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Québec n'avale pas la pilule

Radio-Canada

Le gouvernement Charest écarte la proposition de hausser la TVQ et dit qu'imposer une franchise aux patients est difficilement applicable. Ailleurs, les syndicats rejettent la proposition d'une plus grande ouverture au privé.

Québec a réagi au dépôt du rapport Castonguay sur le financement du système de santé en écartant certaines de ses principales recommandations.

Ainsi, le ministre de la Santé du Québec, Philippe Couillard, a immédiatement affirmé que Québec n'allait pas donner suite à la proposition d'augmenter la taxe de vente du Québec (TVQ). Pour le ministre, il n'est pas question d'augmenter le fardeau fiscal des Québécois.

Le ministre a aussi indiqué que la franchise que propose M. Castonguay était une idée intéressante, mais difficilement applicable. En plus, dit-il, il s'agit ni plus ni moins d'une augmentation du fardeau fiscal. M. Couillard soutient également que les expériences menées ailleurs dans le monde sur une telle mesure n'ont pas été concluantes. Il ajoute que ce genre de mesure favorise les exemptions, donc qu'il faut sans cesse augmenter la contribution individuelle, ce qui n'est pas une bonne idée.

En ce qui concerne la cotisation de 100 $ pour avoir un suivi dans une clinique familiale, M. Couillard dit être d'accord avec la formule, mais seulement si elle n'est pas une « condition pour consulter un médecin ». M. Couillard a tenu à préciser que cette proposition n'était pas une solution miracle. « Ce n'est pas 100 $ par année qui vont faire apparaître des centaines de médecins », a-t-il prévenu.

Au sujet de la mixité public-privé de la pratique médicale, M. Couillard a dit qu'il « est absurde de rejeter ce concept », mais qu'il n'est pas applicable actuellement au Québec. Il souligne qu'il n'y a pas assez de médecins en régions pour instaurer une telle formule sans affecter le service public.

Le ministre fait un peu le même constat avec la proposition d'ouvrir davantage le système de santé aux assurances privées. Selon M. Couillard, le pourcentage de Québécois qui pourraient éventuellement se payer de telles assurances est minime, donc la mesure aurait très peu d'effet.

Le ministre partage par ailleurs le constat de M. Castonguay que le système de santé n'est pas assez productif. Il se dit aussi d'accord avec le fait d'accorder plus d'autonomie aux régions et aux établissements locaux. Pour y parvenir, Québec va lancer un projet pilote dans trois régions. Le gouvernement enverra, avec l'enveloppe budgétaire, trois grands objectifs aux Centres de santé et de services sociaux (CSSS) respectifs, mais ce sont eux qui devront déterminer les moyens pour les atteindre. Québec espère ainsi rendre les régions plus autonomes.

Un constat lucide

L'Action démocratique du Québec (ADQ) a accueilli très favorablement le rapport Castonguay. Le porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, Éric Caire, soutient qu'il s'agit d'un « constat lucide et dur » de l'état du système de santé québécois.

L'ADQ salue surtout les recommandations de permettre la mixité public-privé dans le système, de favoriser une plus grande ouverture aux assurances privées, d'imposer une franchise aux patients et de transférer la gestion des hôpitaux publics au secteur privé.

L'opposition officielle émet cependant quelques bémols. Ainsi, elle s'oppose à l'augmentation de la TVQ. Selon M. Caire, les Québécois paient déjà suffisamment d'impôt et de toute façon, dit-il, la franchise imposée aux patients entraînera les rentrées d'argent nécessaires.

L'ADQ en a profité pour attaquer le gouvernement Charest. Ainsi, M. Caire a demandé à Québec de faire preuve de l'humilité et de l'ouverture d'esprit nécessaires pour accueillir le rapport, même s'il propose des changements auxquels Québec s'est opposé.

Une occasion ratée

Le Parti québécois a été le premier parti politique à réagir au rapport. Le porte-parole du parti en matière de santé, Bernard Drainville, croit que Québec a raté une belle occasion d'augmenter le financement en santé en refusant de récupérer la baisse de TPS de deux points de pourcentage d'Ottawa.

