Gérald Tremblay : historique d'une démission

Gérald Tremblay et Frank Zampino
Le 5 novembre 2012, le maire Gérald Tremblay, numéro un d'une administration éclaboussée par une série de scandales et d'allégations, démissionnait dans l'opprobre.
Un texte de Bernard Leduc (Nouvelle fenêtre)
L'homme, qui avait jusqu'alors su naviguer à travers le scandale des compteurs d'eau en 2009 puis l'arrestation de son ex-bras droit, Frank Zampino, par l'escouade Marteau pour Faubourg Contrecoeur, en mai 2012, a jugé impossible de poursuivre devant le torrent d'allégations déversées sur la Ville à la commission Charbonneau.
Il y eut d'abord Lino Zambito, avec son cartel d'entrepreneurs finançant à la fois Union Montréal et la mafia, puis les ingénieurs de la Ville de Montréal Surprenant et Leclerc, avec leurs centaines de milliers de dollars en pots-de-vin et leurs parties de golf avec le parrain Vito Rizzuto, et enfin, surtout, Martin Dumont.
Car l'ex-organisateur politique d'Union Montréal l'implique, lui : il assure que le maire connaissait l'existence d'une double comptabilité au parti. Et le maire démissionne, le 5 novembre.
« Je ne vous ai jamais trahis », assure Gérald Tremblay aux Montréalais au moment de partir, niant au passage les allégations de M. Dumont. Et, de fait, jusqu'à ce jour, aucune autre allégation contre lui n'a été entendue devant la commission tandis que Martin Dumont a reconnu avoir inventé une partie de son témoignage.
C'est plutôt le nom de Frank Zampino, ex-président du comité exécutif, qui revient sur les lèvres des témoins : quatre hauts dirigeants de firmes de génie et l'employé d'une cinquième firme l'ont jusqu'ici impliqué, avec son ami Bernard Trépanier, dans un système de collusion sur les contrats de la Ville contre argent comptant. Le plus catégorique: son ami Rosaire Sauriol, vice-président démissionnaire de Dessau, qui innocente en passant M. Tremblay.
« Je serais très, très, très, très étonné que monsieur Tremblay ait eu le début du commencement de cette histoire-là de collusion. Ça, c'est mon opinion. »
Mais les deux hommes ont tout démenti, mis à part quelques aveux de M. Trépanier. Et M. Zampino a sinon qualifié de « loufoque » la thèse à son endroit de l'ex-directeur de l'approvisionnement de la Ville et rejeté du revers de la main la version des faits de l'ex-directeur général Claude Léger.
« Moi j'ai toujours eu une grande loyauté au maire »
Reste donc à savoir de qui Gérald Tremblay parlait lorsqu'il avançait, le soir de son départ, avoir été trahi...
Lors de sa démission, Gérald tremblay a soutenu avoir agi chaque fois qu'il a eu connaissance « d'actes irréguliers », qu'il en fournirait d'ailleurs les preuves « en temps et lieu », mais il admettait du même souffle que le geste venait souvent bien après les faits, une faute qu'il attribue en partie à son entourage.
« J'avais beau avoir des doutes, poser des questions, être vigilant, ce n'est malheureusement qu'après les faits qu'on m'a remis des documents, des dossiers et des notes de service internes datant de 2004, 2006, 2009 », affirmait-il au moment de sa démission. « Lors de la réception de ces informations, j'ai demandé aux fonctionnaires et aux conseillers pourquoi ils ne m'en avaient pas informé et pourquoi les personnes en position d'autorité n'avaient rien fait. Avec cette information, en rétrospective, je veux vous assurer qu'il n'y aurait jamais eu le présent projet Contrecoeur et le dossier des compteurs d'eau. »
L'ex-maire pourra aussi apporter un éclairage nécessaire sur sa décision concernant le poste de directeur de financement du parti qu'occupait M. Trépanier jusqu'en février 2006. A-t-il simplement aboli ce poste par mesure d'économie, comme le soutient ce dernier, ou l'a-t-il plutôt congédié, pour des motifs plus profonds et à ce jour inconnus, comme l'a avancé le représentant officiel du parti Marc Deschamps? Et si la version de ce dernier est juste, pourquoi, alors, l'avoir laissé solliciter pour le parti jusqu'en 2009 ?
Gérald Tremblay disait, à l'époque, regretter de ne pas faire partie du plan de match de la commission Charbonneau : c'est maintenant chose faite.