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Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La création d'un État palestinien est au coeur des négociations qui piétinent depuis des années entre Israéliens et Palestiniens.
L'an dernier, après une brève reprise des négociations directes, la fin du moratoire de 10 mois sur la colonisation israélienne en Cisjordanie a rapidement conduit à une nouvelle impasse. Le gel de la construction de colonies étant une condition sine qua non pour que les Palestiniens acceptent de négocier avec les Israéliens, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a qualifié de « perte de temps » la poursuite des pourparlers.
C'est ainsi que M. Abbas, donné politiquement mort à plusieurs reprises, a décidé de jouer l'une de ses dernières cartes : demander l'adhésion d'un État palestinien à l'Organisation des Nations unies (ONU). Les frontières de ce nouvel État seraient basées sur les frontières d'avant la guerre des Six Jours de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. L'Autorité palestinienne tente ainsi d'obtenir une légitimité additionnelle, tout en forçant les États à se prononcer sur la question.
De l'avis du président de l'Autorité palestinienne, la reconnaissance de la Palestine comme État par l'ONU changerait les termes de référence du débat, et ce, même si ce nouvel État devrait tout de même négocier son indépendance avec Israël. M. Abbas soutient, par exemple, que des prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes deviendraient du coup des prisonniers de guerre.
Statut de la Palestine au sein des Nations unies
Présentement, la Palestine est considérée comme une « entité à laquelle a été adressée une invitation permanente à participer en qualité d'observateurs aux sessions et aux travaux de l'Assemblée générale et ayant un bureau permanent au Siège de l'ONU ». Le Vatican a un statut semblable, à la différence qu'il est considéré comme un « État non membre », tandis que la Palestine est considérée comme une « entité ».
L'éventuelle reconnaissance formelle de l'État de Palestine se ferait en deux temps. Il faudrait d'abord que 9 des 15 membres du Conseil votent en faveur de la résolution, dont les 5 membres permanents (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine). Le cas échéant, l'appui des deux tiers des pays membres de l'Assemblée générale serait ensuite requis (129 sur 193).
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Washington a cependant déjà indiqué qu'il ferait usage de son droit de veto. Devant ce blocage, Mahmoud Abbas pourrait demander un statut d'État non membre, qui ne nécessiterait qu'une majorité simple à l'Assemblée générale. Si le Conseil de sécurité votait contre la demande, le dossier pourrait tout de même se retrouver à l'Assemblée générale.
Si tel était le cas, un vote à la majorité simple permettrait à la Palestine d'obtenir un statut d'État non membre, ce qui lui permettrait tout de même de pouvoir s'adresser à la Cour internationale de justice (CIJ).
La communauté internationale divisée
Même si la majorité des pays devrait voter pour l'adhésion d'un État palestinien à l'ONU, des poids lourds de la diplomatie ont annoncé qu'ils voteraient contre.
En plus d'Israël, les États-Unis ne croient pas que la marche vers l'indépendance de la Palestine passe par un vote aux Nations unies. Washington croit qu'il faut plutôt continuer les négociations avec Israël. Les Américains ont déjà annoncé qu'ils opposeraient leur veto à un vote au Conseil de sécurité. La tenue d'un tel vote mettrait toutefois Washington dans une situation embarrassante, au moment où le président Obama dit vouloir la création d'un État palestinien et souhaite améliorer les relations avec le monde arabe.
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De son côté, l'Union européenne souhaite aussi la création d'un État palestinien, mais plusieurs pays sont réticents à la démarche unilatérale. Le vote aux Nations unies risque donc de diviser le groupe des 27. La France et la Grande-Bretagne ont annoncé qu'elles s'abstiendraient.
L'ex-premier ministre britannique Tony Blair, envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient (qui regroupe l'Union européenne, les États-Unis, la Russie et les Nations unies), soutient lui aussi que le seul moyen d'arriver à la création d'un État palestinien passe par les négociations, et que les tractations devraient se poursuivre jusqu'à la dernière minute pour tenter de convaincre les Palestiniens d'abandonner leur demande à l'ONU.
Quant au Canada, le premier ministre Stephen Harper a affirmé que son gouvernement avait l'intention de s'opposer à la démarche unilatérale des Palestiniens.
Le vote du Conseil de sécurité pourrait avoir lieu rapidement, mais il pourrait aussi attendre plusieurs semaines si les membres décident de demander un délai pour évaluer la demande de l'Autorité palestinienne. Les procédures donneraient alors plus de temps aux diplomates pour tenter de relancer les négociations.
Une frontière à tracer
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé à plusieurs reprises qu'il rejetait l'idée d'un retour aux frontières en vigueur avant la guerre des Six Jours, en 1967, puisque ces frontières sont « indéfendables » militairement.
Au printemps, le président Obama a dit prôner la création d'un État palestinien sur la base des frontières de 1967, soulignant que les lignes de l'État palestinien devraient tenir compte des « nouvelles réalités démographiques sur le terrain et des besoins des deux parties ».
