« Un à-plat-ventrisme qui ne mène nulle part »
Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, s'insurge contre des accommodements récemment consentis à des groupes religieux et qu'il juge abusifs. Il ne faut pas, dit-il, confondre le respect des autres avec le fait de s'effacer soi-même.
Le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, fait une sortie en règle contre des accommodements récemment consentis à des groupes religieux, qu'il juge abusifs.
En entrevue à Radio-Canada, M. Dumont a estimé que la gestion de dossiers délicats survenus récemment donnait lieu à une confusion entre le respect des autres et le fait de s'effacer soi-même.
« Avant de savoir si les gens de la Saskatchewan reconnaissent la nation du Québec, je serais assez fier que le Québec se comporte comme une nation, [qu'on soit] capable d'affirmer ce qu'on est, capable d'affirmer un certain nombre de principes de société qu'on a établis », a-t-il lancé.
L'actualité des derniers jours est truffée d'histoires dans lesquelles les accommodements trouvés ou envisagés ont été décriés, qu'il s'agisse des relations de la communauté juive hassidique avec le centre sportif du YMCA ou des policières de Montréal.
En faisant sa sortie dans un quotidien montréalais, M. Dumont commentait spécifiquement le cas d'un homme à qui un CLSC de la métropole a refusé d'assister à des cours prénataux, question de ne pas froisser des femmes musulmanes, hindoues ou sikhes.
Selon M. Dumont, les accommodements déraisonnables ne font que créer des problèmes de société. L'absence de principes directeurs, affirme-t-il, ne peut que mener à l'anarchie.
Le chef de l'ADQ souligne que le Québec est une société accueillante pour les immigrants, puisque ces derniers reçoivent d'entrée de jeu une carte d'assurance-maladie et ont accès aux services.
« L'égalité des droits, on l'a, et il faut s'en féliciter. [...] Mais il y a une nuance entre ça, et s'effacer soi-même et dire que la majorité n'a plus le droit d'exister, d'avoir ses traditions, d'avoir ses façons de faire. Ça, pour moi, c'est un à-plat-ventrisme qui ne mène nulle part », déplore-t-il.
Selon M. Dumont, les accommodements abusifs constituent en outre un manque de respect envers les milliers d'immigrants qui ont réussi à s'intégrer à la société québécoise tout en conservant leurs valeurs dans leur vie privée.
Les politiciens rappelés à leurs devoirs
Le chef du Parti québécois, André Boisclair, estime qu'il revient aux politiciens de rappeler aux immigrants que certains aspects de la vie en société sont non-négociables.
Il souligne à cet effet que la liberté d'expression, la démocratie, l'égalité entre les hommes et les femmes et la volonté de vivre en français, par exemple, sont au nombre des principes fondamentaux de la société québécoise.
Le député Stéphane Dion, candidat à la direction du Parti libéral du Canada, juge quant à lui qu'il est juste d'aider les immigrants à s'intégrer en tenant compte de leur sensibilité, mais pas au prix d'une remise en question du caractère séculier des institutions du pays.
À titre d'exemple, il qualifie de « déraisonnable » le fait d'interdire à certaines heures les bains mixtes dans les piscines publiques pour accommoder des gens de religion musulmane, ou alors de se plier aux souhaits de juifs hassidiques qui refusent de traiter avec des policières.
Les gens originaires de pays à tendance théocratique doivent comprendre que le Canada a fait le choix de la laïcité, conclut-il.