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La Chambre reconnaît la nation québécoise

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2006 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Par une grande majorité, les Communes adoptent la motion du premier ministre Stephen Harper, qui reconnaît que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.

Les Québécois forment une nation.

Ainsi en ont décidé les parlementaires canadiens, lundi soir, en adoptant la motion présentée par le premier ministre Stephen Harper, qui reconnaît que « les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni ».

Après une semaine de débats passionnés et de revirements politiques du Bloc québécois, les députés des Communes ont adopté la motion à 266 voix contre 16.

Outre l'indépendant Garth Turner, les 15 députés qui se sont prononcés contre la motion étaient des libéraux. Parmi eux, deux sont dans la course pour succéder à Paul Martin à la tête du parti. Ken Dryden et Joe Volpe, dont les chances d'être élus samedi prochain sont minces, ont refusé d'appuyer la motion.

Plusieurs autres libéraux qui ne siègent pas aux Communes ont également marqué leur désaccord. Gerard Kennedy, troisième en nombre de délégués qui l'appuient au congrès, a jugé que la motion était une source de divisions.

Quant à Bob Rae, second dans la course, il s'est montré tiède, et a dit que s'il avait été premier ministre, il aurait fait rejeter la motion du Bloc québécois sans en proposer une autre, comme l'a fait Stephen Harper mercredi dernier.

La motion que le Bloc québécois a déposée jeudi et qui stipulait plus simplement que « les Québécois forment une nation », a pour sa part été rejetée à 233 contre 48 voix. Seuls les députés bloquistes ont voté pour.

Québec ravi

Dans un communiqué publié en soirée, le gouvernement Charest a salué l'adoption de la motion. Celle-ci « constitue un geste d'ouverture important à l'endroit des Québécoises et des Québécois », d'autant plus que tous les chefs de parti l'ont appuyée.

Selon le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, il s'agit là d'une avancée importante, qui s'accorde avec le fédéralisme canadien.

« En adoptant cette motion, la Chambre des communes a non seulement reconnu l'importance politique et sociologique de la nation québécoise au sein du Canada, mais aussi sa contribution historique à la définition même de ce pays », soutient-il.

Le ministre Pelletier rappelle que l'existence de la nation québécoise fait l'objet d'un consensus depuis longtemps. Cette nation, précise-t-il, est moderne, inclusive et rassembleuse.

Chong démissionne

Tout juste avant la tenue du vote, le premier ministre Stephen Harper a nommé le député Peter Van Loan ministre des Affaires intergouvernementales.

C'est que plus tôt lundi, Michael Chong, l'ancien ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, ministre des Sports et président du Conseil privé, a remis sa démission du cabinet Harper, en raison de la résolution sur la nation québécoise.

M. Chong représente la circonscription de Wellington-Halton Hills, en Ontario. Il a expliqué qu'il quittait son poste de ministre afin de pouvoir s'abstenir de voter sur la motion. Il conserve toutefois son siège de député conservateur.

En conférence de presse, il a justifié son geste en disant qu'il s'agissait d'une question de principe. « Je crois dans une nation indivisible. Ma loyauté va à ma nation, le Canada », a-t-il indiqué.

Selon lui, les souverainistes n'hésiteront pas à utiliser l'argument fourni par Ottawa. Ils diront que si les Québécois forment une nation dans le Canada, ils en forment une sans le Canada.

M. Chong a tenu à faire la distinction entre deux nationalismes. Reconnaître les Québécois comme nation serait une forme de « nationalisme ethnique », qui se réfère à un groupe de personnes en particulier. Il prône plutôt un « nationalisme civique, pour tous les citoyens du pays ».

Même s'il s'est dit convaincu que « le fait français est unique au Canada et qu'il faut en assurer la survie et l'épanouissement », le député ontarien a semblé mal à l'aise quand on lui a demandé de définir ce qu'était un Québécois. Farouche partisan du bilinguisme et du multiculturalisme, il a seulement répété qu'il s'opposait à une motion entérinant un nationalisme non inclusif.

Il a pris sa décision de quitter le Cabinet lundi matin. Puisque la discipline de parti sera imposée aux ministres, aux secrétaires parlementaires et aux députés conservateurs lors du vote, M. Chong s'abstiendra afin de ne pas perdre son poste.

Il a tenu à préciser qu'il appuyait par ailleurs toutes les autres politiques économiques, environnementales et judiciaires du Parti conservateur du Canada.

Les Québécois pas tous Québécois

Quelques minutes après la conférence de presse de M. Chong, le ministre des Transports et des Collectivités, Lawrence Cannon, est apparu à la tribune du Parlement pour faire le point. Il a précisé que le Parti conservateur était toujours uni, qu'aucune dissension n'y régnait.

Toutefois, il a semblé confus au moment d'expliquer la réelle portée du terme Québécois utilisé dans la motion. Il a fait référence à Samuel de Champlain et aux premiers colons français arrivés au Québec.

Après qu'une journaliste lui eut demandé pourquoi la version anglaise de la motion conservatrice utilisait le terme Québécois, et non Quebecker, M. Cannon a dit: « On ne veut pas forcer quelqu'un qui ne se sent pas Québécois à adopter cette identité ».

Il croit néanmoins que la motion est une proposition de « réconciliation ».

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