La Grèce au point mort

Une banderole hostile au plan de rigueur, sur un bâtiment de l'UE à Athènes.
Photo : AFP / Louisa Gouliamaki
Prenez note que cet article publié en 2010 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une grève générale de 24 heures organisée contre le plan de rigueur du gouvernement Papandréou paralyse le pays. Le mouvement intervient au moment où des experts de l'UE sont à Athènes pour examiner ce plan.
La Grèce a été frappée mercredi d'une paralysie quasi complète en raison d'une grève générale de 24 heures organisée par les principales centrales syndicales grecques, publiques et privées. L'objectif de ce mouvement de masse était de protester contre le plan de rigueur du gouvernement socialiste grec.
À partir de mercredi minuit, tous les vols au départ ou à l'arrivée des aéroports grecs ont été annulés. Les écoles et les bureaux de l'administration étaient fermés, ainsi que plusieurs tribunaux.
Quant aux banques, aux hôpitaux et aux grandes entreprises publiques, elles en étaient au même point que le trafic ferroviaire et maritime : service minimum.
Les Grecs ne pourront pas non plus compter sur leurs journalistes pour leur expliquer les événements de la journée puisqu'aucun d'entre eux n'a travaillé mercredi. Les journaux ne devraient donc pas paraître jeudi.
À Athènes, les seuls signes d'activité visibles étaient le fait des taxis. Certains bus et une ligne de métro sont par ailleurs demeurés opérationnels afin de permettre aux grévistes de se rendre aux manifestations prévues mercredi dans le centre de la capitale.
30 000 manifestants à Athènes
Selon la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE), la grève a été suivie à 100 % dans plusieurs secteurs d'activité et à 70 % dans l'industrie et dans les banques.
Du côté des petites et moyennes entreprises, la participation n'a pas dépassé 10 %, selon président de la Chambre des PME.
Dans le centre d'Athènes, plus 30 000 personnes, d'après la police, se sont retrouvées pour exprimer leur mécontentement. Quelques affrontements se sont produits à la fin de la manifestation sur la place Syntagma, non loin du Parlement grec.
Environ 300 jeunes, toujours de source policière, ont lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction des forces de l'ordre, qui ont riposté en lançant des gaz lacrymogènes. Plusieurs manifestants ont été interpellés et deux photographes de presse ont été légèrement blessés.
À Salonique, dans le nord du pays, environ 7000 personnes ont manifesté dans le calme, toujours selon la police.
Pour le politologue Georges Sefertzis, ce mouvement de protestation est surtout « un message adressé au gouvernement » afin de le dissuader de remettre en cause le 14e mois touché par les salariés ou de trop réformer les retraites.
« Cette grève est plus symbolique qu'autre chose, sans réelle conséquence », a-t-il déclaré.
Le plan d'austérité mis en cause vise à ramener le déficit public de 12,7 % du PIB à 8,7 % dès cette année, comme s'y est engagé le premier ministre Georges Papandréou auprès de l'Union européenne.
La Grèce est confrontée depuis plusieurs semaines à une crise budgétaire sans précédent, et ce plan, espère Athènes, permettra au pays d'assainir ses finances publiques.

Une affiche appelant à la grève, devant le Parlement gerc.
Photo : AFP / Louisa Gouliamaki
Le gouvernement a annoncé son intention de baisser les salaires des fonctionnaires de 5 à 20 %, de geler les embauches, de repousser de deux ans l'âge du départ à la retraite ou encore d'instaurer de nouvelles taxes sur le carburant.
« Si toutes les mesures sont appliquées, le chômage montera en flèche » a déclaré Stathis Anestis, porte-parole du GSEE.
« Notre pays entrera dans une récession massive », a-t-il ajouté, « ce sera tragique parce que cela provoquera une [agitation] sociale et des affrontements ».
Il n'y a pas que les travailleurs et les syndicats pour s'inquiéter du plan d'austérité. C'est aussi le cas des milieux financiers. L'agence de notation financière Fitch a en effet abaissé mardi la note des quatre principales banques grecques.
Cette note est passée de BBB+ à BBB, assortie d'une perspective négative. Fitch craint que le plan de rigueur grec détériore la qualité de ses actifs et de ses résultats.
Standard & Poor's maintient sa note pour le pays, mais la Grèce reste toutefois sous surveillance : la note pourrait varier en fonction du succès du plan gouvernemental.
La grève générale est survenue le lendemain de l'arrivée à Athènes d'une mission technique de l'Union européenne composée de plusieurs experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI).
Ces derniers resteront dans la capitale grecque jusqu'à jeudi afin d'examiner le déroulement du plan de rigueur.
Les syndicats aux avant-postes
La Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE), qui compte un million d'adhérents du secteur privé, est à l'origine du mouvement de grève.
La Fédération des fonctionnaires (Adedy, 300 000 adhérents) a rejoint la GSEE. Les salariés du secteur public sont les premiers concernés par le plan de rigueur et l'Adedy avait déjà organisé une manifestation le 10 février.
Le front syndical du parti communiste ultraorthodoxe (Pame) a également appelé ses membres à manifester, mais séparément du GSEE et de l'Adedy.
Rappelons que dans la capitale grecque, les taxis ne se sont pas joints au mouvement et travaillent normalement.
Athènes n'est pas la seule touchée. D'autres manifestations sont prévues dans les grandes villes du pays et notamment à Salonique, située dans le nord de la Grèce.
Avec les informations de Agence France-Presse, Associated Press et Reuters