Venezuela : funérailles à l'heure de la succession

De gauche à droite: La présidente de l'Argentine Cristina Kirchner, le président uruguayen Jose Mujica, le président bolivien Evo Morales et la première dame de l'Uruguay Lucia Topolansky rendent hommage à Hugo Chavez.
Photo : AFP / Presidencia
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Caracas vendredi pour assister aux funérailles du président vénézuélien Hugo Chavez, au moment où se prépare déjà du « comandante ».
Dans un roulement de tambour, les funérailles ont débuté par l'hymne national entonné par l'Orchestre symphonique Simon Bolivar, mené par le célèbre chef Gustavo Dudamel.
Une trentaine de chefs d'État et de gouvernement et près de 50 délégations étaient dans la capitale pour participer à la cérémonie. Parmi les premiers arrivés sur les lieux, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a exprimé ses condoléances à toute la population du Venezuela.
« Le président Chavez a été le symbole de tous ceux qui cherchent la justice, l'amour et la paix dans le monde », a-t-il lancé.
L'ancien premier ministre canadien Jean Chrétien, qui avait rencontré Hugo Chavez au Sommet des Amériques en 2001, était également sur place.
Le président cubain Raul Castro, la présidente brésilienne Dilma Rousseff, le président haïtien Michel Martelly, le président équatorien Rafael Correa, le président bolivien Evo Morales et le président bélarussien Alexandre Loukachenko se sont notamment recueillis près de la dépouille de l'ancien chef d'État.
Les États-Unis, cibles de critiques fougueuses d'Hugo Chavez, et les Européens n'ont envoyé que des délégations de second rang.
Depuis jeudi, des dizaines de milliers de Vénézuéliens ont défilé devant la dépouille d'Hugo Chavez, dont le cercueil était entièrement recouvert du drapeau jaune, bleu et rouge étoilé du Venezuela. En raison d'une importante affluence, la population aura par ailleurs une semaine après les obsèques pour défiler devant la dépouille de son défunt président.
Depuis sa mort des suites d'un cancer, mardi, à l'âge de 58 ans, les autorités estiment que 2 millions de personnes ont déjà défilé devant la dépouille.
Le parti au pouvoir a de plus annoncé que le président Chavez serait embaumé et exposé en permanence dans une ancienne caserne militaire de la montagne où avait été érigé son quartier général lors de son coup d'État manqué, en 1992. L'endroit deviendra un musée.
Par ailleurs, à Cuba, les autorités ont invité la population à rendre hommage au président vénézuélien sur la place de la Révolution, à La Havane. Des dizaines de milliers de personnes ont déjà défilé devant la photo du président, et la file d'attente s'étend sur plusieurs kilomètres. De semblables hommages ont été organisés un peu partout au pays.
La présidence de Maduro, « une fraude »
Derrière les coulisses, la succession d'Hugo Chavez s'annonce déjà difficile. Le vice-président Nicolas Maduro, successeur désigné par M. Chavez lui-même, a été assermenté président par intérim vendredi soir, dans la même académie militaire où est exposé le corps du défunt président.
Le principal dirigeant de l'opposition vénézuélienne, le gouverneur Henrique Capriles, a déjà affirmé vendredi que l'investiture était « une fraude constitutionnelle », rappelant que personne n'avait élu M. Maduro.
Les députés de la principale opposition ont quant à eux annoncé qu'ils boycotteraient la prestation de serment de M. Maduro, qu'ils considèrent également comme une « violation de l'ordre constitutionnel ».
En vertu de la Constitution vénézuélienne, c'est le président de l'Assemblée nationale, Diosdado Cabello, qui devrait occuper l'intérim jusqu'à la présidentielle, qui doit se tenir dans les 30 jours suivant la mort de Chavez.
Mais les critiques de l'opposition n'ont pas réussi à faire bouger le gouvernement. Après avoir prêté serment, Nicolas Maduro se portera donc candidat pour le parti au pouvoir, à titre de président sortant.
Il a affirmé avoir contacté le Conseil national électoral (CNE) pour demander à sa présidente de « convoquer immédiatement l'élection présidentielle pour que le peuple décide » du successeur de M. Chavez.
Il n'est pas encore clair quand aura lieu le scrutin, mais le CNE a fait savoir qu'il serait prêt à tenir une élection à compter du dimanche 14 avril.