en juin par la Cour suprême du Canada en matière de droits ancestraux autochtones concernant la Première Nation britanno-colombienne Tsilhqot'in « change fondamentalement l'approche » en matière de relations et de négociations concernant la gestion et l'exploitation des ressources naturelles et du territoire. Les Tsilhqot'in se voyaient reconnaître un titre ancestral sur leur territoire.

Les représentants atikamekw disent vouloir entreprendre des négociations avec le gouvernement sur de nouvelles bases. Trop peu a été accompli dans le passé, selon eux, sans aboutir à des résultats tangibles pour les Autochtones.

De son côté, Philippe Couillard a qualifié d'« excellente » l'entente conclue en 2013 entre Québec et les Atikamekw concernant la gestion du territoire. Il vaut mieux retourner à la table de négociation et ratifier cette entente (rejetée par une des trois communautés atikamekw, celle d'Obedjiwan), dit-il. Selon lui, le jugement de la Cour suprême « demeure à analyser ».

« On s'y soumet avec un esprit positif. Il y a une obligation de consultation et d'accommodement entre la population du Québec et les Autochtones. Et comme c'est notre façon de faire, [le jugement de la Cour suprême] ne change rien en pratique », affirme M. Couillard.

Question de territoire

En entrevue à l'émission Le 15-18, le chef Constant Awashish a rappelé que les Atikamekw, tout comme les Tsilhqot'in de Colombie-Britannique, n'ont pas cédé ou vendu de territoire et n'ont jamais signé de traité.

« Mais il y a toujours des projets [de développement] qui continuent à avancer sur nos territoires alors qu'il n'y a pas eu de consultation [avec les Autochtones] », déplore-t-il. « On ne demande pas la guerre. On ne demande pas de se séparer, mais que nos droits soient pris en compte. Participer au développement du territoire, obtenir des dividendes. Faire de la cogestion, aménager le territoire en respectant l'exploitation traditionnelle de la forêt », dit-il.

« C'est sûr que des projets [d'exploitation] seront affectés. Mais on veut participer. On ne veut pas arrêter tout le développement sur le territoire. On est pour le développement. »

Dans un communiqué diffusé en fin de journée mardi, les chefs atikamekw disent attendre d'autres réponses plus concrètes et satisfaisantes à une lettre qu'ils ont remise au premier ministre aujourd'hui, où ils font état de leurs revendications.

« Le premier ministre se trompe s'il pense que la récente décision de la Cour suprême reconnaissant un titre ancestral à une Première Nation de la Colombie-Britannique ne s'applique pas au Québec. Les Atikamekw possèdent, eux aussi, un titre ancestral que le gouvernement du Québec doit respecter. Nous allons prendre tous les moyens pour nous en assurer », affirme le chef d'Obedjiwan, Christian Awashish.

Lundi, les chefs de la nation disaient passer « en mode d'affirmation unilatérale de ses droits sur son territoire ancestral, le Nitaskinan. [La Première Nation] exige dorénavant son consentement pour tout développement, usage et exploitation des ressources qui s'y trouvent ». Le gouvernement atikamekw compte utiliser « tous les moyens qu'il jugera appropriés pour la défense de ses droits et de ses intérêts ».

 

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