Un artiste condamné à la prison pour des oeuvres jugées racistes

Dan Park et le galériste Henrik Rönnquist.
Photo : Roger Sahlström / Facebook
Un artiste suédois a été condamné à purger six mois de prison pour avoir exposé des oeuvres jugées racistes envers les Noirs et les Roms.
Dan Park a été reconnu coupable, jeudi, de diffamation et d'incitation à la haine contre un groupe ethnique. Selon le journal suédois The Local, le tribunal de Malmö l'a également condamné à payer une amende de 60 000 couronnes suédoises, soit environ 9500 $.
La peine de prison, très rarement utilisée contre des artistes, relance le débat sur les limites à la liberté d'expression artistique.
La cause portait spécifiquement sur neuf affiches de l'artiste qui ont été saisies en juillet dans une galerie d'art de la ville de Malmö, la troisième plus grande ville de la Suède.
L'une des affiches montre les visages de trois hommes noirs avec des noeuds coulants autour du cou. Les trois hommes sont identifiés par leur nom, et les mots « Hang-on Afrofobians » sont inscrits en grosses lettres.
Une autre affiche montre des leaders de la communauté rom accompagnés d'une inscription sous-entendant qu'ils encouragent les actes criminels.
Les oeuvres controversées de Dan Park ont été reproduites dans les journaux suédois.
@Fjordman1 Pappertidningen har en negerbild till. #svpol #gatukonst pic.twitter.com/GVwWTP2crk
— dan park (@pandark2083) 16 Mai 2014
Liberté d'expression c. racisme
Il est très inhabituel pour le système de justice suédois d'imposer des peines de prison pour des oeuvres d'art. La cour dit avoir pris en considération le fait que l'artiste ait déjà été condamné à plusieurs reprises pour des raisons similaires.
Il avait fait scandale en 2011 avec une affiche sur laquelle le corps d'un homme enchaîné était superposé à une photographie de Jallow Momodou, un leader de la communauté afro-suédoise et militant contre le racisme. On pouvait y lire la phrase : « Notre esclave nègre s'est échappé. »
Dan Park, quant à lui, affirme que ses oeuvres sont satiriques et se réclame de la liberté d'expression. En 2011, il avait déclaré que la poursuite lui semblait abusive.
« Personne ne devrait pouvoir me dire quel type d'art je peux créer. Nous avons tous des goûts différents, et les gens sont facilement choqués, mais c'est à ça que sert l'art - à créer une réaction. »
Le propriétaire de la galerie qui a exposé les oeuvres en cause, Henrik Rönnquist, a reçu une peine conditionnelle et une amende de 7500 couronnes, soit environ 1200$.
Les photos des oeuvres en cause étaient toujours visibles sur le site internet de l'artiste au moment de publier cet article.