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La crise nucléaire au Japon, l'une des pires de l'histoire

Centrale nucléaire qui brûle au Japon
Radio-Canada

La série d'accidents nucléaires provoquée par le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon le 11 mars 2011 est considérée comme l'une des pires que l'histoire a connues.

Un mois après le tremblement de terre, l'État nippon a décidé de relever de 5 à 7 le niveau de gravité de l'accident nucléaire à la centrale de Fukushima-Daiichi, située à 270 kilomètres au nord-est de Tokyo, au coeur de la zone touchée par le séisme. Il s'agit du degré le plus élevé de l'échelle internationale des événements nucléaires, égal à celui de la catastrophe de Tchernobyl.

Ce niveau signifie qu'un rejet majeur de matières radioactives s'est produit avec des effets considérables sur la santé et l'environnement.

La radioactivité émise par les réacteurs de la centrale a atteint 10 000 térabecquerels (un becquerel correspond à la désintégration d'un atome pas seconde) pendant plusieurs heures, ce qui en fait un accident de niveau 7.

Le premier ministre japonais, Naoto Kan, a affirmé que son pays traversait sa plus grave crise depuis la Deuxième Guerre mondiale. Tokyo estime le coût total des dégâts à près de 300 milliards de dollars, ce qui en ferait la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire.

La centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, après l'explosion de 1986 (à gauche) et celle de Fukushima, au Japon.

La centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, après l'explosion de 1986 (à gauche) et celle de Fukushima, au Japon.

Photo : AFP / TASS / AIR PHOTO SERVICE

Incertitude sur la gravité

Trois jours après le séisme, l'Agence de sûreté nucléaire japonaise avait pourtant exclu un accident de type Tchernobyl dans la centrale nucléaire de Fukushima, classant l'accident nucléaire au niveau 5. Les autorités japonaises ont voulu se faire rassurantes pendant plusieurs semaines.

Après que l'État nippon eut décidé de relever le niveau de gravité, un quotidien de la presse officielle chinoise a déclaré que Tokyo devait des « excuses officielles sérieuses » aux pays voisins pour avoir volontairement caché la vérité.

De leur côté, plusieurs autorités étrangères, notamment l'Agence russe de l'énergie atomique et l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), se sont interrogées sur les réelles motivations du Japon de classer la catastrophe nucléaire au niveau 7. Selon elles, le niveau de gravité est inférieur à celui de Tchernobyl.

Par ailleurs, quelques heures après avoir relevé le niveau de gravité, l'Agence de sûreté nucléaire japonaise a insisté sur le fait que l'accident de Fukushima n'est pas aussi grave que celui de Tchernobyl, car le niveau des émissions radioactives enregistré depuis le début reste dix fois inférieur.

La centrale nucléaire de Fukushima, endommagée après le séisme du 11 mars 2011

Photo : AFP / Jiji Press

Au coeur du réacteur

Alors que la catastrophe de Tchernobyl est survenue à la suite d'une erreur humaine, l'accident nucléaire japonais s'est produit après que le tremblement de terre et le tsunami qui a suivi eurent endommagé les systèmes de refroidissement des réacteurs et des générateurs de secours de la centrale de Fukushima-Daiichi.

Cette situation, en plus de causer des fuites radioactives, a engendré une accumulation d'hydrogène dans les installations et provoqué des explosions au sein des réacteurs de la centrale.

Au lendemain du séisme, les explosions qui se sont succédé dans les réacteurs 1, 2, 3 et 4 (la centrale nucléaire en compte 6 au total) auraient pu toucher l'enceinte principale de confinement, soit le coeur du réacteur, provoquant une catastrophe nucléaire de type Tchernobyl.

Toutes les fonctions pour maintenir le niveau du liquide de refroidissement de ces réacteurs se sont arrêtées après le tsunami. Le niveau d'eau a fortement baissé, rendant très difficile le refroidissement des barres de combustible radioactif. Lorsque ces dernières ne sont pas refroidies et restent hors de l'eau, elles risquent de fusionner et d'endommager le coeur du réacteur, à l'instar de ce qui s'est produit à Tchernobyl.

