Un tribunal autorise l'extradition d'un Albertain accusé de terrorisme

La Cour d'appel de l'Alberta a statué qu'un homme d'Edmonton devrait être extradé vers les États-Unis pour y répondre d'accusations de terrorisme et de meurtre.
Sayfildin Tahir Sharif est accusé de complot dans le but de tuer des Américains et d'avoir soutenu une cellule terroriste qui a commis un attentat-suicide dans son Irak natal, en 2009. Cinq soldats américains avaient alors péri.
L'homme qui se fait aussi appeler Faruq Khalil Muhammad est en détention provisoire à Edmonton depuis son arrestation en 2011.
Le ministre de la Justice du Canada a autorisé l'extradition l'été dernier, après avoir obtenu la garantie des États-Unis que Sayfildin Tahir Sharif ne risquerait pas la peine de mort.
Les avocats de la défense avaient aussi reçu une lettre des autorités américaines qui garantissaient que leur client ne serait pas détenu indéfiniment sans procès.
Sayfildin Tahir Sharif faisait appel de la décision du ministre Rob Nicholson ainsi que de celle d'un juge. Celui-ci avait estimé en 2012 qu'il existait suffisamment de preuves pour extrader l'accusé afin qu'il réponde des deux chefs d'accusation. L'appel de l'Albertain a été entendu au mois de mai.
Sayfildin Tahir Sharif est un Kurde né en Irak qui a émigré à Toronto comme réfugié en 1993. Il est devenu citoyen canadien quatre ans plus tard.
En 2011, il a été arrêté dans un appartement d'Edmonton où il vivait avec sa compagne et les enfants de celle-ci.
Les avocats de la défense ont argué devant la Cour d'appel que la Gendarmerie royale du Canada ne lui avait pas donné accès à un avocat ou à un interprète le jour de son arrestation. Ils ont aussi soutenu que les verbatim des interrogatoires montrent que leur client ne comprenait pas ce qui se passait.
Ils ont également souligné que les allégations portées contre Sayfildin Tahir Sharif proviennent de trois personnes, dont son frère, qui a été torturé par des enquêteurs en Irak.
La Cour d'appel a statué qu'aucun de ces arguments ne méritait de garder Sayfildin Tahir Sharif au Canada.
Le tribunal a fait remarquer que l'accusé savait ce qui se passait pendant son interrogatoire avec les autorités américaines et canadiennes. À un certain moment, il a déclaré qu'il ne devrait pas parler, mais a tout de même continué à s'exprimer, note la Cour.
Les juges ont reconnu que la preuve recueillie auprès d'un informateur a vraisemblablement été obtenue sous la torture par des enquêteurs américains. Ils ont toutefois déterminé que, même sans cette preuve, le cas contre Sayfildin Tahir Sharif était suffisamment solide.
Son avocat, Nate Whitling, pense que ce raisonnement est troublant.
« Ils négligent essentiellement une inquiétude très sérieuse », dit-il à propos du fait que la torture ait été utilisée pour enquêter dans ce cas.
Nate Whitling s'est promis qu'il porterait cette affaire devant la Cour suprême.
Si Sayfildin Tahir Sharif est extradé et reconnu coupable aux États-Unis, il pourrait écoper d'une peine à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.
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