Québec lance une offensive contre la revente de billets de spectacle

Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Québec lance une offensive contre le lucratif marché de la revente de billets de spectacle sur Internet, une activité de plus en plus florissante.
Le ministre responsable de l'Office de la protection du consommateur (OPC), Jean-Marc Fournier, a déposé mardi à l'Assemblée nationale le projet de loi 25 qui vise à interdire la revente de billets à un prix supérieur à celui annoncé par le vendeur autorisé.
L'objectif du projet de loi est de mettre fin aux activités des nombreux sites web spécialisés dans l'achat massif et souvent automatisé de billets, revendus par la suite aux consommateurs à des prix parfois deux ou trois fois plus élevés.
On retrouve dans ce lot des sites comme « Billets.ca » et « 514-Billets ».
« C'est un commerce qui désavantage le consommateur, qui désavantage ceux qui produisent des spectacles, des activités sportives ou des activités muséales de grand intérêt et qui avantage quelqu'un qui, sans plus-value, fait un coup d'argent », a expliqué le ministre Fournier en conférence de presse à Québec.
Le gouvernement Charest va modifier la loi sur la protection du consommateur de façon à court-circuiter la surenchère dans la vente de billets pour un spectacle, un événement sportif, un événement culturel, une exposition ou tout autre divertissement de quelque nature que ce soit.
L'OPC sera responsable de l'application de la loi dont l'adoption est prévue à l'automne. Les contrevenants s'exposeront à des amendes variant de 2000 $ à 100 000 $ et jusqu'à 200 000 $ en cas de récidive.
La revente de billets sur Internet est « une pratique inacceptable » qui cause des « préjudices aux artistes » en plus de flouer les consommateurs, a pour sa part déclaré la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, présente aux côtés de son collègue Fournier.
« Ces sites et leurs courtiers profitent du système aux dépens de consommateurs qui paient le prix fort pour se procurer des billets, souvent en croyant être sur le site officiel du spectacle », a-t-elle relaté.
Il faut que les consommateurs « cessent de se faire avoir » par les revendeurs, a renchéri la porte-parole de l'ADISQ, Solange Drouin, qui applaudit le projet de loi 25.
Mme Drouin invite la population à ne pas se laisser berner par le discours des spéculateurs de billets de spectacle sur le web, qui prétendent agir au service des consommateurs. C'est plutôt le contraire, selon elle.
« Les revendeurs créent artificiellement une rareté de billets et obligent ensuite les consommateurs qui veulent absolument avoir ces billets-là à se les procurer chez eux à des prix exorbitants », a-t-elle fait valoir.
Pour les consommateurs ayant un budget limité pour les spectacles, les billets vendus à prix forts ont aussi pour effet de limiter le nombre de leurs sorties, a déploré Mme Drouin.
Au Québec, comme ailleurs dans le monde, les activités de revente de billets sur Internet sont en pleine expansion. Le Québec emboîte le pas à l'Ontario et à d'autres provinces pour lutter contre ce réseau parallèle.
L'une des premières personnalités à avoir publiquement sonné l'alarme l'automne dernier est l'humoriste Louis-José Houde, qui a fait le voyage à l'Assemblée nationale pour saluer la présentation du projet de loi.
Devant la presse, il a dit trouver malheureux que des spectateurs blâment les artistes pour le prix élevé des billets de spectacle.
« Ils quittent le spectacle avec une expérience un peu négative. Ils disent : "On a ri mais c'était vraiment trop cher". Quand ce n'est pas toi qui es à l'origine de ça, ce n'est pas une situation très agréable », a-t-il raconté à haut débit.
La Presse Canadienne