Selon lui, Québec devra maintenant donner des explications sur le fait qu'il n'a pas voulu récupérer la baisse de TPS alors que le rapport Castonguay suggère de hausser la TVQ et d'instaurer une franchise.

En ce qui concerne le rapport lui-même, M. Drainville dénonce notamment la recommandation d'ouvrir davantage la voie aux assurances privées en santé.

Mauvaise cible

Le parti Québec solidaire dit pour sa part que le rapport Castonguay n'apporte aucune solution valable pour régler les problèmes en santé, car il se concentre sur son financement et non sur son accessibilité.

Selon son porte-parole Amir Khadir, le rapport ne répond pas aux deux principaux problèmes du système de santé au Québec: soit comment faire pour désengorger les salles d'attente et comment trouver plus de médecins.

M. Khadir déplore le fait que le rapport ne met pas à contribution les grandes entreprises et les grandes banques pour améliorer le financement du système de santé qui se fera alors, dit-il, « sur le dos des contribuables moyens ».

Non à la taxe maladie

Les syndicats ont vivement réagi au rapport Castonguay.

D'ailleurs, avant même la présentation du rapport, un groupe de représentants syndicaux ont manifesté devant le centre des congrès de Québec pour dénoncer toute forme de privatisation du système de santé.

Les syndicats CSN, FTQ et CSQ s'inquiètent de certaines des conclusions du rapport sur la plus grande ouverture à donner au secteur privé. Selon eux, l'apport du privé n'est pas la solution aux problèmes du système de santé.

La CSN dit être satisfaite de la mise en place d'un fonds de stabilisation dédié à la santé, mais déplore le principe de l'utilisateur payeur tel que prôné par le rapport. Selon la centrale syndicale, Québec devrait plutôt récupérer la totalité du point de pourcentage de la taxe de vente que vient de délaisser le gouvernement du Canada.

Le syndicat rejette l'instauration d'un « ticket modérateur déguisé » sous la forme d'un système de franchise selon le nombre de visites chez le médecin et du revenu de l'utilisateur. Selon la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, cela constitue une brèche dans le principe de l'accès universel aux soins de santé.

La CSN dénonce aussi le fait que le rapport prône la mixité public-privé de la pratique médicale. Elle soutient que permettre aux médecins de travailler à la fois au public et au privé ne fera qu'accentuer la pénurie actuelle qui touche le réseau public.

Mme Carbonneau s'insurge également contre la proposition de recourir davantage aux assurances privées en santé et celle de donner la gestion des hôpitaux publics au privé.

De son côté, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec dénonce, elle aussi, le principe de franchise imposée aux patients. Selon sa porte-parole Lina Bonamie, il est injuste de pénaliser financièrement les personnes qui ont une santé plus fragile.

Le Conseil pour la protection des malades réserve aussi un accueil mitigé au rapport. Son président, Paul Brunet, s'oppose au fait de limiter les dépenses en santé selon les revenus de l'État, ce qui va, dit-il, à l'encontre de la loi sur l'assurance hospitalisation et la loi canadienne sur la santé.

Il est également contre l'imposition d'une franchise calculée en fonction du revenu d'un patient et du nombre de visites médicales. À l'instar de la CSN, il soutient que Québec aurait avantage à récupérer le point de pourcentage de la TVQ laissé par Ottawa pour amener de l'argent supplémentaire dans le réseau.

Parmi les bons points du rapport, M. Brunet salue principalement l'idée d'encourager le développement de cliniques privées de première ligne.

De son côté, l'Association médicale du Québec a réagi favorablement au rapport Castonguay. Selon l'Association, le statu quo n'est plus possible et il faut maintenant trouver de nouvelles façons de financer et d'assurer les services en santé.

La Fédération des médecins omnipraticiens juge intéressantes certaines idées du rapport, notamment le principe que chaque personne puisse avoir accès à un médecin de famille. Selon le président, Louis Godin, la suggestion de faire payer une cotisation annuelle de 100 $ aux patients inscrits à une clinique de médecine familiale est une piste de solution intéressante pour assurer un meilleur service de première ligne.

Avec les informations de La Presse canadienne

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