Russie : Vladimir Poutine redevient président sur fond de contestation

Vladimir Poutine a lu sa prestation de serment une main posée sur la Constitution russe devant 2000 invités au Kremlin.
Photo : AFP / VLADIMIR RODIONOV
Prenez note que cet article publié en 2012 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Vladimir Poutine a prêté serment en tant que président de la Russie pour un mandat de six ans, lundi, à Moscou, présentant du même coup la candidature de Dimitri Medvedev pour lui succéder en tant que premier ministre.
Quelque 2000 personnes ont pris part à la cérémonie au Kremlin. Après avoir défilé sur un long tapis rouge sous les applaudissements, M. Poutine a prêté serment sur la Constitution, promettant « de respecter et protéger les droits et les libertés des citoyens ».
Vladimir Poutine avait été élu début mars avec plus de 63 % des voix au terme d'une élection dont la régularité a été contestée par l'opposition et par les pays occidentaux.
Nous entrons dans une nouvelle étape du développement national. Les années à venir vont être déterminantes pour le destin de la Russie pour les décennies à venir.
Le nouveau président ne s'est toutefois pas contenté d'aborder les enjeux de politique nationale. Après avoir accusé à maintes reprises Washington de financer l'opposition russe, et tandis que les relations russo-américaines se sont réchauffées sous la présidence de Dimitri Medvedev, Vladimir Poutine a signé un décret prônant « une politique stable et prévisible » avec les États-Unis, « basée sur les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures ».
M. Poutine souhaite notamment obtenir des « garanties concrètes » attestant que le déploiement du système de défense antimissile américain « ne constitue pas une menace pour les forces russes de dissuasion nucléaire ». Car jusqu'à maintenant, en dépit des affirmations de Washington voulant que le projet de bouclier antimissile en Europe vise à contrer une menace iranienne, Moscou s'inquiète des effets que pourraient avoir ces installations militaires.

Le président Medvedev et le premier ministre Poutine
Photo : AFP / DMITRY ASTAKHOV
Chaise musicale entre Medvedev et Poutine
Vladimir Poutine a déjà exercé deux mandats présidentiels de quatre ans entre 2000 et 2008. Il avait dû quitter la présidence en 2008, faute de pouvoir exercer plus de deux mandats consécutifs au Kremlin.
M. Poutine a ensuite passé quatre ans au poste de premier ministre pendant le mandat présidentiel de son dauphin, Dimitri Medvedev. Ce dernier doit maintenant devenir à son tour premier ministre, aux termes d'un accord dévoilé par les deux hommes en septembre. Cette entente avait exaspéré une bonne partie de l'opinion publique, lasse de voir les mêmes dirigeants au pouvoir.
« Dans les faits, tout le monde sait bien que c'est Vladimir Poutine qui a continué de tirer les ficelles derrière et qui restait l'homme fort du pays », analyse le correspondant de Radio-Canada à Moscou, Jean-François Bélanger.
Certaines figures de l'opposition affirment d'ailleurs que le retour de Poutine à la présidence représente « la fin de la mascarade », beaucoup de Russes jugeant qu'en fait, ce dernier n'a jamais vraiment cessé d'être président.

La manifestation de dimanche, à Moscou, a été marquée par la violence.
Photo : AFP / MIKHAIL POCHUEV
Assermentation sur fond de protestation
Cette assermentation survient dans un climat politique marqué, ces derniers mois, par la contestation de la mainmise de Vladimir Poutine sur le pays.
Jean-François Bélanger rapporte que Moscou avait des allures de « ville assiégée », lundi, avec une forte présence des forces policières. Le centre-ville de Moscou avait été bouclé, la circulation y était interdite et les stations de métro étaient fermées.
Les autorités étaient sur un pied d'alerte après une grande manifestation, dimanche, ayant réuni plus de 20 000 personnes dans les rues de la capitale. La manifestation a été violemment réprimée par les policiers, menant à l'arrestation de 436 personnes.
Les manifestants protestaient contre le retour de M. Poutine au Kremlin, dénonçant ce qu'ils jugent être une fraude électorale. Des manifestants scandaient « La Russie sans Poutine », « Poutine voleur ».
Deux dirigeants de l'opposition, le blogueur anticorruption Alexeï Navalny et le chef du Front de gauche, Sergueï Oudaltsov, ont été condamnés lundi à des amendes après avoir été arrêtés lors de la manifestation de dimanche.
Malgré l'important dispositif de sécurité, des opposants ont néanmoins essayé de se rassembler sans autorisation, lundi, près du Kremlin. La police a annoncé avoir arrêté quelque 120 personnes.
Avec les informations de Reuters