Alain Magloire : un parcours surprenant

Alain Magloire
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
On en connaît un peu plus maintenant sur l'homme qui a perdu la vie lors d'une intervention policière lundi à Montréal. Et plus on en apprend, plus c'est troublant.
Alain Magloire, 41 ans, père de deux enfants, souffrait de problèmes de santé mentale. Son curriculum vitae est toutefois surprenant.
L'homme avait fait des études en biochimie et en biologie moléculaire à l'université. Il était détenteur d'une maîtrise. Ceux qui l'ont connu ont peine à croire que ça se soit terminé de cette façon.

Alain Magloire
Lorsqu'il était jeune adulte, Alain Magloire travaillait à la Société pour les enfants handicapés du Québec. La directrice des services, Chantal Théroux, a été choquée d'apprendre sa mort. Elle se rappelle le temps où il était moniteur dans un camp pour enfants handicapés :
« Les enfants appelaient ici à la résidence pour voir si Alain était pour être là, parce que eux l'aimaient tellement. Je savais qu'il avait eu des problèmes, mais je n'arrive pas à croire que c'est Alain aujourd'hui. Ce qui nous montre aussi que ça peut arriver à tout le monde », dit-elle.
La descente aux enfers d'Alain Magloire, un homme décrit comme jovial et éduqué, a basculé en 2006. Selon son frère, c'est après avoir consommé de l'ecstacy lors d'une fête qu'il a développé des troubles de paranoïa, puis maladie mentale, problèmes psychiatriques, la rue...
Ceux qui l'ont connu sont choqués. Ils parlent d'un homme doux. Un géant, non violent, un surdoué.
Brigitte Malette a longtemps été l'une des amis proches d'Alain Magloire. Elle le décrit comme un homme sensible, intelligent et attaché à sa famille. Mais un problème de santé mentale a tout fait chavirer. Elle ne l'avait pas revu depuis deux ans.
« Je me souviens de la fois que je l'ai vu en crise, quand je travaillais avec lui, la fois où j'ai pensé : "Ah man! Je sais où il va terminer... C'est clair que ça va être la rue ».
Brigitte Malette reconnaît qu'Alain Magloire pouvait faire peur lorsqu'il était en crise. Mais elle ne comprend pas pourquoi les policiers ont eu recours à leur arme :
« J'étais très très très très choquée. Parce que je me dis que les policiers qui sont autour du métro Berri, ils le savent qu'autour de ce métro-là, il y a beaucoup de cas problèmes, il y a beaucoup de "misfit". Ça ne règle pas le problème de tirer dessus. Ils devraient avoir quelque chose pour les immobiliser et une meilleure formation en psychologie aussi.

Manifestation contre la répression policière
Photo : Radio-Canada
Des sympathisants ont organisé une veillée à la chandelle mardi soir à la mémoire d'Alain Magloire.
Ils étaient une quarantaine réunis à la place Émilie-Gamelin, près de l'UQAM, pour dénoncer ce qu'ils qualifient de brutalité policière. Selon eux, les policiers qui sont intervenus auraient dû utiliser d'autres techniques pour le maîtriser. Ils disent qu'ils ne comprennent pas les agissements des policiers.
Le président de la Commission des droits de la personne s'interroge, lui, sur l'enquête policière. La police qui enquête sur la police, la SQ qui enquête sur le SPVM.

Photo : Radio-Canada
Avec les informations de Dominic Brassard