Québec interjettera appel

Prenez note que cet article publié en 2010 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le premier ministre Jean Charest affirme que le gouvernement fera appel du jugement de la Cour supérieure exemptant l'école privée catholique Loyola High School de dispenser le cours d'éthique et de culture religieuse dans une perspective laïque.
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a affirmé lundi que le gouvernement interjetterait appel du jugement rendu vendredi par la Cour supérieure du Québec, exemptant l'école secondaire privée catholique Loyola High School de dispenser le cours d'éthique et de culture religieuse (ECR) dans une perspective laïque.
Lors d'une conférence de presse à Laval, M. Charest a rappelé que le débat sur les écoles laïques durait depuis des années. La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a pour sa part qualifié d'« excessif » l'avis rendu par le juge Gérard Dugré.
Tant Mme Courchesne que la ministre de la Justice, Kathleen Weil, avaient indiqué dimanche que le gouvernement prendrait le temps d'analyser le jugement.
La chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, Pauline Marois, avait affirmé dimanche que le gouvernement devait porter le jugement en appel.

« Moi, je suis celle qui a travaillé pour déconfessionnaliser le système. Vous comprendrez que je ne suis pas d'accord avec cette décision, et je crois qu'elle doit être contestée », a déclaré la chef du Parti québécois, tandis qu'elle participait à une marche pour la souveraineté du Québec à Montréal, dimanche.
Dans sa décision rendue vendredi, le juge Gérard Dugré affirme en des termes forts que le ministère de l'Éducation viole le droit à la liberté de religion en empêchant l'école de l'ouest de Montréal d'offrir un cours d'ECR avec une vision catholique. « La société démocratique canadienne est fondée sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit, lesquels bénéficient d'une protection constitutionnelle, écrit le juge Dugré. [L]'obligation imposée à Loyola d'enseigner la matière obligatoire ECR de façon laïque revêt un caractère totalitaire qui équivaut, essentiellement, à l'ordre donné à Galilée par l'Inquisition de renier la cosmologie de Copernic. »
Le jugement concernant l'école privée Loyola High School vient en quelque sorte contredire celui rendu en septembre 2009, dans lequel le juge Jean-Guy Dubois, de la Cour supérieure, a refusé une demande d'exemption du cours d'ECR formulée par des parents de Drummondville. Pour cette raison, des experts et observateurs s'attendaient déjà à ce que cette affaire se retrouve devant la Cour suprême du Canada.
L'école n'est pas étonnée

Paul Donovan, directeur de la Loyola High School
En point de presse, les autorités de l'école Loyola se sont dit contentes de la décision du tribunal. Elles refusent cependant de considérer le jugement comme une victoire pour l'école et une défaite pour le gouvernement.
Le directeur a dit ne pas être surpris de la décision du premier ministre d'interjeter appel. Il voit là une occasion de poursuivre le débat et pense, lui aussi, qu'il est possible que la cause se retrouve devant le plus haut tribunal du pays.
« C'est une question très importante, pas seulement pour nous et pas seulement pour un cours, mais pour la société en général. Ce sont de grandes questions sur le rôle des institutions confessionnelles dans une société laïque », a résumé le directeur du Loyola High School, Paul Donovan, affirmant avoir toujours travaillé main dans la main avec les élus.
Fait inusité, la conférence de presse a commencé par une prière, qui démontre toute la conviction de l'institution dans sa foi catholique.