De plus en plus de déchets dans le recyclage

Centre de tri de Montréal
Photo : Jean-Sébastien Cloutier
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les Montréalais recyclent plus que jamais, mais leur bac ou leurs sacs contiennent de plus en plus de matières qui ne devraient pas y être.
Commençons par la bonne nouvelle : la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a atteint l'an dernier son objectif de récupérer 60 % des matières recyclables. Avec deux ans de retard, mais quand même...
Dans l'arrondissement Saint-Michel, au seul centre de tri de la ville qui reçoit le contenu des bacs de Montréal et de Laval, on ne manque pas de travail. « Je vous dirais que notre centre de tri recevait au début des années 2000 environ 80 000 tonnes de matières par année et on est rendus aujourd'hui à tout près de 200 000 tonnes », explique Gilbert Durocher, vice-président des activités pour le Groupe Tiru, qui a le contrat du recyclage à Montréal jusqu'en 2018. Autre statistique révélatrice, la quantité de matières résiduelles qui se retrouve aux poubelles diminue d'année en année; elle est maintenant de 335 kg par personne par année dans la région.

Quantité de déchets par habitant dans la région de Montréal
Actuellement, presque tout ce qui se retrouve au centre de tri montréalais est recyclé, que ce soit au Québec ou même en Chine, pour le papier par exemple. Depuis la fermeture de la seule usine de recyclage de verre à Longueuil, la question du verre est plus problématique. Pour le recycler, la Ville a signé un contrat avec le dépotoir de BFI, à Lachenaie, jusqu'en juin. Là-bas, il n'est pas enfoui, mais plutôt réutilisé comme matériau.
Mais parlons ici d'un autre problème qui est en hausse actuellement. De plus en plus, à Montréal comme ailleurs au Québec, on remplit les bacs de n'importe quoi. En moyenne, 15 % de ce qui se retrouve dans le bac ne devrait pas y être.
Au centre de tri de Montréal, il est impressionnant de voir les déchets retirés des tapis roulants par les employés. On y trouve de tout : bonbonnes de gaz, grille-pain, tapis, oreillers, pneus, batterie de voitures, etc..
« La conscientisation sur la récupération et comment c'est bon pour l'environnement [...] a amené cette popularité-là où on se dit: " je ne suis pas sûr, je vais le mettre à l'intérieur du bac, pour moi ça fait du sens " », explique le PDG de Recyc-Québec, Benoît de Villiers. Sauf que le mot d'ordre de l'organisme est plutôt de dire que « dans le doute, ne mettez pas votre produit dans le bac ». Ça ne veut pas dire que le produit ne se recycle pas, mais s'il se recycle, c'est peut-être en dehors du processus de la collecte sélective.
Mario Plourde, le président de Cascades, qui est le plus important recycleur de papiers au pays, soutient que Montréal est aussi confrontée à une problématique moins présente dans d'autres régions; les édifices à logements. « Quand on arrive dans les édifices à multilogements, la poubelle n’appartient à personne et le bac de recyclage n’appartient à personne et donc la qualité qu'on y retrouve à l'intérieur du bac est très variable, dit-il. Normalement il y a beaucoup plus de rejets et de matières orphelines dans ces bacs-là. »
Depuis quelques années, le gestionnaire du centre de tri de Montréal a calculé une augmentation de ses matières rejetées, qui sont passées de 5 % à 10 %. Et il y a un coût à cela. « Ça prend de la main-d'œuvre supplémentaire et on a des équipements mécaniques qui malheureusement ne sont pas conçus pour accueillir ces types de matières, donc ça provoque des bourrages, des bris d'équipements et en fin de compte effectivement ça coûte plus cher », explique Gilbert Durocher.

Rouleaux de papier recyclé
Photo : Jean-Sébastien Cloutier
Chez Cascades, qui est installée dans les Bois-Francs, un fournisseur s'occupe d'une bonne partie du tri. Et là aussi on trouve de tout. « Les gens pensent qu'on peut récupérer des toutous, des bouts de bois, des bonbonnes, des patins... On a même des seringues souillées qu'on retrouve dans la récupération », ajoute Mario Plourde, un peu découragé. L'entreprise doit-elle aussi payer pour ces déchets. « On doit les transporter, les trier et on doit éventuellement les envoyer en sites d'enfouissement. Donc, c'est beaucoup trop; c'est une facture au Québec de l'ordre de 23 millions de dollars qui est palliée en partie par les entreprises qui font la mise en marché et en partie par les municipalités ».
Le PDG de Cascades croit que les villes devraient mieux sensibiliser leurs citoyens. « Les gens devraient être informés à la base au minimum de ce qu'ils peuvent mettre dans le bac et ce qu'ils ne peuvent pas mettre dans le bac », croit M. Plourde.
À Montréal, le responsable pour les questions environnementales, Réal Ménard, admet que les Montréalais ont parfois un comportement délinquant. La population est parfois sensibilisée lors d'événements publics, mais il n'y a pas eu de grande campagne d'information depuis au moins cinq ans, ajoute-t-il.
« On essaie à des moments très précis de rappeler les consignes, qu'est-ce qui va au recyclage, pourquoi c'est important de pas embourber [...] est-ce que ça devrait faire l'objet d'intervention plus récurrente, peut-être... »
Pour mieux recycler, Recyc-Québec invite la population à s'informer sur son site Recreer.ca (Nouvelle fenêtre).