L'évolution sexuelle des patineurs sous la loupe

water strider movie explana... Rheumatobates rileyi
Photo : Université de Toronto
Prenez note que cet article publié en 2012 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'évolution des antennes des araignées d'eau, communément appelée patineurs, est maintenant mieux comprise grâce aux ingénieux travaux de chercheurs canadiens.
Ces insectes se déplacent à la surface des étendues d'eau, piquant puis aspirant l'intérieur des organismes qu'ils attrapent.
Leurs antennes, des appendices en forme de crochet, sont aussi utilisées par les mâles Rheumatobates rileyi pour maintenir les femelles durant les relations sexuelles.
Les travaux du Pr Locke Rowe, de l'Université de Toronto, et de ses collaborateurs Ehab Abouheif et Abderrahman Khila, des universités de Toronto et de McGill, ont montré qu'un gène ancien, responsable du développement de l'antenne (qui existe aussi chez d'autres insectes) a servi dans l'apparition de la fonction sexuelle chez les araignées d'eau.
Le gène s'appelle distal-less. Les chercheurs ont d'abord utilisé des vidéos à haute vitesse pour observer la façon dont le mâle utilisait ses antennes au cours de la période d'accouplement. Ils ont découvert que la structure en crochet de ses antennes permettait de saisir plus précisément la femelle.
Retour en arrière évolutif
L'équipe a ensuite utilisé une technique afin de réduire progressivement l'expression du gène dans les larves de mâles.
Ils ont créé des mâles avec diverses formes d'antennes allant de celles, simples, comparables à celles des femelles, jusqu'à celles de plus en plus en crochet.
Constat : sans ces structures, les mâles devaient batailler pour se maintenir au-dessus de la tête des femelles, ce qui rendait les préliminaires très difficiles, si bien qu'ils s'accouplaient moins et avaient une descendance moins nombreuse.
Ceux qui ont des antennes plus spécialisées ont beaucoup plus de succès.
Au cours de l'évolution, ces traits particuliers aux mâles et aux femelles tendent à se développer de plus en plus rapidement, phénomène que l'on peut comparer à une véritable course aux armements.
Selon les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Science, ce résultat donne l'occasion de mieux comprendre comment les forces de la sélection naturelle peuvent modeler des traits sexuels et leur conséquence sur la reproduction.