Péraud, émule d'Evans et de Hesjedal

Jean-Christophe Péraud
Photo : AFP / PASCAL PAVANI
Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
QUÉBEC - Le Français Jean-Christophe Péraud connaît bien le Québec, surtout ses sentiers rocailleux, sinueux et traversés par des racines. C'est en vélo de montagne que le vice-champion olympique de cross-country aux Jeux de Pékin a découvert la Belle Province.
Cet avantage ne risque guère de jouer en sa faveur, vendredi et dimanche, pour les Grands Prix de Québec et de Montréal.
Qu'à cela ne tienne, celui qui a roulé à de multiples reprises au mont Sainte-Anne, à Bromont et même à la Coupe du monde de Saint-Félicien en 2007 entend bien faire bonne figure, même si le Québec ne lui a pas vraiment souri en vélo de montagne, à part en 2004. Il avait alors fini 4e au mont Sainte-Anne.
« Cette fois, ce sera différent, ce sera la première fois sur la route. J'aimerais rentrer dans les 10 premiers pour ces fameux points WorldTour, a dit le coureur d'AG2R à Radio-Canada Sports lors d'un entretien la semaine dernière.
« C'est important pour l'équipe, donc c'est l'objectif. En général, je me débrouille mieux sur les courses à étapes que sur les courses d'un jour. Mais je vais essayer d'inverser ça et d'être performant sur des courses d'un jour. C'est quand même une course susceptible de me convenir avec les dénivelés. »
Comme Pierre Rolland (Europcar), Péraud n'a pas eu d'écho des courses de 2010. Mais contrairement à celui qui a conclu tout juste derrière lui au Tour de France, l'athlète de 34 ans a regardé le classement des courses, ainsi que quelques faits saillants. Assez pour comprendre qu'il ne s'est pas engagé dans une partie de plaisir.
« Je m'attends à une course difficile sur la longueur. Ce sont des montées assez raides, de 2-3 km à Montréal, donc très rythmées, des courses qui ne se termineront pas nécessairement au sprint. »
Pro sur le tard

Jean-Christophe Péraud aux JO de Pékin en 2008
Photo : La Presse canadienne / Christophe Ena
Péraud est arrivé au vélo de route sur le tard, à 32 ans, en 2010. Le coureur de Toulouse a suivi la voie tracée par les Cadel Evans et Ryder Hesjedal, qui ont tous troqué le vélo à suspension pour le monocoque en carbone. Mais eux l'ont fait beaucoup plus tôt, à 24 ans.
Péraud aurait voulu les imiter au même âge. Après tout, il se débrouillait déjà pas mal sur la route. Mais sa passion pour le vélo de montagne était trop forte et elle ne lui permettait guère de concilier les deux disciplines de front. Ses études en ingénierie compliquaient aussi la donne.
Mais dans la trentaine, deux éléments déclencheurs l'ont poussé davantage à la réflexion. Quand il a gagné le championnat national sur route amateur en 2008, et surtout quand, l'année suivante, il a remporté le titre élite du contre-la-montre devant le double tenant de la couronne, Sylvain Chavanel.
En 2010, il plonge et quitte son emploi d'ingénieur avec Areva. Derrière tout cela, il y avait un rêve qu'il chérissait depuis sa tendre enfance.
« J'ai délaissé le VTT pour découvrir le monde du cyclisme professionnel de l'intérieur, le Tour de France que je voyais tous les ans à la télé. Et plutôt que de le voir à la télé, je voulais le faire moi-même, avoue le champion du monde par équipe en cross-country en 2008. Je suis heureux d'avoir tenté cette expérience. J'ai quand même découvert un gros événement international. »
D'ailleurs, il voit une certaine similitude entre le vélo de montagne et ces longues courses à étapes où l'effort finalement vient à la toute fin.
« Le VTT c'est un effort de deux heures à fond. Les étapes du Tour de France traînent en longueur, la première partie de la course est assez cadenassée. Finalement, de manière générale, on arrive regroupé à la dernière heure de course. C'est là où la guerre commence. Et là, on se retrouve dans un effort de vététiste. »
Impressionnant à sa première Grande Boucle

Jean-Christophe Péraud
Photo : AFP / GERARD JULIEN
Le petit coureur de 1,72 m et 72 kg (5 pi 6 po/158 lb) a vite pris sa place. L'an dernier, il se distingue en concluant le Paris-Nice au 8e rang. Puis cette année, il se classe 7e du Critérium du Dauphiné. À sa première Grande Boucle en 2011, il a surpris. Il a terminé 10e, devant son chef de file Nicolas Roche. Et, du coup, il a réalisé l'objectif qu'il s'était fixé.
« Je croyais que je pouvais faire 10e, sinon je ne me serais pas fixé un tel objectif. J'avais fait de belles choses l'année précédente sur la route. Je voyais bien que les différents vététistes qui passaient du vélo de montagne à la route se débrouillaient plutôt bien. »
Mais du même souffle, il avoue que son résultat relève un peu de la chance (destin, malheur des autres).
« J'ai fait 10e avec un peu de réussite. Il y a beaucoup de prétendants au podium qui ont été gênés par des chutes. Je pense entre autres à [Bradley] Wiggins par exemple. Si on rajoute tous ces concurrents, c'est clair que je ne suis plus à la 10e place », assure-t-il.
Lucide, Péraud ne se conte pas d'histoire. S'il participe de nouveau au Tour de France l'an prochain, il lui sera difficile de répéter son exploit.
« Il faut rester réaliste, ce sera plutôt compliqué,parce que le niveau est plus que relevé pour atteindre le podium. Je pense que j'ai atteint mes limites sportives. Je pense que je ne pourrai pas faire beaucoup mieux que cette 10e place. »
De toute façon, son intermède sur la route, comme il l'appelle, risque fort de se conclure en 2012. Les Jeux de Londres sont un objectif palpable. Mais peu importe qu'il soit sélectionné ou non, il sera ensuite temps de remettre son casque d'ingénieur.
« J'ai envie de participer une dernière fois aux Jeux olympiques et de peut-être tirer ma révérence là-bas. »