Vivre dans un cimetière à l'abandon

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Prenez note que cet article publié en 2013 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Pour Bratislav Stojanovic, la meilleure façon de survivre parmi les vivants est de descendre parmi les morts.
Cet homme sans abri de 42 ans vit dans un cimetière de Nis, dans le sud de la Serbie, depuis plus de 15 ans. Une tombe souterraine est devenue son refuge.
M. Stojanovic passe plusieurs de ses journées et de ses nuits caché en silence parmi les restes humains. Il affirme que cela l'apaise.
« C'est calme ici », explique-t-il. « Je n'ai pas peur des morts, ils ne peuvent me faire du mal. Mais les vivants peuvent. »
M. Stojanovic a empilé des matelas et des couvertures dans la tombe qui est devenue sa maison. Un toit de ciment recouvre la tombe, mais elle est ouverte sur l'extérieur d'un côté. C'est par là qu'il entre dans l'espace étroit, mais l'ouverture permet aussi à la pluie et au froid de s'engouffrer dans son refuge.
Dans son abri de fortune, M. Stojanovic possède des bouteilles de plastique et des bougies qu'il a récupérées sur les autres pierres tombales du cimetière, et dont il se sert pour s'éclairer la nuit. Il y a même un crâne humain dans la tombe, dit-il.
Le vieux cimetière est situé dans le centre-ville de Nis et il est fermé depuis le milieu des années 1970, quand les autorités ont ouvert un nouveau cimetière loin du centre.
La pierre tombale installée sur l'abri de Bratislav Stojanovic est en partie brisée, mais affiche encore les photos des défunts enterrés en-dessous. À travers le cimetière, certaines tombes ont été ouvertes et apparemment pillées.
« Il est rare que des gens viennent ici maintenant », affirme M. Stojanovic. « Je suis seul avec moi-même. »
Bratislav Stojanovic vit dans la rue depuis le milieu des années 1990, quand son pays a été plongé dans un tourbillon de conflits ethniques, de sanctions internationales et de crise économique.
Il travaillait auparavant dans le domaine de la construction, mais il n'arrivait plus à trouver du travail et à s'occuper de son père âgé, avec qui il vivait.
Au fil des ans, il s'est mis à passer plus de temps dans la rue que dans sa maison. Il y a deux ans, la résidence familiale a pris feu et a été complètement détruite, tuant son père et le laissant complètement démuni.
Les autorités de Nis ont offert à M. Stojanovic une place dans une maison de retraite, mais il a refusé. Il affirme que des gens l'aident parfois, mais que la plupart du temps, il trouve ce dont il a besoin dans les conteneurs à déchets, incluant de la nourriture, des cigarettes et des vêtements.
« Je vis plus ou moins dans cet endroit depuis 15 ans maintenant. Si je n'arrive pas à trouver une maison abandonnée ou vide où je peux m'abriter, je reviens ici », dit-il. « C'est mon refuge. »
The Associated Press