Curriculum vitae de Louis LaPierre : le recteur de l'Université de Moncton propose une sanction

Prenez note que cet article publié en 2013 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'Université de Moncton pourrait pénaliser l'ancien professeur Louis LaPierre, tandis qu'un de ses anciens étudiants s'interroge sur la crédibilité de son diplôme.
Jeudi, Louis LaPierre, le mentor de toute une génération d'écologistes acadiens, a avoué avoir menti sur son curriculum vitae. Il détient un doctorat en éducation de l'Université Walden, au Minnesota, et non pas en écologie de l'Université du Maine.
Le recteur de l'Université de Moncton, Raymond Théberge, affirme que M. LaPierre détient un titre de professeur émérite en biologie. C'est le Sénat académique qui décerne ce genre de titre. Le recteur, qui préside le Sénat académique, affirme qu'il va recommander la révocation du titre honorifique de Louis LaPierre « le plus tôt possible ».
Un diplômé demande une enquête
Charles Doucet, ancien étudiant à l'Université de Moncton, demande à cette dernière d'enquêter sur l'affaire Louis LaPierre, son ancien professeur. « Il y a beaucoup de monde que je connais qui ont étudié avec le Dr LaPierre et qui sont déçus, qui sont choqués, qui sont bouleversés parce que leur éducation est maintenant mise en cause », affirme M. Doucet.
Charles Doucet a obtenu son baccalauréat en sciences en 1993. Il se souvient qu'à l'époque, tous les étudiants voulaient se retrouver dans la classe de M. LaPierre. « C'était toujours quelqu'un qui, même en ce temps-là, était un peu un rock star », dit-il.

Charles Doucet montre son diplôme de l'Université de Moncton.
Photo : Michel Nogue/Radio-Canada
Pendant son séjour à l'Université de Moncton, Charles Doucet a suivi deux cours avec M. LaPierre. Il se demande comment les aveux de son ancien professeur se reflètent sur sa propre formation. « Ces crédits-là ne sont pas valides. Je veux dire que je dois me poser la question », dit-il.
Le recteur Théberge se fait toutefois rassurant. « On est très déçu avec le cas de M. LaPierre. J'aimerais aussi ajouter qu'un diplôme de l'Université de Moncton, par exemple, c'est beaucoup plus qu'un cours ou que des cours avec un professeur. C'est un ensemble d'expérience avec plusieurs professeurs, plusieurs collègues », souligne Raymond Théberge.
L'ancien étudiant reproche aussi à l'Université de Moncton d'avoir manqué de vigilance. « Il y a l'implication que l'Université n'a pas fait sa job. Ils n'ont pas vérifié son éducation. Ils n'ont pas posé de questions », juge M. Doucet. La solution, selon lui, serait de faire toute la lumière sur l'embauche de Louis LaPierre comme professeur.
Je pense qu'il devrait y avoir une enquête, quand même au niveau universitaire, pour être sûr qu'il n'y avait pas quelque chose de louche dans tout ça, s'il n'y avait pas quelqu'un qui couvait la vérité.
Charles Doucet se définit lui-même comme un opposant au gaz de schiste. Il a des idées bien arrêtées sur le rapport du groupe dirigé par M. LaPierre qui donne le feu vert à cette industrie au Nouveau-Brunswick.
« D'après moi, ça doit être jeté dans la poubelle », dit-il au sujet du rapport.
« Trente ans de mensonges, puis d'exagérations, de fourberies », ajoute Charles Doucet.
Ce vieux mensonge continue de hanter les anciens étudiants comme Charles Doucet et l'université qui leur a remis leur diplôme.