Un rendement de 9,6 % pour la Caisse de dépôt

Michael Sabia, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
La vigueur des marchés financiers et l'immobilier ont permis à la Caisse de dépôt et placement du Québec de « produire des résultats solides » en 2012, selon son président et chef de la direction, Michael Sabia, qui entend poursuivre la réorientation de sa stratégie d'investissement en misant sur le long terme.
L'an dernier, l'institution a généré un rendement moyen de 9,6 %, soit davantage que son portefeuille de référence, 9,3 %. Son actif net a progressé de 17,2 milliards de dollars sur un an pour atteindre 176,2 milliards de dollars au 31 décembre 2012.
La Caisse a profité notamment de la bonne performance des marchés boursiers, essentiellement au second semestre de 2012, à l'exception des titres canadiens, en raison de la faiblesse du secteur des ressources naturelles. Les titres financiers, ceux à hauts dividendes et le secteur technologie ont par contre bien performé.
En 2011, la Caisse rapportait un rendement annuel de 4 % dans un contexte économique particulièrement turbulent et volatil. Sur trois ans, son rendement moyen est de 9 %. À titre comparatif, le fonds de retraite des employés municipaux de l'Ontario, OMERS, a enregistré un rendement de 10% en 2012.
Malgré tout, « il y a encore du travail à faire » pour assurer la stabilité des fonds de régimes publics de retraite et d'assurances que l'institution gère, admet M. Sabia. Pour y arriver, la Caisse compte poursuivre sa stratégie d'investissement, notamment :
- accroître sa présence dans les marchés émergents (Brésil, Colombie, Turquie et Chine);
- investir davantage dans l'immobilier aux États-Unis;
- diversifier certains portefeuilles (infrastructures et placements privés).
« C'est la performance à long terme qui compte. »
Une présence accrue au Québec
Même si l'institution s'est départie d'un bloc important d'actions dans Québecor, valant environ 1 milliard de dollars, pour diversifier ses investissements, ses actifs dans des entreprises québécoises ont progressé de 5,9 milliards de dollars en 2012 à 47,1 milliards de dollars au 31 décembre dernier.
La Caisse a notamment investi dans Rona, la Banque Laurentienne, CAE, Gildan et le Canadien National. Elle a aussi contribué à financer en partie des acquisitions, aidant CGI à acheter la britannique Logica et Genivar à mettre la main sur une autre société britannique, WSP.
L'institution ne se fixe pas de quotas d'investissements dans la province pour les prochains mois. Investir au Québec n'est pas une obligation pour la Caisse, a précisé M.
Sabia, c'est une occasion d'affaires, surtout que l'institution connaît particulièrement bien ce marché.
La Caisse a réalisé des progrès importants dans sa stratégie au Québec, a-t-il ajouté. Au cours des prochains mois, l'institution compte investir notamment dans les entreprises minières, au moment où les prix des ressources sont bas, et doit aussi annoncer un programme d'investissements pour assurer la pérennité de ses infrastructures au Québec.
La Caisse garde confiance en SNC-Lavalin et Genivar
« C'est certain que SNC-Lavalin passe une période extrêmement difficile », a reconnu Michael Sabia, le jour même où un mandat d'arrestation contre l'ex-PDG de la firme d'ingénierie, Pierre Duhaime, a été délivré. Actionnaire de SNC-Lavalin, la Caisse précise avoir confiance en la nouvelle administration et compte continuer à travailler avec la direction. La firme « reste une société de qualité (...) avec beaucoup de potentiel » mondial, comme il y en a peu au Québec et au Canada, a expliqué M. Sabia.
La Caisse s'est aussi entretenue avec la direction de la firme de génie-conseil Genivar, qui a mis à l'écart un de ses dirigeants à la suite de témoignages devant la commission Charbonneau. Elle dit avoir aussi confiance en la direction de cette entreprise.
Un contexte économique toujours précaire
L'année 2012 aura été celle de l'« essoufflement de la croissance mondiale », explique le premier vice-président et chef des placements de la Caisse, Roland Lescure, avec la récession en Europe et la reprise économique qui reste lente au Canada, comme aux États-Unis. Les taux d'intérêt sont aussi restés à des niveaux historiquement bas.
De plus, les taux de change ont pesé sur les résultats de la Caisse. Par exemple, ses investissements au Brésil ont rapporté un rendement de 20 % en 2012, mais les fluctuations de la devise brésilienne lui ont fait perdre 118 millions de dollars, pour un rendement de 8 % une fois les profits convertis en dollars canadiens. Cette situation s'est toutefois corrigée en bonne partie lors des deux premiers mois de 2013.
De la patience pour se réorienter
La Caisse continue à miser sur le moyen et le long terme plutôt que le court terme, tout en révisant la composition de ses portefeuilles. Elle continuera par exemple à se départir de ses actifs dans le secteur hôtelier, d'ailleurs au moins deux transactions devraient être annoncées au cours des prochaines semaines.
L'institution dit préférer attendre le meilleur moment pour vendre ses actifs plutôt que de les liquider pour limiter les pertes. La Caisse cherche à réduire son risque avec discipline et patience, explique son PDG, Micheal Sabia.
La Caisse s'attend à une économie mondiale plus robuste cette année, surtout si des réformes concrètes sont mises en œuvre dans la zone euro. « Les risques extrêmes ont diminué » avec les interventions des banques centrales, a souligné M. Sabia, ajoutant que les enjeux restent importants, mais que la situation s'est améliorée.
Les résultats de la Caisse sont « satisfaisants », selon le ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau.
Pour le ministre Marceau, le rendement obtenu par la Caisse en 2012 illustre à quel point rendement optimal et développement économique ne sont pas « irréconciliables ».
De son côté, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) salue le rendement « élevé » enregistré par la Caisse dans un climat économique incertain. « Cela aura sur les nombreux déposants et investisseurs, qui vont bénéficier de ce rendement », affirme Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la FCCQ qui regroupe près de 150 chambres de commerce et 1200 entreprises du Québec.