Cadre financier du PQ : 2 milliards $ d'engagements

Pauline Marois présente son cadre financier à Québec.
Photo : La Presse canadienne / CLEMENT ALLARD
Prenez note que cet article publié en 2012 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Critiqué à de nombreuses reprises par ses adversaires sur son retard à déposer son cadre financier, le Parti québécois (PQ) a finalement présenté vendredi ses chiffres. Le coût total de ses engagements s'élève à 2 milliards de dollars.
D'une part, la chef du PQ, Pauline Marois chiffre l'ensemble de ses promesses à 992 millions de dollars. Voici quelques exemples :
- Compléter le réseau de garderie : 177 millions $
- Non-indexation du tarif de garde : 47 millions $
- Annulation de la hausse des droits de scolarité : 150 millions $
- Plus de soins pour les aînés : 119 millions $
- Compléter le réseau des groupes de médecine de famille : 96 millions $
D'autre part, l'abolition de la taxe santé coûterait 1 milliard de dollars à un gouvernement péquiste, qui compte financer cette mesure par une augmentation des impôts des plus riches.
Lors d'un point de presse à Québec, la chef péquiste a qualifié son cadre financier de « rigoureux » et de « responsable » et en a profité pour attaquer une nouvelle fois la Coalition avenir Québec (CAQ).
« « Contrairement à la CAQ, qui invente des revenus qui n'existeront pas, notre cadre financier est basé sur les prévisions actuelles du ministère des Finances. Ce sont de vrais revenus. Ce cadre financier est donc très responsable. » »
Pour financer ses promesses, le PQ miserait entre autres sur la hausse des impôts pour ceux qui gagnent plus de 130 000 $ par an et la croissance économique prévue au budget 2012-2013. Le parti prévoit aussi limiter la croissance des dépenses de programmes à 2,4 %. Elles augmentent actuellement de 3 % par an.
Pourquoi 2 milliards de dollars?
Note de la rédaction : Dans un souci d'équité, nous avons utilisé la même méthode de calcul pour tous les cadres financiers. Par exemple, nous avons décidé que l'abolition de la taxe santé, qu'elle soit financée ou non par d'autres mesures, devait être calculée dans le coût des engagements des partis. C'est aussi ce que nous avons fait pour la CAQ.
Paiement de la dette
Les sommes récoltées par la hausse des redevances minières, soit 388 millions de dollars, serviraient à payer la dette, a indiqué Pauline Marois. La moitié irait au remboursement de la dette et l'autre moitié compenserait les pertes en péréquation.
Par ailleurs, les péquistes renonceraient à hausser les prix d'électricité du bloc patrimonial, se privant ainsi de 1,6 milliard de dollars de revenus additionnels en 2018. Le gouvernement libéral prévoyait déposer cette somme dans le Fonds des générations.
Comme le Parti libéral et la Coalition avenir Québec, le Parti québécois prévoit un retour à l'équilibre budgétaire dès l'an prochain.
Voici les cadres financiers des autres partis :
- Coalition avenir Québec (3,7 milliards $)
- Parti libéral du Québec (1,2 milliard $)
- Québec solidaire (8 milliards $)
Cadre financier du Parti québécois (Nouvelle fenêtre)
Croissance économique
Le cadre financier du PQ s'appuie sur une estimation de la croissance économique du Québec de 1,4 % en 2012, a déclaré Pauline Marois en conférence de presse. Soit 0,2 point de moins que la prévision inscrite dans le budget 2013-2013 du Québec qui a servi de base aux cadres financiers du Parti libéral du Québec et de la Coalition avenir Québec.
L'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a cependant publié jeudi les chiffres du produit intérieur brut (PIB) québécois. Il a reculé de 0,4 % en mai, après avoir stagné au mois d'avril. Sur les cinq premiers mois de l'année, la croissance du Québec atteint tout juste 0,4 %.
