Assouplissement majeur
Le ministre de la Sécurité publique Stockwell Day propose un décret exemptant les chasseurs de l'obligation d'enregistrer leurs armes. Le Québec et l'Ontario veulent faire reculer Ottawa.
C'était attendu, c'est maintenant chose faite: les chasseurs canadiens n'auront plus l'obligation d'enregistrer leurs armes.
Il s'agit d'une des mesures visant à assouplir le registre national des armes à feu, annoncées mercredi par le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day.
Ottawa prévoit également de rembourser les frais de renouvellement de permis pour les propriétaires d'armes de chasse, d'éliminer la vérification des armes à feu sans restriction et d'introduire une amnistie d'un an pour protéger de toute poursuite les propriétaires d'armes à feu sans restriction.
Le gouvernement transféra également la gestion du registre, présentement sous la responsabilité du Centre canadien des armes à feu, à la Gendarmerie royale du Canada. Le centre verra d'ailleurs son budget réduit de 10 millions, qui seront réinvestis pour combattre le crime.
« Notre gouvernement refuse de subventionner un programme inefficace, a dit M. Day. Au contraire, nous préférons investir nos ressources pour protéger les familles canadiennes et leurs communautés en mettant en place un système qui réduira les crimes commis avec des armes de poing. »
Le Québec et l'Ontario veulent faire reculer Ottawa
Le ministre québécois de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, et le Procureur général de l'Ontario, Michael Bryant, ont tous deux exprimé leur désaccord face à l'assouplissement prôné par Ottawa. Ils ont convenu d'unir leurs efforts pour convaincre le gouvernement conservateur de maintenir les règles actuelles.
Selon M. Dupuis, le registre national est un outil « utile » et « efficace », consulté régulièrement par les policiers du Québec.
Disant prendre acte du fait que le gouvernement Harper entend « consulter les provinces avant de déposer les modifications législatives », M. Dupuis a assuré que le gouvernement Charest « effectuerait des représentations très claires » pour le maintien du registre. Jacques Dupuis a toutefois refusé de s'associer à une motion en ce sens que le Parti québécois voulait faire adopter.
Pour sa part, la Coalition pour le contrôle des armes à feu a qualifié d'« incompréhensible » la décision de soustraire les armes de chasse du registre des armes à feu. La plupart des policiers tués par balle ces dernières années, rappelle la Coalition, l'ont été par une arme de chasse, comme dans le cas de la policière lavalloise Valérie Gignac, abattue en décembre dernier.
Dans l'immense majorité des cas de violence au pays concernant une arme à feu, c'est en outre ce type d'arme qui a été utilisée. La Coalition fait aussi valoir que 16 000 Canadiens se sont vu refuser un permis d'acquisition d'une arme de chasse ou ont vu leur permis révoqué parce qu'on les considérait dangereux.
Les associations policières et les familles de victimes défendent aussi farouchement le bien-fondé du registre des armes à feu. Selon les forces de l'ordre, cette banque d'information est consultée près de 5000 fois par jour.
Les trois partis d'opposition continuent également d'appuyer le registre des armes à feu, malgré ses ratés récemment mis au jour et son coût total de près de 1 milliard de dollars.
De leur côté, les amateurs de chasse, qui se plaignaient d'être tenus responsables du crime urbain, se sont évidemment réjouis de la décision du gouvernement Harper.