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L'opposition indignée

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2007 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

En réaction aux dépenses excessives du lieutenant-gouverneur, le Bloc québécois attaque la prétention des conservateurs à prêcher la responsabilité à la Chambre des communes.

À la Chambre des communes, les réactions sur les dépenses douteuses du lieutenant-gouverneur Lise Thibault, révélées vendredi par le Journal de Montréal, n'ont pas tardé.

Énumérant les excès du compte de dépenses de Mme Thibault, Thierry St-Cyr, député du Bloc québécois, a questionné le ministre des Transports, Lawrence Cannon. « La culture du tout m'est dû sévit encore au gouvernement fédéral [...] Il y a eu réclamations pour un voyage de pêche où même les vers de terre ont été payés par les contribuables! 59 000 $ pour un garden party! Comment ce gouvernement, qui prétend prêcher la responsabilité, peut-il tolérer que certaines institutions de l'État n'aient pas à rendre de compte? » Le ministre a répondu que le gouvernement regardait ces dépenses « avec un oeil assez critique ».

M. St-Cyr s'est ensuite attaqué à Beverly Oda, ministre du Patrimoine canadien. « Depuis 2004, a-t-il dit, Patrimoine canadien n'exige même plus de factures du lieutenant-gouverneur et verse, bon an mal an, 150 000 $ à celle dont chaque geste nous rappelle l'inutilité de cette fonction. Comment ce gouvernement [...] peut-il tolérer un seul instant un tel laxisme? »

Mme Oda s'est contentée de rappeler que sous l'ancien gouvernement libéral, « il n'y avait aucune comptabilisation des dépenses de fonds publics ». Elle a ajouté que le gouvernement allait s'assurer « que chaque dépense de l'argent des contribuables est justifiée ».

Vie de reine aux frais des contribuables

Des documents obtenus par le Journal de Montréal montrent que le lieutenant-gouverneur du Québec, Lise Thibault, ne s'est pas privée ces dernières années.

Les documents font état de remboursements pour plusieurs dépenses dont Mme Thibault refuse de donner les détails, car elle en considère certaines comme « personnelles ».

Par exemple, le lieutenant-gouverneur a demandé d'être remboursée pour des factures de restaurants simultanées dans trois régions éloignées les unes des autres.

Les fonctionnaires du ministère du Patrimoine canadien identifient, les 21 et 23 février 2000, des reçus de carte de crédit signés « Lise Thibault » pour un restaurant à Lafontaine (Laurentides) et un autre à Sainte-Foy (région de Québec), à près de 300 km de distance. Au même moment, « Mme Thibault est au mont Sainte-Anne du 21 au 23 février et réclame des frais de restaurant », s'étonnent-ils.

Mme Thibault demande également que les contribuables la remboursent pour un souper qu'elle a pris avec des amis, rapporte le Journal de Montréal.

Autre exemple: les vérificateurs du gouvernement fédéral ont remarqué que Mme Thibault avait soumis une dépense de 266,36 $ pour un repas dans un restaurant de Sainte-Foy le 24 avril 2002. Or, Mme Thibeault facturait aussi aux contribuables des frais de 286,21 $ pour quatre repas pris le même jour à l'hôtel Reine-Elizabeth de Montréal.

Signature ou pas, vous payez

Les fonctionnaires notent même régulièrement qu'il n'y a « aucune signature ou signature de différentes personnes » sur les relevés de transactions de trois cartes de crédit distinctes, toutes au nom de Lise Thibault. Ottawa a quand même remboursé toutes ces dépenses, rapporte le quotidien montréalais, qui fonde ses informations sur quelque 2000 pages obtenues en vertu de la Loi d'accès à l'information.

Quelques exemples de commentaires de fonctionnaires

Aucun compte à rendre

Par ailleurs, en mai 2002, une fonctionnaire se désole de ne pouvoir obtenir une liste des récipiendaires de coûteuses pièces de collection achetées à la Monnaie royale canadienne - dont une pièce en or 22K, achetée à un seul exemplaire au prix de 425 $.

« Il y a déjà trois fois que nous demandons cette information sans obtenir de réponse. » Mme Thibault prétexte que c'est « personnel », indique une fonctionnaire dans un courriel à un collègue.

Le lieutenant-gouverneur a refusé de répondre à toute question sur ses dépenses. Son bureau a envoyé les questions que lui a soumises le Journal de Montréal à son chef de cabinet, qui ne revient au travail que la semaine prochaine.

Dans le passé, Mme Thibault a toujours affirmé n'avoir aucun compte à rendre à qui que ce soit sur ses dépenses.

Informations déformées, selon Lise Thibault

Dans un communiqué, le lieutenant-gouverneur se dit attristée du traitement réservé à son rôle et à sa fonction et qualifie de déformées les informations publiées dans certains médias.

« Depuis ma nomination, j'agis de manière responsable et rigoureuse en utilisant les fonds publics mis à ma disposition de manière appropriée », déclare-t-elle.

Elle tient à affirmer que l'allocation de fonction et le budget d'opération dont elle dispose afin de remplir son rôle sont utilisés de façon conforme et justifiée, dans le respect des règles administratives établies. Toute autre insinuation, selon elle, relève d'un procès d'intention extrêmement blessant.

Représentante de la reine

À titre de représentante de la reine d'Angleterre, le lieutenant-gouverneur assure une fonction protocolaire et prestigieuse avant tout. Nommée par Ottawa, elle doit notamment confirmer dans leurs fonctions les membres du Conseil des ministres et leur faire prêter serment de discrétion et d'office. Elle est également responsable de l'ouverture et de la prorogation des sessions de l'Assemblée nationale. Aucun projet de loi ne devient une loi si elle ne l'a d'abord sanctionné.

En vertu de son titre, elle n'a effectivement aucun compte à rendre sur plus de 1 million de dollars que lui versent les contribuables québécois et canadiens. Mme Thibault reçoit 858 000 $ chaque année du gouvernement du Québec, qui ne lui demande pas de justifier ses dépenses, sous prétexte qu'elle est chef de l'État.

Depuis 2004, elle touche aussi la somme annuelle de 147 000 $ du ministère du Patrimoine canadien, à propos de laquelle elle n'est tenue de fournir qu'un résumé d'une page à la fin de chaque année.

Contrairement à elle, la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, doit rendre des comptes sur son budget de 19,5 millions de dollars.

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