Gilbert comme prévu

Philippe Gilbert
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
QUÉBEC - Il était l'homme à battre... et personne ne l'a battu. Philippe Gilbert a largement répondu aux attentes en remportant la deuxième édition du Grand Prix cycliste de Québec, vendredi.
Et grâce à sa victoire, le Belge (Omega Pharma-Lotto) a atteint son but : ravir le 1er rang mondial à l'Australien Cadel Evans, champion du Tour de France. Une première place qu'il est presque assuré de conserver jusqu'au terme de la saison. Il détient désormais 74 points d'avance sur Evans (648 contre 574).
« Finir numéro un mondial une fois dans sa vie, c'est quelque chose de bien. 2011 reste une saison exceptionnelle. C'est la cerise sur le gâteau de finir numéro un. Je prendrai le départ avec moins de pression », a déclaré le champion de Belgique sur route et au contre-la-montre.
Au terme des 201,6 km (16 boucles de 12,6 km) parcourus en 5 h 3 min 8 s (39,9 km/h en moyenne), Gilbert a devancé de trois secondes le Néerlandais Robert Gesink (Rabobank), qui avait terminé 3e l'an dernier dans la Vieille Capitale avant de triompher à Montréal deux jours plus tard.
Le Colombien Rigoberto Uran (Sky) a complété le podium, à 9 s du vainqueur. Son coéquipier Michael Barry, qui a fait un boulot colossal devant le peloton pendant presque toute la journée, a été le meilleur Canadien avec une 14e position, à 1 min 23 s.
Cette fois, par contre, Gilbert a dû travailler d'arrache-pied pour enlever sa 17e victoire de la saison. Mal entouré par sa formation, qui a délégué dans la Belle Province une équipe « faible » selon ses dires, Gilbert s'est caché dans le peloton pendant la majeure partie de la course. Il a laissé les équipes des autres favoris faire le travail, c'est-à-dire les Sky, les Rabobank et les Garmin-Cervélo de Ryder Hesjedal, seulement 27e à 1:39.
« Cette victoire est particulière. C'est la première fois que je n'ai pas d'équipe pour m'aider. J'étais assez stressé durant la course. C'était difficile parce que tout le monde me regardait en tant que favori. »
C'est au 15e tour, dans la descente de la Côte de la Canoterie, que le coureur de 29 ans a donné son premier coup de semonce. Neuf coureurs ont sauté dans sa roue. Les Québécois Dominique Rollin et David Veilleux ont raté le train belge de justesse et se sont classés respectivement 20e et 22e, à 1:26.

Robert Gesink et Philippe Gilbert
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Gilbert en a ajouté une couche dans le faux plat montant de la Grande-Allée, assez pour se forger une avance de 15 s.
Sauf que celui qui a porté le maillot jaune pendant une journée au Tour de France a vite compris qu'il valait mieux lever le pied s'il voulait se rendre jusqu'au bout. À 8 km, l'échappée de 10 coureurs s'est regroupée. Cinq kilomètres plus tard, Gesink a dynamité le groupe dans la Côte de la Montagne et Gilbert a renchéri dans celle de la Potasse. Gesink s'est accroché, mais l'ultime attaque du Belge sur la rue du Fort (à 1,5 km de la fin) lui a cassé les jambes... et le moral.
« C'était difficile de résister à Gesink, a expliqué Gilbert. Mais j'ai bien géré. À 700 m (de la fin), j'ai décidé de récupérer un peu. À 500 m, je suis reparti. Et à la fin, j'ai pu me relever. J'ai tenu jusqu'à l'arrivée. C'est un moment magnifique. »
Hesjedal isolé
Malgré une équipe moins bien nantie, Gilbert se réjouissait de ne pas avoir eu à se porter en tête du peloton comme a dû le faire Hesjedal dans les derniers tours, ce qui a coûté au Canadien un podium. Quatrième à Québec et 3e à Montréal l'an dernier, le Britanno-Colombien est seulement l'un des deux Garmin à avoir franchi l'arrivée.
Il faut dire que seulement 76 des 173 partants ont bouclé la distance. Ce n'est pas l'ajout d'un 16e tour qui a fait mal, mais le tempo, ainsi que la chaleur et le vent de face en remontant la Grande-Allée. Au 10e tour, les Rabobank ont commencé à durcir le rythme que les Sky imposaient depuis sept tours. Dès lors, on a assisté à une course d'attrition où plusieurs favoris ont rendu les armes.
Le champion olympique Samuel Sanchez a souffert de crampes au 14e tour... bye-bye. L'un des sérieux prétendants à la première marche du podium, Edvald Boasson Hagen, 2e à Québec l'an dernier, a sauté un tour plus tard pour finir seulement 68e, à 5:40.
Un trio en spectacle
L'Espagnol Jesus Herrada (Movistar), l'Italien Cristiano Salerno (Liquigas) et le Français Tony Hurel (Europcar) ont animé la course pendant les 11 premiers tours.
Sortis dans la Côte de la Fabrique au premier tour, Herrada et Salerno ont été rejoints par Hurel six kilomètres plus tard au boulevard Champlain.

Michael Barry (à droite)
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Derrière, le peloton s'est rassis jusqu'à ce que la formation Sky prenne les choses en main au quatrième tour. Sous l'impulsion de lieutenants comme Barry et Christian Knees, le peloton a réduit l'écart de trois minutes pour le stabiliser à 3:20 à la mi-course.
Au 11e tour, c'était le temps de sortir le peloton de sa léthargie. Les Sky y ont mis toute la gomme, réduisant l'écart à 1:15.
Au tour suivant, Hurel a lâché prise dans la Côte de la Montagne. Quelques coups de pédales plus tard, Herrada laissait Salerno en plan, lui aussi avalé par le peloton. Avec seulement 13 s d'avance au début du 12e tour, Herrada a jeté l'éponge avec 49 km à la course.
D'autres petites attaques ont surgi ici et là dans un peloton qui s'amenuisait de plus en plus... jusqu'à ce que Gilbert porte le coup de grâce.
Revanche dimanche à Montréal!
Autres résultats canadiens :
- Svein Tuft (Spidertech) : 39e, à 2:18
- Ryan Roth (Spidertech) : 40e, à 2:18
- Martin Gilbert (Spidertech) : abandon
- François Parisien (Spidertech) : abandon
- Ryan Anderson (Spidertech) : abandon
- Zach Bell (Spidertech) : abandon
- Will Routley (Spidertech) : abandon