Les grands Jeux d'une vie

Mark Buffa
Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Pour certains athlètes, les Jeux panaméricains ne sont qu'un prélude aux Jeux olympiques, mais pour d'autres, ce sont LEURS Jeux olympiques.
C'est le cas des quilleurs Mark Buffa et de sa conjointe Caroline Lagrange, ainsi que du karatéka Sorin Alexandru. Pour eux, Guadalajara marquera leur baptême aux Jeux panaméricains où 10 sports non olympiques sont présentés.
« C'est gros pour moi. Ce sera la première fois que je représenterai le Canada sur la scène internationale. Jusqu'à l'an dernier, je représentais la Roumanie », raconte Alexandru, débarqué au Québec en 2007.
« D'autres coéquipiers m'ont dit qu'on a le sentiment de vivre ce qu'on vivrait si notre sport était olympique. Côté prestige, c'est le summun », affirme Mark Ruffa, champion canadien en 2008.
Josée Grand'Maître peut en témoigner. C'est une habituée du village des athlètes et des cérémonies d'ouverture et de fermeture. Médaillée de bronze aux Jeux panaméricains de 2003, elle en sera à sa quatrième expérience, mais sa première en huit ans, puisque le racquetball n'avait pas été retenu à Rio en 2007 (les sports non olympiques sont un choix discrétionnaire des organisateurs).
« Ce sont nos jeux multisports qui reviennent tous les quatre ans. On sent vraiment qu'on fait partie d'Équipe Canada. On est habillés avec les vêtements du Canada, on a tous les services de soutien (physio, masso, médecin), on a des personnes ressources qui peuvent nous aider avec les médias », explique la joueuse de racquetball, quatre fois vice-championne du monde en double.
Une nette différence avec les autres compétitions auxquelles prend part la vétérane de 50 ans, qui se fait affectueusement appelée « matante » par les jeunes recrues de l'équipe.
Contrairement à Buffa et Lagrange, Grand'Maître et Alexandru peuvent toutefois compter sur le soutien de Sports Canada.
Par contre, l'argent d'À nous le podium, Racquetball Canada et Karaté Canada ne le voient pas, puisqu'il est réservé aux sports olympiques. Une situation dommage étant donné que le Canada se débrouille passablement bien en racquetball sur la scène internationale.
Et contrairement au karaté, qui a failli faire son entrée aux Jeux olympiques de 2016, il faudrait presque un miracle pour que le racquetball fasse partie de la grande famille olympique.
« C'est difficile de suivre la balle, les échanges sont courts, parfois il n'y en a que trois. Donc, pour la télé, c'est moins bon, précise Grand'Maître. Aussi, le sport est surtout représenté en Amérique, en Corée et au Japon. Il ne se pratique pas en Afrique ou en Océanie. On a déjà essayé de déposer une demande commune racquetball-squash, mais ça n'a pas fonctionné. »
Des médailles en vue
Qu'à cela ne tienne, la Longueuilloise vivra pleinement ce qui sera peut-être ses derniers grands jeux. Réaliste, elle ne croit pas être en mesure de sortir les quatre meilleures pour atteindre les demi-finales en simple.
Par contre, elle entend bien aider ses plus jeunes coéquipières afin de décrocher le bronze à l'épreuve par équipe. Les Américaines et les Mexicaines seraient trop fortes pour prétendre les déloger des deux premières marches du podium.
Buffa n'a pas l'intention de revenir bredouille non plus. Le Québécois de 29 ans a déjà représenté le Canada à deux reprises aux Championnats du monde. Mais, cette fois, la fierté monte d'un cran.
« J'y vais pour remporter quelque chose. Je veux représenter mon pays de façon professionnelle », assure ce gradué de l'Université Wichita State qui offre le meilleur programme en quilles en Amérique du Nord.
Les Américains seront difficiles à battre. Ceux délégués au Mexique jouent sur le circuit professionnel. Buffa et sa conjointe, eux, ont choisi de conserver leur statut amateur pour des raisons professionnelles et financières.
L'argent ou le bronze sont à la portée de Buffa, d'autant plus que le salon de quilles de Guadalajara, il connaît. C'est à cet endroit que se sont déroulés les Championnats panaméricains en mai dernier. Le fils du seul entraîneur certifié or au Canada (son père Frank a entraîné l'Italie, les Émirats arabes unis et le Qatar) avait alors fini au 14e rang du classement cumulatif.
Lagrange, elle, peut prétendre à la médaille d'or, puisqu'elle a été sacrée vice-championne du monde à Hong Kong il y a quelques semaines.
Même chose pour Alexandru. Il ne se contentera de rien d'autre que l'or.
« Je vise la 1re place et rien d'autre. Je connais mes adversaires. Je les ai vus aux Championnats panaméricains au Mexique et à Las Vegas récemment. Et je peux les battre, assure le vétéran de 32 ans, qui se bat chez les -84 kg. Oui, j'aimerais que le karaté soit un sport olympique, c'est mon rêve. Mais j'aime mon sport et je le fais en premier pour moi-même. »
Quatre athlètes déterminés à faire de ces Jeux panaméricains, une expérience mémorable.