Québec refuse de témoigner

Prenez note que cet article publié en 2009 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le premier ministre Charest et sa ministre des Finances misent sur la commission parlementaire pour comprendre l'important écart de rendement entre la CDPQ et les autres fonds de retraite canadiens, mais ils refusent d'y participer.
Le premier ministre Jean Charest et la ministre Monique Jérôme-Forget ont commenté tour à tour les pertes de près de 40 milliards de dollars de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour l'année 2008.
Bien qu'il reconnaisse que les rendements de la CDPQ ont déjà été plus élevés, M. Charest s'explique mal les écarts actuels avec les autres fonds de retraite canadiens. « Il y a eu des pertes partout sur la planète, mais quand on compare la Caisse avec ses pairs, on constate que les résultats sont en deçà de ce que nous attendions », a-t-il dit.
De ce fait, M. Charest a souligné l'importance que les dirigeants de la Caisse rendent compte de leur gestion devant une commission parlementaire. Il s'est toutefois refusé à dire si des sanctions pourraient être prises contre certains gestionnaires, précisant seulement que des primes avaient été annulées.
Le premier ministre refuse de comparaître lui-même devant la commission. « On doit s'interroger sur les décisions prises. La Caisse de dépôt demeure une institution importante pour le Québec, ce n'est pas une raison pour faire de la politique sur le dos de la Caisse », a-t-il fait valoir.
Il s'est vivement défendu d'avoir influencé de quelque façon que ce soit les politiques de placement de la Caisse de dépôt. « Le rendement moyen de la Caisse de dépôt et placement depuis sa création est de 8,1 %. Le rendement moyen annuel de la Caisse pour la Régie des rentes du Québec depuis sa création est de 8,3 %. Est-ce que le gouvernement a demandé à la Caisse de ne faire que des rendements? La réponse, c'est non », a-t-il répondu sèchement à un journaliste.
Il justifiait ainsi sa décision de 2004 de modifier le mandat de l'institution pour qu'elle mise davantage sur le rendement et moins sur le développement économique du Québec.
Revoir la gestion du risque à la CDPQ
Plus tôt en matinée, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, avait préparé le terrain en disant qu'elle était très déçue des résultats. « C'était écrit dans le ciel que ces résultats seraient négatifs », a-t-elle déclaré.
Elle s'est dite troublée que les pertes soient plus élevées en moyenne de 6 % à 7 % que celles enregistrées par les gestionnaires de fonds comparables au Canada. Selon elle, cet écart nécessite des changements dans les pratiques de gestion du risque de la société d'État, dont l'actif a reculé de 25 % l'an dernier.
C'est le temps de revoir [...] la gestion du risque, tant au niveau du conseil d'administration qu'au niveau de la direction de la Caisse.
Sa priorité est d'ailleurs de nommer un nouveau président et des nouveaux membres du conseil d'administration pour qu'ils puissent, à leur tour, nommer un PDG dans les plus brefs délais. « Je dirais dans les jours qui viennent, les semaines qui viennent, mais certainement pas les mois qui viennent », a-t-elle précisé.
Mme Jérôme-Forget a confirmé la tenue d'une commission parlementaire extraordinaire « le plus rapidement possible » pour que les dirigeants viennent s'expliquer à l'Assemblée nationale. Il n'est toutefois pas question de commission d'enquête.
« Je pense que M. Perrault ou M. Brunet ou M. Rousseau [NDLR: président par intérim, président du CA et ex-président de la Caisse] vont devoir expliquer les résultats qu'ils ont eus », a déclaré Mme Jérôme-Forget. Henri-Paul Rousseau a déjà confirmé qu'il irait témoigner.
Finalement, la ministre des Finances a tenu à rassurer les citoyens en assurant que leurs fonds de retraite déposés à la Caisse ne sont pas menacés et que leurs prestations sont garanties.
Pas de hausses de cotisations dans les organismes publics
Dans un communiqué, la Régie des rentes affirme qu'elle n'est pas en danger et que « le rendement négatif du fonds n'affecte pas [...], à court terme, le taux de cotisation au Régime ».
De son côté, la Société d'assurance-automobile du Québec (SAAQ) a indiqué qu'elle n'imposera pas de nouvelles hausses de ses contributions à cause des piètres résultats de la Caisse. La SAAQ a déjà annoncé des hausses en 2008, 2009 et 2010.
Quant à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), qui anticipe pourtant un déficit en 2008, elle a indiqué que les résultats de la Caisse n'affecteront ni les taux de cotisation des employeurs ni les indemnités versées aux travailleurs.
Avec les informations de La Presse canadienne