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L'abc du projet de pipeline d'Enbridge

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

La société pétrolière Enbridge veut inverser le flux de sa canalisation 9B, entre North Westover, près de Hamilton en Ontario, et Montréal, au Québec, afin d'acheminer vers les raffineries de l'est du pays le pétrole venant de l'ouest.

Actuellement, l'écoulement se fait dans l'autre sens. La canalisation transporte du pétrole provenant de la mer du Nord, de l'Afrique occidentale et du Moyen-Orient vers les raffineries ontariennes.

Enbridge soutient que l'inversion permettrait un approvisionnement en pétrole plus sécuritaire et moins coûteux que les importations de l'étranger. À défaut de le faire, des milliers d'emplois seraient menacés, selon la pétrolière. Elle estime que les retombées économiques du projet seraient de l'ordre de 6 milliards de dollars sur 30 ans.

La compagnie veut également augmenter de 240 000 à 300 000 le nombre de barils de pétrole acheminés chaque jour.

Le trajet

La canalisation 9B passe à travers Toronto et longe le fleuve Saint-Laurent jusqu'à Terrebonne, au nord de Montréal, avant d'aboutir à Montréal-Est. Elle traverse des centaines de cours d'eau qui se déversent dans le lac Ontario, la source d'approvisionnement en eau potable pour des millions de personnes au Canada et aux États-Unis.

Dans la région de Toronto, l'inquiétude est grande. Le gouvernement ontarien demande à Enbridge de faire preuve d'une plus grande transparence.

La première phase du projet, l'inversion de la canalisation 9A entre Sarnia et North Westover, en Ontario, a obtenu l'approbation de l'Office national de l'énergie (ONE) en juillet 2012.

La deuxième phase, qui prévoit l'inversion du sens de l'écoulement du pétrole dans la canalisation 9B, qui relie North Westover à Montréal, a été approuvée en mars 2014. L'ONE a toutefois imposé certaines conditions, dont des activités de vérification de l'intégrité du pipeline et d'intervention d'urgence ainsi que la poursuite des consultations.

Les partisans du projet

Pipeline

Un pipeline (archives)

La communauté des affaires est clairement en faveur du projet, qu'elle qualifie d'« essentiel » pour l'économie québécoise, puisqu'il permettra aux industries « de compter sur un approvisionnement fiable et à un meilleur coût » tout en réduisant la dépendance aux importations de l'étranger.

Selon Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), « le Québec dépense près de 14 milliards de dollars pour l'importation d'hydrocarbures en provenance d'outre-mer [...] L'importation du pétrole albertain permettrait non seulement d'alléger la facture, mais également de consolider des emplois et de relancer l'industrie pétrochimique. »

Ce sont près de 4000 emplois directs et indirects, hautement rémunérés, qui sont affectés par ce projet [...] Inverser la canalisation 9B, c'est d'abord et avant tout une façon d'assurer la stabilité d'emploi et l'avenir des gens d'ici.

Une citation de Isabelle Foisy, directrice générale de la Chambre de commerce de l'Est de Montréal (CCEM)
Installations pétrolières

Installations pétrolières (archives)

Les opposants

Les groupes environnementaux s'opposent fermement au projet d'Enbridge. Ils affirment que le fait de renverser le flux et d'acheminer du pétrole plus lourd et, selon eux, plus corrosif entraînera un risque accru de bris de conduites. Un déversement dans les rivières ou les champs agricoles serait catastrophique.

Ils rappellent que l'oléoduc de la ligne 6B qui s'est brisé au Michigan il y a trois ans, entraînant un déversement majeur dans la rivière Kalamazoo, était très semblable à celui de la ligne 9B, tant par son âge que par sa conception. À la suite de cette catastrophe, Enbridge a remplacé tous les tuyaux de l'oléoduc. Dans le cas de la ligne 9B, on procédera plutôt à des réparations ponctuelles.

Conduite à risque


En outre, le pétrole acheminé par Enbridge proviendra en bonne partie des sables bitumineux albertains, ce qui entraînera le développement de cette industrie et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre produites au Québec.

Il ne faut pas changer le type de pétrole que l'on consomme pour un pétrole encore plus polluant, entre autres celui des sables bitumineux, qui est l'un des plus sales au monde [...]

Une citation de Patrick Bonin, responsable de la campagne climat et énergie chez Greenpeace

Les groupes environnementaux craignent également les plans à long terme d'Enbridge. Ils affirment que la pétrolière a l'intention ultime d'inverser l'oléoduc entre Montréal et Portland afin d'acheminer le pétrole vers l'est des États-Unis.

Enbridge nie vouloir procéder de la sorte. De plus, la pétrolière cite des recherches scientifiques démontrant que le bitume dilué n'est pas plus corrosif pour les pipelines que les autres types de pétrole brut.

                                                          EN BREF
Avantages

  • Approvisionnement plus fiable et moins coûteux pour le Québec
  • Maintien et création d'emplois dans les raffineries

Inconvénients

  • Risque accru de bris de conduites et de déversements
  • Augmentation des gaz à effet de serre

Le gouvernement du Québec

Pauline Marois, première ministre du Québec

Pauline Marois, première ministre du Québec

La première ministre Pauline Marois estime que le projet comporte des avantages économiques pour le Québec, surtout pour les raffineries de l'est de Montréal.

Elle souhaite toutefois être rassurée en ce qui concerne la sécurité et soutient que le projet devra respecter certaines conditions.

À la suite de l'approbation du projet par l'ONE, Pauline Marois a toutefois souligné que les conditions fixées par l'Office diffèrent de celles qu'elle aurait souhaitées. Elle évoque notamment les garanties financières en cas d'accident et les tests de résistance qui devraient être faits sur l'oléoduc.

Ce projet-là, je veux qu'on l'évalue sous deux angles en particulier : est-ce qu'il y a des avantages pour le Québec? Les risques sont-ils trop grands par rapport aux avantages que nous en tirons?

Une citation de Pauline Marois, première ministre du Québec

Une commission parlementaire mandatée par Québec s'est penchée sur la question à la fin 2013. Elle a recommandé au gouvernement d'aller de l'avant, moyennant certaines conditions. Parmi elles : avoir des garanties quant à l'étanchéité de l'oléoduc, obtenir plus d'information sur la quantité et le type de pétrole transporté, et surtout, s'assurer que la compagnie prévoira des fonds en cas de catastrophe.

Cette consultation entreprise par Québec n'est toutefois que symbolique puisque c'est Ottawa qui tranchera sur le sort du projet d'Enbridge. Les oléoducs interprovinciaux relèvent de la compétence du gouvernement fédéral qui, en principe, est favorable au projet d'Enbridge.

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