Béchard réclame des explications
À quelques jours des vacances de la construction, le ministre somme les compagnies pétrolières de justifier la nouvelle hausse du prix de l'essence, qui a fait un bond de 12 cents le litre depuis lundi dans la région de Montréal.
Après quelques semaines d'accalmie, les prix de l'essence à la pompe ont recommencé à augmenter mardi à plusieurs endroits du Québec.
Dans la région de Montréal, la plupart des stations-service offrent l'essence ordinaire à 1,15 $ le litre, ce qui constitue une hausse moyenne de 12 ¢ par rapport au prix de la veille.
Dans d'autres régions du Québec, des stations-service vendaient mardi matin leur litre d'essence ordinaire 1,17 $. Dans la ville de Québec, le prix du litre affichait 1,14 $.
Les pétrolières vendaient depuis trois semaines l'essence à un prix inférieur au prix coûtant en raison d'une guerre de prix dans la région de Montréal.
Le ministre québécois des Ressources naturelles, Claude Béchard, somme les compagnies pétrolières de justifier cette nouvelle hausse du prix de l'essence.
Selon lui, les principaux indicateurs n'ont pas bougé et ne semblent pas justifier cette augmentation. Le ministre Béchard donne 24 heures aux compagnies pour expliquer leur décision par écrit.
Il y a quelques semaines, le gouvernement du Québec a adopté des mesures pour amener les compagnies pétrolières à faire preuve de plus de transparence dans leurs politiques de prix à la pompe.
Une question d'offre et de demande
Mais selon Jean-Thomas Bernard, titulaire de la Chaire en économique de l'énergie électrique GREEN à l'Université Laval, cette augmentation est due essentiellement à la pression de la demande mondiale.
« Le prix du brut était à la baisse depuis un peu plus d'un mois aux États-Unis, mais hier [lundi], le prix a recommencé à grimper. Le baril de pétrole se vend actuellement sur le marché américain 72 $US, c'est très élevé. La demande est forte partout, mais les producteurs de pétrole produisent déjà à pleine capacité partout sur la planète et ils arrivent à peine à suffire à la demande. Celle-ci devrait d'ailleurs augmenter de 2 % annuellement au cours des prochaines années », a expliqué Jean-Thomas Bernard joint par Radio-canada.ca.
Selon lui, la seule raison que peuvent invoquer les pétrolières pour justifier cette augmentation du prix à la pompe, c'est la pression de l'offre et la demande. « On peut difficilement aller contre le marché », a dit Jean-Thomas Bernard.
Légende urbaine: le prix de l'essence et les longs congés
L'augmentation de mardi matin survient trois jours avant le début des traditionnelles vacances de la construction au Québec, au cours desquelles des milliers de personnes de plus qu'à l'habitude se déplaceront sur les routes.
Cette coïncidence relevée périodiquement par les médias n'est en fait que « légende urbaine », affirme le professeur Bernard.
« En fait, toutes les études réalisées sur la question n'ont pas trouvé de corrélations entre l'augmentation des prix de l'essence et les longs congés. »
« Il est cependant normal de voir les prix augmenter durant les mois d'été parce que la demande est plus forte pour diverses raisons, notamment parce qu'il fait beau et qu'on voyage davantage sur les routes », explique M. Bernard.
Trop de petits détaillants
Jean-Thomas Bernard tient à préciser cependant qu'il y a trop de petites stations d'essence au Québec, ce qui contribue à la variation instable des prix selon les régions. Une situation qui donne l'impression que les prix à la pompe sont volatiles. « Il est inévitable que le nombre de stations-service diminue à moyen terme », explique Jean-Thomas Bernard.
Selon lui, la nouvelle taxe verte imposée par Québec et l'augmentation du prix du raffinage vont de toute façon finir par avoir gain de cause sur ces petits détaillants qui n'arriveront plus à faire des profits.