Stephen Harper s'explique

Stephen Harper en entrevue à CBC
Photo : CBC
Prenez note que cet article publié en 2010 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Critiqué par les partis d'opposition pour avoir prorogé le Parlement, le premier ministre défend sa décision dans une entrevue à CBC, affirmant qu'il s'agit d'une « procédure de routine ».
Critiqué par les partis d'opposition pour avoir prorogé le Parlement la semaine dernière, le premier ministre du Canada a défendu sa décision dans une entrevue à CBC, mardi.
Pour Stephen Harper, la mesure qu'il a prise n'a « rien d'exceptionnel »; il s'agit d'« une procédure de routine ». Il explique que le gouvernement devait prendre le temps de faire le point, maintenant que ses mesures économiques semblent porter leurs fruits et que l'économie canadienne commence à reprendre du galon.
« C'est insensé qu'un Parlement poursuive indéfiniment ses travaux sans revoir ses priorités », croit-il.
De son bureau à Ottawa, il a aussi rejeté les accusations de l'opposition voulant qu'il essaie d'éviter tout débat sur l'épineuse question de la torture des détenus afghans.
De toute façon, « ça ne fait pas partie des priorités de la majorité des Canadiens », estime-t-il.
Pas d'élections en vue
Le premier ministre a aussi laissé entendre qu'il n'avait pas l'intention de déclencher des élections dans un avenir rapproché. Depuis la prorogation du Parlement, plusieurs rumeurs circulaient à cet effet, mais, selon M. Harper, on est loin de cette éventualité.
« Le consensus est que personne ne veut d'élections. Personne ne comprendrait le pourquoi d'un tel scrutin. Nous demeurons confrontés à une importante période d'incertitude, et nous devrions tous mettre l'accent sur l'économie », a-t-il plaidé.
Il a ainsi précisé qu'il annoncera la seconde phase de son plan économique en mars, alors que reprendront les travaux du Parlement.
Retour au travail le 25 pour les libéraux
Même si le Parlement est vide, les membres du caucus du Parti libéral du Canada devront être de retour au travail le 25 janvier, qui est la date initialement prévue pour la reprise des travaux. C'est ce que leur a annoncé leur chef, Michael Ignatieff.

Le chef libéral, Michael Ignatieff, lors d'une conférence de presse sur la colline Parlementaire à Ottawa le 18 décembre 2009.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Selon Michael Ignatieff, le PLC ne peut pas laisser M. Harper mettre la clef sous la porte de la Chambre des communes sans réagir. La formation politique organisera donc différentes activités, comme des tables rondes et des débats sur des sujets d'intérêts publics au cours des prochaines semaines.
M. Ignatieff souhaite ainsi profiter de ce que les stratèges libéraux croient être une opposition massive du public à la décision du chef conservateur.
Le Parti libéral aimerait aussi reprendre de façon informelle les audiences sur les allégations de torture de détenus transférés par les Forces canadiennes aux autorités afghanes, à condition que tous les partis y participent. Les libéraux veulent ainsi éviter que les séances se transforment en événement partisan.
Le comité parlementaire spécial chargé de la question du traitement des détenus afghans a cessé d'exister avec la prorogation du Parlement, ce que dénoncent vivement les partis d'opposition.
Pas de chèque en blanc
Par ailleurs, les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes ont menacé, mardi, le gouvernement Harper de ne pas collaborer avec lui pour réintroduire les projets de loi morts au feuilleton dans la foulée de la prorogation du Parlement.
Ils veulent plutôt négocier certains amendements législatifs. Dans certains cas, l'opposition pourrait demander l'abandon pur et simple du projet de loi.
Car si une procédure rapide permet de faire adopter une motion qui décrète que l'on réintroduit tous les projets de loi au stade où ils étaient rendus lors de la précédente législature, ce procédé sera rejeté par l'opposition, dans un contexte de gouvernement minoritaire.
Le bras droit du chef libéral Michael Ignatieff au Québec, le député Marc Garneau, a affirmé sur les ondes de RDI que le gouvernement Harper avait le devoir de collaborer avec l'opposition et a assuré que les libéraux ne laisseraient pas tout passer. Il n'a écarté aucun scénario.
« Ce n'est pas une priorité pour les Canadiens d'avoir une élection en 2010, alors qu'on est dans une reprise fragile vis-à-vis l'économie, mais il ne faut pas que le gouvernement abuse trop de son pouvoir. C'est ce qu'il est en train de faire en ce moment. Alors, je ne dis pas que c'est impossible », a-t-il indiqué.
Protestation à l'ère de Facebook
D'autre part, plus de 35 000 personnes ont déjà adhéré à un groupe constitué sur le site de réseautage Facebook il y a moins d'une semaine et voué à dénoncer la prorogation du Parlement.
C'est un étudiant de l'Université de l'Alberta, Christopher White, qui est à l'origine de cette initiative. « Stephen Harper mise sur l'apathie du public. Or, il est en train de miner notre démocratie », dénonce-t-il.
Avec les informations de La Presse canadienne