Un personnage influent
Prenez note que cet article publié en 2013 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le décès d'Hugo Chavez a été annoncé le 5 mars 2013 par le vice-président du Venezuela, Nicolas Maduro. Après son élection à la présidence, en 1998, l'homme a exercé une influence importante, tant dans son pays que sur la scène internationale.
La diplomatie de l'or noir
Riche du pétrole dont son pays regorge, Hugo Chavez a donné un nouveau souffle à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à la fin des années 1990. Et le pétrole, Hugo Chavez s'en est aussi servi pour son peuple. Ainsi, avec Cuba, le président vénézuélien a échangé du pétrole contre des médecins et des éducateurs cubains, qui ont apporté aux Vénézuéliens défavorisés des soins de santé et des services en éducation auxquels ils n'avaient jamais eu droit.
Un personnage médiatique...
Pour les Vénézuéliens, Hugo Chavez était El Presidente, mais aussi un pédagogue et... un démagogue qui s'adressait chaque dimanche à ses concitoyens, par le truchement de la télévision. Militaire de formation, Chavez cultivait, avec les médias, son image d'homme du peuple (de la classe moyenne en fait) pour promouvoir la révolution qu'il a entamée après son élection comme président. Une révolution qualifiée de « bolivarienne », du nom de Simon Bolivar, le Libertador qui, au 19e siècle, a libéré le Venezuela du joug espagnol.
Révolution qu'il a d'abord tenté d'instaurer par un coup d'État, en 1992. Une audace qui lui a valu deux ans de prison et un statut de héros populaire.
...mais discret pendant sa maladie
S'il était un personnage médiatique, Hugo Chavez s'est fait néanmoins discret sur la maladie qui l'a affligé pendant au moins un an et demi. La rareté de ses apparitions publiques et des informations sur son état de santé, distillées au compte-gouttes par le gouvernement, ont alimenté les rumeurs.
Depuis le diagnostic du cancer en juin 2011, Chavez a été opéré quatre fois à Cuba. La quatrième opération l'avait même forcé à repousser sa prestation de serment le 10 janvier dernier, date prévue par la Constitution, après sa réélection en octobre 2012.
L'opposition réclamait que soit constaté un « défaut temporaire » du président, et estimait que le gouvernement s'engageait dans une forme de coup d'État institutionnel. N'empêche, le tribunal suprême a tranché en faveur du président, qui devait être investi à une date ultérieure.
Le 18 février 2013, après deux mois d'absence et de silence total, Hugo Chavez est retourné au Venezuela, à la surprise de tous. « Nous sommes rentrés dans la patrie vénézuélienne. Merci mon Dieu! Merci mon peuple aimé! Nous allons continuer le traitement ici! », avait-il alors annoncé sur son compte Twitter.
« L'axe d'Hugo »
En Amérique latine, le président vénézuélien était un joueur incontournable, au point où Moisés Naím, rédacteur en chef de Foreign Policy, parlait de « l'axe d'Hugo » pour désigner les pays qui forment une sorte de « constellation » autour de Caracas.
La constellation Chavez brille tant dans l'univers économique que dans l'univers politique. Par exemple, l'ALBA (l'Alliance bolivarienne pour les Amériques) est un bloc antilibéral créé par Caracas et La Havane qui a pour but de mobiliser leurs alliés régionaux contre Washington.
Car l'homme fort du Venezuela avait un ennemi: les États-Unis (qui sont aussi un précieux client de Caracas, le Venezuela comblant près du tiers des besoins américains en pétrole).
Chavez, un Castro nouveau genre
L'anti-impérialisme d'Hugo Chavez a permis à ce dernier de se faire des amis parmi les altermondialistes et dans le monde arabe, mais aussi auprès d'États dits « parias » comme le Bélarus, l'Iran et la Syrie. Chavez achetait des armes à Moscou, appuyait le programme nucléaire de l'Iran, festoyait jadis en Libye avec l'ex-dictateur Mouammar Khadafi...
Le président vénézuélien a fait modifier la Constitution de manière à pouvoir cumuler les mandats. Il a fermé des stations de radio et de télévision et a multiplié les nationalisations.
A-t-il fait basculer le Venezuela - l'une des plus vieilles démocraties du continent - dans la dictature? La réponse n'est pas claire. Mais à ce chapitre Hugo Chavez a intrigué, inquiété et fasciné.