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Les Américains se méfient du Pakistan

Des soldats de l'OTAN en Afghanistan (archives)

Des soldats de l'OTAN en Afghanistan (archives)

Photo : Joel Saget

Radio-Canada

WikiLeaks et plusieurs médias lèvent le voile sur les dessous de la guerre à partir de milliers de documents obtenus par WikiLeaks. Ils témoignent entre autres de la méfiance de Washington face à son allié pakistanais.

Plusieurs médias internationaux ont publié des informations issues de milliers de documents militaires américains obtenus par WikiLeaks grâce à une source non divulguée.

Ces documents, comprenant des échanges entre des officiers et des diplomates, lèvent le voile sur les dessous de la guerre en Afghanistan, entre 2004 et 2009. Ils traitent notamment d'opérations secrètes.

Le New York Times, un des médias à avoir eu accès aux documents, rapporte que certains d'entre eux font état de craintes américaines voulant que les services de renseignement pakistanais aient aidé les insurgés afghans.

Selon le quotidien américain, les documents semblent indiquer que le Pakistan, un allié clé dans la lutte contre le terrorisme, aurait autorisé des rencontres entre des membres de ses services de renseignements et les talibans.

Ces rencontres secrètes auraient notamment eu pour objectif d'organiser des réseaux de militants qui luttent contre les Afghans et les forces de la coalition internationale en Afghanistan. Elles auraient même servi à fomenter des tentatives d'assassinat contre des leaders afghans.

Le New York Times précise cependant qu'une bonne partie de l'information obtenue ne peut être vérifiée, et provient probablement de sources proches du pouvoir afghan, hostile au Pakistan. Il ajoute par ailleurs qu'une autre partie se fonde sur des sources considérées comme crédibles par les militaires américains.

Le quotidien britannique Guardian, qui a aussi eu accès aux documents, estime pour sa part qu'ils ne prouvent pas de façon convaincante qu'il existe une complicité entre les services de renseignement pakistanais et les talibans.

Un soupçon de longue date

Des talibans posent avec leurs armes dans la province de Zaboul, au sud-est de Kaboul, en 2006.

Des talibans posent avec leurs armes dans la province de Zabul, au sud-est de Kaboul, en 2006.

Photo : La Presse canadienne / AP Photo/Allauddin Khan

Les documents illustrent assez bien la frustration sur le terrain des forces américaines face aux hésitations du Pakistan à confronter les insurgés qui les harcèlent à partir du territoire pakistanais.

En fait, l'administration américaine a soupçonné plus d'une fois dans les dernières années les services secrets pakistanais de jouer un double jeu. Washington doute encore que le Pakistan ait rompu, comme il le dit, ses liens avec les talibans, au moment du déclenchement de la guerre en Afghanistan en 2001.

Ces liens remontent à l'époque de l'occupation soviétique de l'Afghanistan, alors que la CIA et les services secrets pakistanais fournissaient en armes et en argent ceux qu'on appelait à l'époque les moudjahidines.

Les documents font aussi état d'unités spéciales chargées de traquer et tuer, sans autre forme de procès, des leaders talibans.

Ils indiquent aussi que des centaines de civils afghans auraient été tués par des forces de la coalition internationale sans que cela ne soit jamais rendu public.

Interrogée par le Guardian, Rachel Reid, qui enquête sur ce type d'incidents pour le compte de Human Rights Watch, juge que ces documents appuient ce qu'elle constate, soit la tendance de l'OTAN et des Américains à camoufler les pertes civiles.

Le quotidien britannique relate aussi à partir des documents comment les États-Unis ont caché des informations prouvant que les talibans ont acquis des missiles sol-air.

Les documents couvrent la période du conflit allant de janvier 2004 à décembre 2009. WikiLeaks en a fourni copie au New York Times, au Guardian et au Der Spiegel. Il s'agit de documents issus du Pentagone et de troupes sur le terrain. Le site WikiLeaks est spécialisé dans la publication de dossiers confidentiels.

Washington et Islamabad outrés

Par voie de communiqué, la Maison-Blanche a condamné la publication de ces documents.

Le conseiller à la Sécurité nationale du président déplore que WikiLeaks n'ait pas essayé de contacter la Maison-Blanche avant d'aller de l'avant avec la publication de documents qui « pourraient mettre en péril la vie d'Américains et de nos alliés, et menacer notre sécurité nationale ».

Le général James Jones parle de « fuites irresponsables », mais ajoute qu'elles ne remettent pas en question les rapports des États-Unis avec le Pakistan.

L'ambassadeur du Pakistan à Washington a pour sa part jugé « irresponsable » la publication de ces documents et assuré que son pays était pleinement engagé dans la lutte contre les insurgés islamistes.

M. Husain Haqqani estime qu'ils contiennent des informations inexactes qui ne « reflètent pas la réalité sur le terrain ».

Les États-Unis, l'Afghanistan et le Pakistan sont des partenaires stratégiques et tentent ensemble de battre militairement et politiquement Al-Qaïda et ses alliés talibans.

Une citation de Husain Haqqani

Mais selon un responsable américain qui a parlé à l'AFP sous couvert de l'anonymat, cette inquiétude de Washington concernant les services secrets pakistanais n'est pas une surprise.

Il ajoute que c'est précisément pour cela que « le président a ordonné un réexamen de la politique [ menée en Afghanistan ] et un changement de stratégie ».

Plus tôt ce mois-ci, la London School of Economics avait publié un rapport indiquant que le soutien aux taliban était la « politique officielle » des services de renseignement militaire pakistanais.

Islamabad a fermement démenti cette accusation.

Avec les informations de Agence France-Presse, Associated Press et Reuters

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