Manitoba : une minière poursuit des manifestants du mouvement Idle No More

Le chef de la nation crie Mathias Colomb, Arlen Dumas, a répondu lundi aux allégations lancées contre lui et d'autres membres de sa communauté par la minière Hudson Bay Mining.
Photo : Meagan Fiddler
La minière Hudson Bay Mining and Smelting (Hudbay) poursuit des manifestants du mouvement Idle No More appartenant à la nation crie Mathias Colomb, pour des manifestations menées devant une mine à Snow Lake.
Hudbay demande des dommages et intérêts aux défendeurs, en plus de réclamer une injonction pour les empêcher de tenir toute autre manifestation devant sa mine.
L'entreprise soutient que les protestataires, le chef de la nation crie, ainsi qu'une des meneuses du mouvement de revendication autochtone Idle No More ont engendré un risque pour la sécurité de ses employés en bloquant l'entrée de la mine située à plus de 700 kilomètres au nord-ouest de Winnipeg, en janvier et en mars.
« Il y a des gens qui travaillent sous la terre. S'il y a un accident, les services d'urgence doivent profiter d'un accès sans encombre, c'est pourquoi nous avons entrepris de demander une injonction », a exposé le vice-président aux relations avec les investisseurs et aux communications, John Vincic.
Pas un barrage, mais plutôt « l'exercice des droits »
Le chef de Mathias Colomb, Arlen Dumas, a clamé qu'un barrage n'était pas l'objectif des manifestations et qu'il s'agissait plutôt pour la communauté « d'exercer ses droits conférés par les traités » sur des terres ancestrales.
Le chef a relaté avoir pris part aux rassemblements du 28 janvier et du 5 mars pour remettre des ordres de cesser les travaux à l'entreprise et à la province, mais que toutes deux lui ont plutôt envoyé des lettres similaires appuyant les activités de la minière.
Le ministre de l'Innovation, de l'Énergie et des Mines, Dave Chomiak, a indiqué lundi après-midi que la province ne pouvait pas intervenir dans l'action en justice. Par contre, il a ajouté que la province participait à une étude sur l'usage de terres ancestrales et à un examen environnemental.
Il a également déclaré que Hudbay et lui jugeaient que le meilleur endroit pour discuter du partage des profits des ressources minières était la table de concertation que le gouvernement a établie avec les Premières Nations.
Manif à Winnipeg
Pour sa part, Pam Palmater, avocate, professeure et l'une des meneuses d'Idle No More, estime dans un communiqué que la poursuite de Hudson Bay « est un acte d'intimidation pour réduire au silence son travail avec les Premières Nations ». Elle a annoncé qu'elle comparaîtrait en cour mercredi pour répondre à l'action en justice de l'entreprise.
M. Dumas, accompagné du grand chef de l'Assemblée des chefs du Manitoba, Derek Nepinak, ainsi que d'un groupe de personnes, a manifesté lundi au centre-ville de Winnipeg, après avoir tenu une conférence de presse pour réfuter les arguments avancés par la poursuite.
Selon le grand chef Derek Nepinak, ce litige constitue la première poursuite d'une série à venir.
« Vous êtes, en quelque sorte, en train d'assister à la contre-offensive contre plusieurs manifestations de Idle No More qui ont eu lieu à travers le pays [...] Cela ne se passe pas uniquement ici, au Manitoba. Cela se passe en Alberta, en Saskatchewan, en Ontario... », a-t-il estimé.
M. Nepinak affirme que la poursuite intentée par Hudson Bay et l'injonction qu'elle demande ne feront qu'attiser les manifestations du mouvementIdle No More.

Claudine Richard, Une minière manitobaine fait appel aux tribunaux contre des manifestants du mouvement Idle No More