Des baby-boomers réinventent la maison de retraite

Diane Morency, la présidente de la Coopérative Rêve Bleu à Verdun, dans l'appartement de Diane Dufort
Photo : Myriam Fimbry
Les 50-70 ans ne voudront sans doute pas vieillir de la même façon ni au même endroit que leurs vieux parents. Le mouvement Radical Resthomes, lancé par une anglophone de Montréal, voudrait réinventer la roue.
La résidence de personnes âgées, ce n'est pas pour Janet Torge, 67 ans : « Oh my God! C'est un ghetto. Le gérant décide de tout. Ça ne marche pas avec nous, les boomers. On n'aime pas se faire imposer des règlements ».
Une « Radical Resthome » pourrait se traduire par « maison de retraite alternative ou révolutionnaire, où on a du fun ». Cette maison reste à inventer et peut prendre plusieurs formes. « C'est ça le plus difficile : par où on commence? Mais c'est le temps d'y penser. »
Janet Torge lance la réflexion dans son blogue (« Why something radical is needed ») et organise des rencontres avec les personnes intéressées à participer. « La première rencontre, nous étions 12 et personne ne se connaissait. Chacun avait sa vision. »
Le rêve de Janet, pour ses vieux jours, ce serait un grand appartement où elle cohabiterait avec quelques amis, dans un quartier qui lui plaît. Il y aurait des espaces privés et des espaces communs. Les occupants décideraient ensemble de leur façon de vivre et de leurs activités. Ils prendraient soin les uns des autres. « D'ailleurs, c'est moins cher pour le gouvernement. Et si on a besoin d'une infirmière, elle rendra visite à plusieurs personnes en même temps. »
« Les boomers, on a toujours cherché à changer les choses dont on ne voulait pas. On n'est pas docile. On ne veut pas toujours suivre les règlements. »
Les baby-boomers sont nombreux à avoir connu le divorce et la vie en solo. Mais beaucoup n'auront pas les moyens de vivre seuls, ni de payer une résidence privée, remarque Catherine Rahal, conseillère en sécurité financière. Vivre à plusieurs est une avenue intéressante, qui peut-être leur rappellera leur jeunesse et l'époque des communes.
L'entraide dans l'immeuble à condos
Catherine Rahal, 64 ans, a répondu à l'invitation de Janet. Elle a déjà rêvé avec ses amies d'avoir une maison à la campagne qui s'appellerait Les roses fanées.
Mais pour rester proche de ses enfants et petits-enfants à Montréal, elle se verrait bien vieillir le plus longtemps possible dans son immeuble avec ascenseur. Spontanément, ses voisins d'un certain âge ont déjà tissé des liens d'entraide.
« S'il y a quelqu'un qu'on ne voit pas pendant plusieurs jours, on frappe à sa porte ou on lui téléphone. Si quelqu'un est malade, on fait ses courses, on l'aide. Si on cuisine un peu trop, on partage. »
Mais l'entraide a ses limites, croit Gérard Beaudet, urbaniste à l'Université de Montréal. « Pour des personnes vieillissantes, aux prises avec un certain nombre de problèmes de santé, la formule d'entraide risque d'être très exigeante. »
Rêve bleu et Entre deux âges
Les besoins des boomers commencent à influencer de nouvelles formules d'habitation. Comme Rêve bleu, une coopérative pour femmes seules de plus de 50 ans, à Verdun, mise sur pied avec Bâtir son quartier, un groupe de ressources techniques en habitation communautaire.
Dans le même immeuble, flambant neuf, se trouve un organisme à but non lucratif (OBNL) d'habitation pour des personnes de plus de 65 ans en légère perte d'autonomie, Entre deux âges.
Les femmes de Rêve bleu ont accès à la cafeteria de leurs voisins plus âgés, si elles ne veulent pas faire la cuisine. Elles vivent dans des trois et demi à loyer abordable.
Au sein de la coopérative et de ses multiples comités, elles s'impliquent dans toutes les décisions de leur milieu de vie. « On décide de quelle façon on va dépenser l'argent, dit Diane Morency, présidente de la coopérative. « Les femmes participent énormément. »
Par exemple, Diane Dufort, 62 ans, voudrait organiser une activité de remise en forme, l'été prochain, dans le parc d'à côté ou sur le toit de l'immeuble.
« On ne veut pas se bercer devant une fenêtre toute la journée. On va se donner collectivement les services qu'il nous faut, pour avoir du fun ensemble. »
Et vous? De quel milieu de vie rêvez-vous pour vos vieux jours? Répondez-nous dans les commentaires ci-dessous.