Des appuis internationaux pour les Palestiniens
Selon un sondage effectué auprès de 20 466 répondants dans 19 pays, une majorité de répondants appuient la démarche palestinienne, que ce soit au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Russie, en Chine, en Inde, au Brésil, en Turquie, en Égypte, au Pakistan ou en Indonésie.
Le Hamas contre l'initiative de l'Autorité palestinienne
De son côté, le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, s'oppose à la démarche unilatérale de l'Autorité palestinienne (représentée par le Fatah et qui contrôle la Cisjordanie). Le Hamas souhaiterait plutôt « demander une reconnaissance d'un État palestinien sur tout le territoire de la Palestine [d'avant la création d'Israël] et la confirmation du droit des Palestiniens à vivre à l'intérieur des frontières de cet État », a déclaré Khalil Al-Hayya, haut dirigeant du mouvement islamiste.
Cette stratégie du Fatah « comporte de nombreux risques et peut constituer une violation des droits nationaux comme le droit au retour, notre droit à la résistance et à l'autodétermination », a affirmé vendredi le porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri.
Le Hamas ne minimise pas « l'importance de la position des États et des parties qui défient le lobby sioniste et les pressions américaines pour soutenir la cause palestinienne, mais l'important est que cette action n'est pas acceptée par l'ensemble des Palestiniens », avait-il expliqué quelques jours plus tôt.
Les « Palestine Papers », documents de la division
En janvier 2011, la chaîne Al-Jazira a diffusé plus de 1600 documents utilisés dans le cadre des négociations de paix israélo-palestiniennes entre 1999 et 2010. La chaîne de télévision a alors affirmé que les « Palestine Papers » prouvent que l'Autorité palestinienne a accepté de céder sur plusieurs points, notamment en proposant à Israël d'annexer tous les quartiers de Jérusalem-Est à l'exception de Har Homa et de limiter à 100 000 le nombre de Palestiniens qui pourraient retrouver leur terre.
Les « Palestine Papers » ont alors donné des munitions au parti islamiste Hamas. « Ces documents secrets sont graves et montrent l'implication de l'autorité du Fatah dans les tentatives de liquidation de la cause palestinienne, en particulier sur le dossier de Jérusalem et des réfugiés », a ainsi commenté Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas à Gaza.
Le correspondant de Radio-Canada pour le Moyen-Orient, Luc Chartrand, revient sur l'histoire de ce long conflit israélo-palestinien, faite de rendez-vous manqués avec la paix.
Les grands rendez-vous israélo-palestiniens
Depuis une vingtaine d'années, les négociations entre les deux parties n'ont jamais mené à la conclusion d'un traité global mettant fin à un conflit qui dure depuis plus de 60 ans.
1993 - Accords d'Oslo
Le 13 septembre 1993 à Washington, des accords conduisent à la création de l'Autorité palestinienne, chargée d'administrer la Cisjordanie et la bande de Gaza, dans le cadre d'une autonomie limitée.
Ces accords ont été conclus après plusieurs rencontres secrètes à Oslo.
1997 - Accord d'Hébron / 1998 - Memorandum de Wye River
Palestiniens et Israéliens parviennent à conclure deux accords. Le premier, le 17 janvier 1997, concerne la ville d'Hébron et conduit au retrait des forces israéliennes de la majeure partie de cette cité de Cisjordanie.
Le 23 octobre 1998, le Mémorandum de Wye River prévoit de nouveaux redéploiements de l'armée israélienne et avance l'année 1999 comme date butoir en vue d'un accord définitif.
2000 - Sommet de Camp David
Le président Clinton invite Yasser Arafat et le premier ministre israélien Ehoud Barak à sa résidence de Camp David en juillet 2000.
Après deux semaines d'âpres tractations à l'initiative du président américain Bill Clinton, aucun accord n'est conclu.
Principal point de blocage, le statut de la ville de Jérusalem. Les Israéliens la considèrent comme leur capitale éternelle, et les Palestiniens la veulent aussi comme capitale de leur futur État.
2003 - La « feuille de route »
Le Quartette des médiateurs internationaux au Proche-Orient établit en avril 2003 une « feuille de route » destinée à rétablir la paix.
Ce document appelle les Palestiniens à renoncer à la violence, demande la reprise de la coopération entre Israël et les Palestiniens en matière de sécurité et exige la fin de la colonisation juive dans les territoires occupés.
Le président américain George W. Bush organise un sommet avec les premiers ministres israélien et palestinien, Ariel Sharon et Mahmoud Abbas. Les Palestiniens acceptent le document, comme les Israéliens, qui émettent cependant des réserves sur 14 points.
2007 - Conférence d'Annapolis
Le président Bush invite le président palestinien Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien Ehoud Olmert à Annapolis, dans le Maryland, pour lancer une nouvelle série de négociations de paix.
Abbas et Olmert se rencontrent à plusieurs reprises. Les deux parties disent être parvenues à un accord sur la plupart des grands dossiers, mais les discussions sont interrompues par la chute d'Olmert, chassé du pouvoir en 2009 par des accusations de corruption.