Toutefois, l'enceinte de confinement à Fukushima est assurée par une coque en acier inoxydable, entourée d'un bâtiment en béton qui mesure de 100 à 200 centimètres d'épaisseur. Le béton peut encore jouer un rôle de refroidissement et l'explosion du coeur du réacteur n'est pas automatique.

Contrairement à la centrale japonaise, celle de Tchernobyl ne disposait pas d'enceinte de confinement, mais d'une simple chape de béton. Des morceaux avaient alors été propulsés à plus de 300 mètres dans les airs, en raison de la fusion du coeur du réacteur.

Mesure de la radioactivité

À Koriyama, la radiation est mesurée sur un sinistré.

Photo : AFP / KEN SHIMIZU

Actions sur le terrain

Après le séisme, les craintes d'un accident nucléaire se sont accentuées rapidement au Japon, mais aussi un peu partout dans le monde. Les pays étrangers ont fait évacuer leurs ressortissants. Une zone d'exclusion aérienne de 30 kilomètres a été instaurée au-dessus de la centrale nucléaire et les autorités ont évacué des dizaines de milliers de personnes vivant dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale. Une zone de 20 kilomètres est toujours strictement interdite d'accès, sous peine d'amende.

Le niveau de radioactivité relevé dans la préfecture de Chiba, ainsi qu'à Tokyo, s'est élevé à plus de 10 fois au-dessus de la normale. Une vingtaine de travailleurs de Tepco ont d'ailleurs été exposés à des niveaux de radiations plus élevés que le seuil permis. Les autorités japonaises ont lancé une alerte à la contamination radioactive d'aliments à proximité de la centrale et ont distribué des pastilles d'iode à la population pour minimiser les risques.

L'iodure de potassium est utilisé pour saturer la thyroïde et bloquer l'ingestion d'iode radioactive, une substance hautement cancérigène qui peut émaner d'une centrale nucléaire lors d'un accident.

Devant la menace nucléaire, les secours ont travaillé sans relâche pour relancer les systèmes de refroidissement de la centrale. Des hélicoptères de l'armée japonaise ont déversé des dizaines de tonnes d'eau sur les réacteurs. Les travailleurs ont aussi tenté d'atteindre les réservoirs en utilisant des camions-citernes équipés d'un canon à eau.

La mise à l'arrêt des réacteurs endommagés devrait pouvoir se faire d'ici neuf mois, a annoncé le 17 avril le président de Tepco, l'opérateur de la centrale. Le pompage de l'eau radioactive s'étant amorcé, il estime qu'il faudra trois mois avant d'assister à une baisse sensible de la radioactivité autour du site et de six à neuf mois pour réduire les fuites radioactives à un niveau très bas, en vue de l'arrêt complet des réacteurs.

Quelques données sur les centrales nucléaires

  • La protection du réacteur d'une centrale nucléaire :
  • La matière radioactive est séparée de l'environnement par trois barrières : le « crayon » qui enveloppe l'uranium (sous forme de pastilles), la cuve et enfin l'enceinte de confinement. Au Japon elle est constituée d'un « liner », ou « peau métallique », ancré dans des parois en béton et fermé d'un couvercle. Ce « liner » est muni de capteurs.

  • Les mesures en cas de séisme :

  • Dès qu'une secousse est détectée, des capteurs disposés dans le « liner » déclenchent des barres constituées de matériaux « neutrophages » qui s'insèrent automatiquement dans le réacteur et évitent la propagation de la réaction nucléaire. Le réacteur est de facto à l'arrêt. Cette première parade a très bien fonctionné au Japon. Cependant, la réaction nucléaire continue à un niveau beaucoup plus faible et il faut alors refroidir le réacteur. Mais le système principal et celui de secours ont été vraisemblablement endommagés par le séisme et le tsunami.

  • La fusion au sein d'un réacteur :


  • La fusion correspond à la surchauffe du combustible qui commence à fondre et à couler, comme une bougie. Il devient alors difficile à refroidir et les gaines qui retiennent les produits radioactifs n'existent plus. Les produits radioactifs risquent de passer dans l'eau qui circule théoriquement en circuit fermé.

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