Les phtalates à l'index

Photo : La Presse canadienne / AP Photo/Kevin Wolf
Prenez note que cet article publié en 2009 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Ottawa annonce son intention de bannir six types de phtalates, un produit chimique qu'on retrouve dans certains plastiques, dans les jouets et articles pour enfant faits de résine de vinyle.
Les poupées, figurines et autres jouets pour enfant qui contiennent des phtalates pourraient bientôt être interdits au Canada.
Le ministère fédéral de la Santé a en effet annoncé, vendredi, une nouvelle réglementation pour prévenir l'utilisation de six types de phtalates dans les jouets et articles pour enfant faits de résine de vinyle.
Il suit ainsi l'exemple de l'Europe et des États-Unis.
Les phtalates sont des produits chimiques utilisés pour donner de la souplesse aux plastiques. Selon des études réalisées sur des rats, ils pourrait avoir des effets nocifs sur le système reproductif.
« Ils agissent comme si c'était un agent de féminisation. On s'inquiète de ce côté-là, que ça pourrait affecter le système endocrinien des enfants. Il n'y a pas de preuve absolue du point de vue scientifique, les études ont été faites avec des rats », explique le professeur Ariel Fenster, chimiste à l'Université McGill.
Charles Éthier, directeur général du Programme de la sécurité des produits de consommation à Santé Canada, indique que l'interdiction des phtalates se veut une mesure préventive. « Notre loi ne vise pas la Chine ou les importations plus particulièrement, il s'agit surtout de protéger tous les consommateurs des produits qui pourraient être nocifs pour leur santé », ajoute-t-il.
La nouvelle réglementation vise les jouets, mais aussi tous les objets qui pourraient aller dans la bouche des enfants, comme les biberons, les anneaux de dentition ou les pailles.
Toutefois, contrairement au bisphénol A qui avait été retrouvé dans des biberons l'année dernière, il n'est pas question d'ajouter les phtalates à la liste des substances toxiques, puisqu'ils servent dans la fabrication d'autres produits.
L'industrie s'inquiète
Malgré cela, l'American Chemistry Council, qui représente l'industrie des produits chimiques, estime que le projet de règlement n'est pas scientifiquement justifié. Selon la vice-présidente Sharon Kneiss, des analyses menées dans le monde ont démontré l'innocuité des phtalates. Elle soutient que le phtalates ne migrent pas facilement hors des produits.
Moins de plomb
Par ailleurs, Ottawa veut restreindre la teneur en plomb dans certains produits, comme les jouets pour enfant de moins de trois ans, les embouts de certains équipements de sport, les suces, les tétines de biberon, et les embouts de gobelets. La teneur maximale de plomb dans ces objets est actuellement de 600 milligrammes par kilo, elle passera à 90 milligrammes par kilo, encore une fois à l'instar de l'Europe et des États-Unis.
Accueil prudent
Le groupe Option consommateurs, qui, comme d'autres groupes de pression, réclamait la mesure depuis des années, reste prudent devant l'annonce faite vendredi. « Il faut être certain que Santé Canada va avoir assez de fonctionnaires, d'inspecteurs qui vont être là, qui vont pouvoir vérifier que les produits respectent bien la nouvelle réglementation », prévient Danielle Charbonneau, coordonnatrice au dossier jouets chez Option consommateurs.
Avec les informations de La Presse canadienne