Égypte : Moubarak condamné à passer le reste de sa vie en prison

Hosni Moubarak sur une civière dans le box des accusés
Photo : AFP
L'ancien président égyptien Hosni Moubarak, 84 ans, a été condamné samedi à la prison à vie pour complicité de meurtres après la mort de manifestants, tués l'an dernier lors de la révolte qui a entraîné sa chute le 11 février 2011.
L'un de ses avocats a aussitôt déclaré que son client allait faire appel.
Le procureur général a par ailleurs ordonné le transfert en prison de l'ancien dirigeant, jusqu'ici placé en détention préventive dans un hôpital militaire près du Caire.
Selon un responsable des services de sécurité, M. Moubarak a refusé en pleurant de quitter l'hélicoptère qui l'a transporté du tribunal vers une aile médicalisée de la prison de Tora, un faubourg du sud de la capitale. Il a aussi été victime d'un malaise à son arrivée en prison.
Allongé sur une civière et portant des lunettes noires, il était resté impassible à la lecture du verdict, comme lors des précédentes audiences.
Autre condamnation et acquittements
L'ex-ministre de l'Intérieur de Hosni Moubarak, Habib El-Adli, est lui aussi condamné à la prison à vie.
Six anciens hauts responsables des services de sécurité, jugés dans le cadre du même procès, ont quant à eux été acquittés.
Hosni Moubarak a été acquitté des chefs de corruption qui pesaient sur lui, tout comme ses deux fils Gamal et Alaa. Mais ces derniers doivent être jugés dans un autre procès pour délit d'initiés.
Des échauffourées ont éclaté au tribunal après l'énoncé du verdict.
« Le peuple veut la purge de la justice! », ont crié des avocats, furieux après l'acquittement des six responsables de la sécurité et l'annonce par le juge que les faits étaient prescrits pour les fils de Moubarak, accusés de corruption.
Les Frères musulmans ont pour leur part estimé que l'ancien président et ses coaccusés doivent être rejugés sur la base de preuves plus solides et appelé la population à manifester.
Les avocats qui se sont constitués partie civile ont d'ailleurs dit craindre que Moubarak et son ex-ministre de l'Intérieur soient acquittés en appel.
Un ancien ministre israélien de la Défense, Binyamin Ben Eliezer, a quant à lui déploré la condamnation de l'ancien président égyptien à la prison à vie.
« J'aurai souhaité un peu plus de clémence et de pitié de la part du tribunal pour celui qui a consacré toute sa vie au peuple égyptien. Moubarak est un vrai patriote égyptien et tous ceux qui l'ont connu de près savent que le Moyen-Orient après lui n'est plus le même, et que nous n'allons pas vers quelque chose de mieux », a-t-il affirmé à la radio militaire.
Le président Moubarak était considéré en Israël comme un garant de l'accord de paix conclu en 1979 entre l'État hébreu et l'Égypte.
Audience sécurisée
L'audience s'est tenue sous très haute sécurité. Des centaines de policiers antiémeutes et des blindés de l'armée entouraient dès les premières heures du matin le bâtiment pour prévenir les heurts qui se sont produits à plusieurs reprises devant le bâtiment entre partisans et opposants à Moubarak.
Une vingtaine de membres des familles de victimes, venus d'Alexandrie, brandissaient des portraits de leurs proches, tués lors des manifestations violemment réprimées.
Hosni Moubarak est le premier dirigeant emporté par la vague de révolte dans les pays arabes à comparaître devant les juges.
Il était jugé depuis le 3 août 2011 par un tribunal installé dans une école de police de la périphérie du Caire.
Depuis le début du procès, M. Moubarak est apparu couché sur une civière dans le box grillagé. Il souffrirait de problèmes cardiaques.
Le verdict intervient à deux semaines du deuxième tour de l'élection présidentielle, la première depuis la chute de M. Moubarak.
Le candidat des Frères musulmans Mohammed Morsi affrontera le dernier premier ministre de M. Moubarak, Ahmad Chafiq, au second tour les 16 et 17 juin.