La CAQ propose une réduction d'impôt pour la classe moyenne

Le chef de la CAQ, François Legault, promet une réduction de 1000 $ du fardeau fiscal des familles ayant un revenu de moins de 100 000 $.
Prenez note que cet article publié en 2012 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Grâce à des gains obtenus par un « grand ménage », la Coalition avenir Québec promet de réduire de 1000 $ le fardeau fiscal de la classe moyenne, soit des familles ayant un revenu annuel de moins de 100 000 $, selon la définition qu'en donne le parti.
Quand elle parle de « grand ménage », la CAQ évoque la lutte qu'elle voudrait mener contre la corruption, mais également contre le gaspillage et la trop grande bureaucratie au Québec. « Les Québécois paient trop d'impôts et n'en ont pas pour leur argent », a affirmé le chef de la formation politique, François Legault, dans un point de presse donné à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Concrètement, M. Legault promet notamment des suppressions de postes chez Hydro-Québec ainsi que l'abolition des commissions scolaires et des agences de santé.
Avec les gains ainsi dégagés, qui seront chiffrés lors du dévoilement prochain du cadre financier du parti, un gouvernement de la CAQ promet de faire deux choses : améliorer les services aux citoyens, et alléger le fardeau fiscal des contribuables de la classe moyenne. Une première réduction de 600 $ serait donc financée par les gains du « grand ménage » de la CAQ.
Un gouvernement de la CAQ abolirait aussi la contribution santé sur deux ans pour les contribuables ayant un revenu familial de moins de 100 000 $, ce qui permettrait de réduire leur fardeau fiscal de 400 $. Selon le chef de la CAQ, cette taxe santé imposée par le gouvernement Charest, qui est de 200 $ pour l'année fiscale 2012, est inéquitable et inefficace.
Une réduction de 1000 $ sur cinq ans
À terme, avec un gouvernement de la CAQ, les impôts de la classe moyenne seraient réduits de 1000 $ par an. Voici comment se déclinerait cette réduction :
- 1re année : 200 $ abolition de la taxe santé;
- 2e année : 200 $ abolition de la taxe santé;
- 3e année : remise de 200 $ d'impôts;
- 4e année : remise de 200 $ d'impôts;
- 5e année : remise de 200 $ d'impôts.
Selon les calculs de la CAQ...
Coût de l'annulation de la contribution santé : 730 millions de dollars
Coût total des baisses d'impôt de la 3e, 4e et 5e année : 1,8 milliard de dollars
Nombre de Québécois touchés : 4,5 millions
M. Legault estime que cette réduction du fardeau fiscal de la classe moyenne permettra au Québec d'avoir une fiscalité plus concurrentielle, de stimuler la demande et d'accélérer la croissance économique. Ultimement, le chef de la CAQ souhaite que cela permette au Québec de remonter dans le classement canadien des provinces en ce qui a trait au revenu disponible, dans lequel la province se classe 9e sur 10.
Par ailleurs, M. Legault n'a pas voulu donner de date pour le dévoilement du cadre financier de la CAQ, se contentant de dire que cela sera fait « au cours des prochains jours ». « Ne vous inquiétez pas, je suis comptable agréé, ça va balancer », a-t-il ajouté.
Quant aux inquiétudes sur les pertes de postes que son « grand ménage » pourrait encourir dans la fonction publique, le chef de la CAQ a répondu avoir déjà annoncé la suppression de 7000 postes, précisant que seulement chez Hydro-Québec, 6000 personnes prendront leur retraite de façon volontaire d'ici 2018. « Les personnes vont soit prendre leur retraite sur une base volontaire, soit être transférées à d'autres ministères », a affirmé M. Legault.
Jean Charest qualifie l'annonce de la CAQ d'irresponsable

Le chef libéral Jean Charest, entouré des ministres Pierre Arcand (Développement durable et Environnement, Raymond Bachand (Finances) et de la candidate libérale dans Saint-François, Nathalie Goguen
À Sherbrooke, dans la circonscription de Saint-François, le chef du Parti libéral, Jean Charest, a réagi à l'annonce de François Legault. M. Charest parle d'un virage à 180 degrés pour M. Legault, qui a, selon lui, plutôt réclamé des hausses d'impôts et de taxes tout au long de sa carrière politique.
« Je trouve ça, de la part de M. Legault, franchement - non seulement ce n'est pas crédible - totalement irresponsable. Nous devons revenir à l'équilibre budgétaire. La crédibilité des dépenses publiques en dépend. »
Interrogé à savoir s'il comptait lui-même offrir une réduction d'impôts aux Québécois, M. Charest a répondu que son gouvernement l'avait « déjà fait », soulignant que M. Legault avait d'ailleurs voté contre cette mesure en 2007. « C'est maintenant connu, François Legault voulait renverser le gouvernement sur la baisse d'impôts », a déclaré M. Charest.
Le PQ se questionne sur la provenance de l'argent
De la Gaspésie, Pauline Marois a quant à elle affirmé que la CAQ s'inspirait des politiques de son parti en proposant l'abolition de la contribution santé. Le Parti québécois propose en effet déjà dans son programme d'abolir la taxe santé, qualifiée par Mme Marois d'impôt « tout à fait injuste ».
La chef péquiste a rappelé que son parti s'engageait à remplacer cette taxe par l'introduction de deux nouveaux paliers d'imposition pour les salariés gagnant plus de 130 000 $ et plus de 250 000 $. Pauline Marois se demande donc d'où viendra l'argent pour financer les allégements fiscaux promis par la CAQ, affirmant que cela commençait à devenir de « l'argent de Monopoly ».
La réplique du syndicat de la fonction publique
Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) a de son estimé que la volonté de la CAQ de sabrer 7000 emplois dans la fonction publique entraînera « une amplification de la corruption dans la sphère politique québécoise ».
Dans un communiqué, le SFPQ affirme que le personnel de l'État exerce « un rempart » face à la corruption. Le syndicat qui regroupe quelque 31 000 fonctionnaires québécois relève que Jacques Duchesneau, candidat de la CAQ dans Saint-Jérôme, avait déploré la perte d'expertise au ministère des Transports alors qu'il était à la tête de l'Unité permanente anticollusion.
Par ailleurs, le SFPQ affirme que d'autres ministères et organismes sont aussi aux prises avec des hausses de coût liées à la sous-traitance. « Monsieur Legault veut un État plus mince, mais devra débourser davantage pour avoir recours à la sous-traitance afin d'offrir les services de l'État. En agissant de la sorte, il ouvre la porte à la corruption et en fin de compte ce sont les citoyennes et les citoyens qui en feront les frais », estime Denise Boileau, vice-présidente du SFPQ.
Avec des informations d'Yvan Côté