Déversement au Michigan : Enbridge épinglée par les autorités américaines

Les équipes de nettoyage à Marshall Township au Michigan à la suite de la fuite de juillet 2010.
Photo : Paul Sancya/Associated Press)
Le problème à l'origine du déversement de pétrole survenu près de Marshall au Michigan en juillet 2010 était connu depuis plus de cinq ans par son propriétaire, la pétrolière albertaine Enbridge, a affirmé mardi la présidente du bureau américain de la sécurité des transports.
Deborah Hersman a fait cette déclaration lors d'une audience tenue par l'agence fédérale tenue à l'aube du dévoilement du rapport d'un groupe de cinq experts chargé d'étudier les causes de ce déversement, le plus important jamais survenu en sol américain.
« En 2005, Enbridge a détecté le défaut à l'origine de cette défaillance », a dit Mme Hersman. « Néanmoins, pendant cinq ans, ils n'ont rien fait pour régler le problème de corrosion ou de craquèlement de l'endroit où s'est produite la rupture, et le problème s'est amplifié. »
Selon l'enquêteur principal au dossier, Matt Nicholson, le problème à l'origine du déversement a été incorrectement identifié comme ne nécessitant pas d'intervention immédiate en 2005.
Enbridge admet que près de 3,2 millions de litres de bitume naturel dilué se sont déversés dans l'environnement, bien que l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) soutienne que plus de 4,3 millions de litres ont été récoltés depuis dans les environs de la rivière Kalamazoo. Le nettoyage de la zone contaminée a coûté quelque 800 millions de dollars.
Il y a un peu plus de deux semaines, le NTSB avait publié un rapport détaillant comment les employés en poste le jour de l'incident ont réagi. Il concluait que les contrôleurs du pipeline ont ignoré plusieurs avertissements de fuite de pétrole dans la rivière Kalamazoo avant d'agir.
La présidente du bureau de la sécurité des transports a aussi affirmé qu'Enbridge a pu profiter des défaillances du régime réglementaire de surveillance en vigueur aux États-Unis. Le rapport final de l'agence, qui devrait être publié au cours des prochaines semaines, doit d'ailleurs contenir des recommandations à ce sujet.
Enbridge est passible d'une amende de 3,7 millions de dollars dans cette affaire.
Réactions en Colombie-Britannique
Les conclusions du rapport du Bureau américain de la sécurité des transports inquiètent le ministre de l'Environnement de la Colombie-Britannique, Terry Lake.
La pétrolière albertaine Enbridge est dans la ligne de mire des groupes environnementaux en raison du projet Northern Gateway, qui prévoit la construction de deux pipelines de 1170 km reliant Bruderheim, en Alberta, à Kitimat, en Colombie-Britannique.
Le premier pipeline transporterait chaque jour 525 000 barils de pétrole brut des sables bitumineux albertains vers Kitimat; le second acheminerait dans le sens contraire 193 000 barils de condensats, un pétrole léger qui sert à liquéfier le pétrole brut pour le faire circuler dans le pipeline.
Le ministre Lake souligne que les Britanno-Colombiens tiennent à protéger l'environnement et qu'il faut absolument réduire les risques de désastre écologique au maximum et mettre en place des plans d'urgences.
Il ajoute toutefois que les conclusions du rapport qui critiquent les réactions de la compagnie Enbridge avant et pendant le déversement dans la rivière Kalamazoo le préoccupent.
Les consultations publiques au sujet du projet Northern Gateway, qui ont déjà causé tout un émoi, se poursuivent à Prince George mardi.
Lundi, l'Office national de l'énergie du Canada (ONE) a annoncé que la rencontre prévue à Hazelton aura plutôt lieu à Smithers pour des raisons de sécurité.
En avril, l'ONE a reporté le début des consultations à Bella Bella à la suite de manifestations en citant là aussi des raisons de sécurité.
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs des communautés de la province qui ont accueilli des audiences publiques au sujet du projet Northern Gateway.