Selon l'économiste de la Banque Nationale Marc Pinsonneault, la croissance du PIB québécois pourrait ainsi ne pas dépasser la barre du 1 % cette année. Comme le souligne Gérard Fillion (Nouvelle fenêtre) sur son blogue, l'écart de croissance avec les prévisions des partis politiques pourrait se traduire par des pertes de revenus de l'ordre de 300 à 350 millions de dollars pour le gouvernement du Québec.
Interrogée sur la fiabilité des prévisions du PQ au regard des chiffres publiés jeudi par l'ISQ, Pauline Marois a déclaré qu'il ne fallait « jamais se fier aux données mensuelles. C'est tout à fait raisonnable ce qu'on a prévu », a ajouté la chef péquiste.
Le PQ veut mettre fin au Fonds des générations
Le cadre financier prévoit aussi qu'un gouvernement péquiste pigera à raison de 5,5 milliards de dollars dans le Fonds des générations pour rembourser la dette. Il s'agit de la valeur exacte de ce fonds en 2013, selon le ministère des Finances.
Actuellement, les sommes que le gouvernement y investit sont mises de côté jusqu'en 2025. Le gouvernement croit que les rendements sur les marchés financiers seront plus avantageux qu'un paiement immédiat de la dette.
« On ne veut pas revivre les pertes de 2008 », a expliqué le candidat péquiste Nicolas Marceau, qui participait au point de presse aux côtés de Pauline Marois, faisant écho à la crise financière internationale qui avait lourdement plombé les résultats de la Caisse de dépôt et placement.
Des adversaires critiques
Le chef libéral Jean Charest a rapidement indiqué que le cadre financier du Parti québécois n'était pas valable, selon lui, et qu'il se traduirait par un poids additionnel sur les Québécois. « Elle va taxer plus et augmenter les impôts. Qui va recevoir la facture? Même les gains en capital de la classe moyenne sont touchés », a déclaré le chef libéral.
Il critique spécifiquement aussi la volonté du Parti québécois mettre fin au Fonds des générations, dont il considère qu'il est un élément de crédibilité auprès des agences de notation.
En plus, dit-il, « elle oublie de dire que le Fonds des générations est déjà comptabilisé sur la réduction de la dette. Alors franchement, si elle ne le savait pas, elle fait exprès pour induire les gens en erreur ».
« C'est pour cela qu'elle a tardé à le déposer », a jouté Jean Charest.
Du côté de la CAQ, même scepticisme, mais sous un angle un peu différent. François Legault a ainsi déclaré : « Mme Marois vous dit :''Je vais réduire les dépenses de 2 milliards, mais je n'aime pas la chicane, alors je ne vais couper nulle part''. Alors c'est mathématiquement impossible, parce que le deux tiers des dépenses, ce sont des salaires. »
La coporte-parole de Québec solidaire, Françoise David, trouve « extrêmement décevant » le cadre financier du Parti québécois qu'elle qualifie de « budget d'austérité ». Le PQ prévoit peu d'investissements en santé et en éducation, déplore-t-elle. « Si on investit très peu, comment peut-on prétendre qu'on va résoudre des problèmes importants comme la finalisation du réseau de groupes de médecine familiale. Comment peut-on penser qu'on va vraiment lutter contre le décrochage scolaire ».
Ressources naturelles
Plus tôt vendredi, Pauline Marois a réitéré son engagement à hausser les redevances sur les ressources naturelles. « Le Parti québécois est en faveur du développement du Nord du Québec, mais pas n'importe comment ni à n'importe quel prix. C'est d'une véritable stratégie d'enrichissement durable dont le Québec doit se doter. Le développement de nos ressources naturelles doit se faire au profit de tous », a dit la chef du PQ dans un communiqué.
La stratégie de développement des ressources naturelles du Parti québécois propose aussi :
- De faire participer l'État à certains projets stratégiques;
- De favoriser la transformation des ressources au Québec;
- De vendre l'électricité à bon prix;
- De faire assumer aux entreprises le coût des infrastructures;
- D'assurer un développement respectueux de l'environnement et des communautés.
gaetan.pouliot@radio-canada.ca (Nouvelle fenêtre)
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Avec la collaboration de Geoffrey Dirat et de Florence Meney