La Romaine n'est pas rentable, maintient Jean-Thomas Bernard
Le spécialiste en énergie et professeur d'économie à l'Université d'Ottawa Jean-Thomas Bernard soutient toujours que le projet hydro-électrique de La Romaine d'Hydro-Québec ne sera pas rentable, contrairement aux arguments présentés la société d'État et par Françoise Bertrand, présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec.
Hydro-Québec avance que le coût de l'électricité lié au projet se situe autour de 6,4 ¢ le kilowattheure. M. Bernard se demande comment Hydro-Québec peut en arriver à ce chiffre.
« Lors de la première annonce sur le projet, Hydro-Québec estimait un coût de l'ordre de 10 ¢ le kWh. Et là, elle arrive avec ce nouveau chiffre de 6,4. Pendant ce temps, le seul changement réel, ça a été la baisse du taux d'intérêt », affirme-t-il.
Selon son calcul, la baisse des taux sur les emprunts d'Hydro-Québec permet une réduction d'un demi-cent sur le coût du kWh, pas davantage.
D'après lui, le coût réel du projet avoisinerait davantage les 8,6 ¢ du kWh.
« Même avec un coût de 6,4 ¢ le kWh, c'est supérieur au prix [de vente] de 5,8 ¢ qu'on a convenu avec le Vermont pour 500 mégawatts au cours de la dernière année. L'argument principal de la Société est que le prix de l'électricité va augmenter. Mais on ne sait pas quel sera le prix dans 20-25 ans. Tout au plus, on sait que pour 5-10 prochaines années, le prix de l'électricité sera dominé par le prix du gaz et que ce prix a fléchi énormément et n'est pas sur le point de se redresser », avance-t-il.
« Je maintiens que La Romaine, ce n'est pas rentable. C'est comme si on finançait entièrement le projet par emprunt, à 5 %. Est-ce qu'un développeur privé aurait pu obtenir un financement à 5 % des intuitions financières sans prendre aucune part du risque? Je ne pense pas », poursuit-il.
« Il y a un risque dans ce projet. Évaluer ce projet comme s'il était sans risque, c'est contraire à de la bonne finance », termine-t-il.
En février dernier, le professeur agrégé HEC Montréal et spécialiste des politiques énergétiques, Pierre-Olivier Pineau, soutenait que les calculs de la société d'État étaient plausibles (Nouvelle fenêtre)en ce qui a trait au taux de financement.