À la mémoire des expropriés de Cap-Rouge

L'ancien chemin de Cap-Rouge.
Parcs Canada a aménagé un nouveau sentier dans le parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton, qui rappelle l'expropriation des Acadiens de Cap-Rouge, en 1940.
Évelyne Larade, citoyenne de Chéticamp, se souvient de cette expropriation qui a inspiré la création du parc. Elle avait 14 ans à l'époque.
Une communauté acadienne prospérait à Cap-Rouge depuis près d'un siècle. Pour certains de ses membres, l'obligation de quitter cette terre évoquait la Déportation.
« Mon père, je suis sûre que ça l'a vieilli de dix ans. Mon vieux grand-père avait dit : "Je suis curieux de voir qui va venir me jeter dehors. Il faudra qu'ils me sortent par quartiers" », raconte Evelyne Larade.
Son grand-père est mort naturellement avant l'expropriation, mais son père a été forcé de partir. Avec des billots de bois, les expropriés ont transporté leurs maisons sur l'océan jusqu'à Chéticamp. Le gouvernement leur a donné un dédommagement de 1800 $. « Ce n'était pas grand-chose », affirme Mme Larade.
L'aménagement du sentier commémoratif bordé de panneaux interprétatifs dans le vieux chemin de Cap-Rouge est une consolation bien plus grande aux yeux d'Évelyne Larade.
Parcs Canada offre des laissez-passer aux familles des expropriés. « La génération originelle et deux générations suivantes, donc les enfants et les petits-enfants, peuvent se procurer un permis ou un laissez-passer », précise Hélène Robichaud, directrice du parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton.
La mise en valeur du territoire de Cap-Rouge aurait plu aux expropriés, croit Mme Larade. « Si papa avait vu ça, lui qui regrettait tant de quitter », dit-elle.