Petit guide du PQ pour discuter de la charte des valeurs à Noël

Photo : iStock / iStockphoto
Prenez note que cet article publié en 2013 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
De nombreux Québécois feront tout pour éviter d'aborder le sujet controversé de la charte des valeurs québécoises lors des réunions familiales du temps des Fêtes. Mais pour ceux qui s'y risqueront, le Parti québécois (PQ) offre à ses militants un document de « réponses » aux questions soulevées par le projet.
Cet argumentaire intitulé Des réponses aux questions de votre famille pour les partys des Fêtes! regroupe une série de questions et d'affirmations fréquemment entendues sur le projet de charte du gouvernement Marois.
Questions et réponses
Le document de sept pages publié le 20 décembre dernier présente en guise de réponses de l'information et des arguments pour permettre aux militants péquistes de défendre, au besoin, le projet de charte du PQ lors des traditionnelles discussions politiques du temps des Fêtes.
En plus de répéter que seuls les fonctionnaires devront retirer leurs signes religieux ostentatoires sur les heures de travail, le document fournit des réponses à plusieurs attaques du genre « La charte, ça fait juste diviser tout le monde » ou encore « On passe pour des racistes partout dans le monde », sans oublier « La charte va brimer les droits et les libertés ».
Rédigé dans un style posé, le document conseille d'éviter les confrontations directes. Il rappelle également la démarche du PQ ainsi que les raisons pour lesquelles ce dernier propose cette charte qui doit établir la laïcité de l'État québécois et « assurer l'égalité et le respect de tous les Québécois, peu importe leurs croyances personnelles », peut-on lire dans le document.
Exemples de réponses proposées dans le document
Affirmation : La charte, ça fait juste diviser tout le monde.
Réponse : Au moment de son adoption, la loi 101 a été décriée par plusieurs, mais aujourd'hui, elle est largement considérée comme un formidable outil d'intégration, de cohésion et de défense de l'identité québécoise.
Affirmation : Il y a plus de gens contre que de gens pour.
Réponse : Faux! Tous les sondages d'opinion démontrent que la majorité des Québécois appuient la charte. Cet appui est largement majoritaire chez les francophones, mais il y a aussi une bonne proportion de Québécois des communautés culturelles qui appuient la charte et l'interdiction du port de signes religieux pour les employés de l'État.
Une liste des appuis
L'argumentaire énumère l'ensemble des organismes, syndicats et associations qui soutiennent le projet de charte de la laïcité du gouvernement péquiste, dont le Rassemblement pour la laïcité, les Janettes ou le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFQP).
Le document comprend aussi une liste de personnalités et de journalistes réputés favorables au projet de loi 60 ou à l'interdiction du port de signes religieux pour les employés de la fonction publique.
On y trouve notamment les noms d'artistes tels que Paul Piché, Julie Snyder et Guylaine Tremblay. Mais aussi de grands juristes comme l'ex-juge de la Cour suprême Claire L'Heureux-Dubé, le professeur Henri Brun ou encore Daniel Turp.
Les journalistes et commentateurs favorables à l'interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique y sont aussi répertoriés, tels Richard Martineau, Benoît Dutrizac, Mario Dumont, Pierre Foglia, Mathieu Bock-Côté, Joseph Facal et plusieurs autres.
L'argumentaire péquiste se termine sur une explication de la procédure entourant l'avenir du crucifix à l'Assemblée nationale et par un survol des positions défendues par les autres partis sur la question de la laïcité.
Une manoeuvre préélectorale?

Jocelyn Maclure, professeur titulaire en philosophie politique à l'Université Laval
Selon Jocelyn Maclure, professeur titulaire de philosophie politique à l'Université Laval, la publication de ce document par le Parti québécois n'est pas inhabituelle dans la mesure où les partis publient régulièrement des aide-mémoire pour leurs militants. Mais une telle publication dans le contexte actuel peut être mal perçue par le public, souligne-t-il.
« Je pense que ça alimente quand même le cynisme que les gens ont par rapport à la politique parce que ça donne l'impression qu'au fond, ce qui est important, c'est de répéter les mêmes points le plus souvent possible, même si ces points-là sont assez simplistes. [...] On donne des réponses simplistes à des questions qui sont complexes », soutient le professeur Maclure.
« Par exemple, à la deuxième question, qui nous dit : "Si quelqu'un nous dit qu'on est déjà dans un État laïc", on nous répond : "Faux!", alors que la grande majorité des chercheurs dans le domaine considèrent que dans les faits et dans le droit, l'État québécois est laïc », poursuit le professeur de philosophie politique.
Sa forme et le moment auquel il est publié laissent aussi planer certaines questions sur l'utilité réelle de ce document, poursuit Jocelyn Maclure.
Ce qui est inusité un peu avec la démarche, c'est qu'on se demande pourquoi offrir cet outil-là aux militants à ce moment-ci. C'est vrai qu'on pourrait interpréter ça comme disant : "Bon, on n'est pas tout à fait confiants que nos militants vont bien défendre la cause dans les soupers de famille, donc il faut leur donner des munitions."
Mais de façon plus terre à terre, Jocelyn Maclure croit surtout que la publication de ce document est une façon de renforcer le discours autour de la charte, qui est selon lui le principal enjeu sur lequel le Parti québécois compte remporter ses prochaines élections.
À lire aussi :
Document du Parti québécois : Des réponses aux questions de votre famille pour les partys des Fêtes! (Nouvelle fenêtre) by Radio-Canada (Nouvelle fenêtre)