Charkaoui réclame des excuses officielles

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Le Montréalais d'origine marocaine, dont le certificat de sécurité doit être révoqué mercredi, demande à Ottawa de « cesser le harcèlement » à son endroit, et n'exclut pas une poursuite.
Visé depuis 2003 par un certificat de sécurité, le Montréalais d'origine marocaine Adil Charkaoui demande maintenant des excuses officielles au gouvernement du Canada.
En conférence de presse mardi, M. Charkaoui a demandé à Ottawa, et plus particulièrement au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), de « cesser le harcèlement qu'il entretient depuis des années » à son endroit.
« J'espère que les conservateurs vont se comporter dignement et respecter les décisions des cours. »
Adil Charkaoui n'exclut pas la possibilité d'intenter une poursuite contre les autorités canadiennes. Il estime avoir droit à une compensation, pour les « années de souffrance » qu'il a vécues.
M. Charkaoui rappelle qu'il a séjourné en prison, qu'il a perdu son emploi, qu'il n'a pu retourner dans son pays, le Maroc, depuis six ans et demi, qu'il n'a pu avoir de contact avec son enfant pendant près de deux ans et qu'il doit vivre avec les stigmates laissés par les soupçons qui ont pesé sur lui.
« Je ne veux plus vivre avec l'étiquette d'ex-présumé terroriste. »
Durant la conférence de presse, le Montréalais a estimé qu'il devrait même avoir le droit de poursuivre les médias qui continueront à le qualifier de « présumé terroriste », après l'annulation de son certificat de sécurité. Selon lui, la loi sur les certificats de sécurité devrait être abolie.
La juge Danièle Tremblay-Lamer, de la Cour fédérale, a levé les dernières conditions (Nouvelle fenêtre) de remise en liberté qui pesaient sur Adil Charkaoui, jeudi dernier.
Les certificats de sécurité
Le certificat de sécurité est une mesure d'exception utilisée à l'encontre d'individus considérés comme une menace pour le Canada. Quatre autres personnes - Mohamed Harkat, Mahmoud Jaballah, Mohamed Zeki Mahjoub et Hassan Almrei - font toujours l'objet d'un certificat de sécurité au Canada et risquent, à ce titre, la déportation.
Jeudi dernier, Adil Charkaoui a coupé, devant les caméras, le bracelet GPS qu'il était forcé de porter à la cheville depuis 2005. La juge Tremblay-Lamer a également décidé que les 50 000 $ que M. Charkaoui avait versés pour sa caution devaient lui être remboursés.
Le certificat de sécurité visant le résident permanent au Canada doit être officiellement levé mercredi. Ottawa pourrait toutefois interjeter appel de la décision.
En refusant de rendre publics certains éléments de preuve, en août dernier, pour des raisons de sécurité nationale, Ottawa a affaibli la preuve qu'il disait détenir contre Adil Charkaoui. Conséquemment, la juge Tremblay-Lamer a estimé que le certificat de sécurité émis contre le Montréalais n'avait plus sa raison d'être.
Établi au Canada en 1995, Adil Charkaoui, 36 ans, a le statut de résident permanent. Le gouvernement fédéral le soupçonnait d'appartenir à un réseau terroriste lié à Al-Qaïda, ce qu'il a toujours nié. Il a été arrêté en mai 2003 en vertu d'un certificat de sécurité.
Après plus de 21 mois d'incarcération, Adil Charkaoui a été remis en liberté en février 2005 par un juge de la Cour fédérale, qui lui a néanmoins imposé de strictes conditions, qui ont finalement été levées jeudi dernier.
Plusieurs organisations et personnalités publiques, dont Amnistie internationale, la Ligue des droits de l'homme et l'ex-député néodémocrate Ed Broadbent, ont milité pour l'abandon des procédures engagées contre M. Charkaoui.